Le stress est à son comble pour bien des commerçants actuellement. Avec la situation sanitaire et la flambée des prix, la vente n’est pas exactement à son paroxysme comme à l’accoutumée. Foule il y a, observe-t-on, mais le public ne se déplace pas forcément pour faire des achats. Pas comme avant du moins. Il semble que les habitudes sont perturbées provoquant une chute dans les ventes pour les commerçants ou du moins une projection de vente bien moindre que les autres années. “La Covid a tout bouleversé, les gens sont plus sélectifs” soutient Alain Fok Chak, marketing manager chez Chong & Sons.
Ventes déséquilibrées.
Les deux premières semaines de décembre ont été vécues différemment pas nos interlocuteurs. Certains remarquent que les ventes ont débuté plus tôt que d’habitude. “Auparavant les ventes étaient surtout à l’approche de Noël. Nous remarquons que ça a commencé un peu avant, c’est un peu déséquilibré”, souligne Giovanni Paul, directeur général des magasins Liquid. Dominique Filleul, directeur général de City Sports, voit se développer une tendance différente cette année. “Les journées ne sont pas du tout les mêmes que les autres années. Il y a peu de personnes mais en même temps les affaires ne sont pas si mauvaises. Nous avons pu renouveler nos stocks par rapport à d’autres.”
Chez Chong & Sons, on remarque une certaine tendance par rapport aux jeux surtout. “Beaucoup ont déjà fait des achats concernant une gamme de jouets. Ils n’ont pas attendu la dernière minute. On peut dire qu’il n’y aura pas de frénésie d’achats chez nous contrairement aux autres années. Les gens ne veulent pas être dans le rush.”
Certains marchands désespèrent.
D’autre part, il y a ceux qui ne voient pas les clients venir à leur plus grand désespoir. Annaelle Lajoie, qui tient un stand de vêtements, de chaussures et de savates pour dames dans Le Workshop à Port-Louis, réfléchit déjà sur l’avenir de son commerce. “Les clients visitent mais n’achètent pas. Ils ne prennent que le nécessaire. C’est lié à l’augmentation des prix.” Une situation qui la désespère, elle confie n’avoir pu payer le loyer de son stand ses trois derniers mois. “Je n’ai même pas pu faire des ventes à hauteur du prix de location du magasin. Si ça continue, je songe sérieusement rendre l’emplacement et trouver une autre façon de travailler. Peut-être en me concentrant sur la vente en ligne.”
Dans les magasins Liquid, la vente en ligne est déjà utilisée comme stratégie pour contourner l’aversion du public à se retrouver dans les foules. “Il faut s’adapter. Je dois dire que ça permet aux gens qui ne veulent pas se déplacer de profiter de nos produits”, souligne Giovanni Paul. Ce dernier signale également que sa compagnie s’est adaptée à la situation en modifiant sa stratégie. “Nous sommes entrés dans un système plus spécifique. On ne met plus en vente tout ce qui est superflu. On mesure plus ce qu’on fait, on sait qu’on a pas droit à l’erreur si on veut pouvoir soutenir tous les emplois.” Niveau stratégie, City Sports s’est aussi adapté à la situation en “proposant des produits nouveaux. On a adapté notre offre.”
Semaine déterminante.
Aucun des commerçants que nous avons contactés ne sait réellement de quoi les deux dernières semaines de décembre seront faites. Giovanni Paul et Dominique Filleul pensent que les quelques jours avant la Noël seront “déterminants.” “Peut-être qu’on pourra faire quelques ventes, c’est du moins ce que j’espère de tout cœur”, dit, pour sa part, Annaelle Lajoie. “J’aurais du mal à faire des prévisions, je peux seulement souhaiter que les ventes ne soient pas trop mal”, dit Alain Fok Chak.