Pour José Moirt, de 100 Citoyens : “Cette guerre aura des conséquences catastrophiques pour Maurice. Je crains que les étagères de supermarchés ne soient vides dans les prochaines semaines.”
Stephan Gua, de Rezistans ek alternativ, abonde dans le même sens. “Le risque de pénurie est imminent.” Il rappelle que c’est ce qui s’était passé en 2008 “quand il y avait cette fausse crise alimentaire. De gros exportateurs avaient bloqué leurs exportations par crainte qu’ils ne soient eux-même face à une pénurie. Là, nous pouvons nous attendre à ce qu’il y ait une pénurie au niveau mondial.”
Augmentations à gogo.
Pour lui, certains pays peuvent tout aussi préférer exporter à de plus grands marchés que le nôtre. “À titre d’exemple, la Russie exportait du gaz naturel en Europe à hauteur de 40 % du marché. Ces pays qui n’importent plus depuis la Russie depuis le début du conflit vont devoir trouver d’autres sources. S’ils se tournent vers les pays dont on exporte nous -même, nous ne pèseront pas bien lourds. Ça s’applique pour les produits alimentaire également tels que le blé et le maïs, dont les deux pays en guerre sont de gros producteurs.”
Les prix de certains produits continueront à monter en flèche. La flambé du prix du blé en Europe laisse présager une augmentation de beaucoup de produits.
Stéphan Gua fait ressortir que la hausse des prix paraît inévitable également pour les produits pétroliers dont la Russie est un gros producteur. La récente hausse de l’essence et du diésel, qui n’avait rien à avoir avec le conflit, devrait se renouveler incessamment, surtout si le conflit dure plus longtemps.
“Les deux pays en guerre sont de gros producteurs et exportateurs de matières premières. Par exemple, l’Ukraine est un gros producteur de maïs qu’on utilise ici pour la consommation à la fois pour l’humain et les animaux. Sans compter son utilisation dans la production de biofuel. Les prix risquent de monter. Il ne pas faut pas non plus oublier que nous sommes déjà en crise. En raison de la Covid-19, les prix de beaucoup de denrées avaient déjà pris l’ascenseur.”
La reprise de l’économie perturbée.
Jayen Chellum, secrétaire-général de l’Association des Consommateurs de l’Île Maurice (ACIM), est d’avis que la reprise de l’économie risque d’être perturbée. “Alors qu’il a déjà défoncé le plafond, le coût du fret va certainement encore augmenter. Le tourisme risque aussi d’être affecté, notamment en raison de l’augmentation des billets d’avions.” Il pense que les sanctions imposées sur la Russie risquent d’avoir un effet boomerang. “À savoir que la Russie n’a pas encore annoncé comment elle contrera les sanctions imposées contre elle.”
Par ailleurs, la dévaluation volontaire de la roupie, pourrait se révéler être un problème, surtout si le dollar apprécie. Le coût des matières premières et des produits importés risque de monter en flèche.
Pour répondre à la situation José Moirt est d’avis que le gouvernement doit s’assurer qu’il y ait une réserve de produits alimentaires pour les mois à venir. “Les autorités doivent réfléchir d’où en importer et garantir une réserve de nourriture pour les 3 à 6 mois à venir.” Pour Stéphan Gua, : “Madagascar est un gros producteur, nous devrions nous tourner d’avantage vers lui.”
Sur un autre plan, le membre de Rezistans ek alternativ met l’accent sur la nécessité que Maurice soit doté d’une flotte maritime pour la pêche.
“Notre modèle de Seafood hub n’est pas bon. Au lieu de donner des contrats à d’autres pays pour pêcher dans nos eaux, nous devrions plus que jamais favoriser le prélèvement de poissons nous-même. Il faut aussi qu’on revoit la question des terres. Nous ne pouvons plus uniquement créer des projets IRS, il faut privilégier la production de nourriture. Cela nous permettrait de nous assurer d’avoir une sécurité alimentaire dans ce genre de situation. Avec une crise du pétrole qui nous pend au nez, il nous faut également plus que jamais accélérer les manoeuvres vers les énergies renouvelables.”