Économie : Les parents craignent pour l’avenir de leurs enfants

Entre la guerre en Ukraine qui a provoqué une vague d’augmentations et la pandémie de Covid-19 le pays évolue dans une atmosphère tendue et le climat est loin d’être réjouissant. Tout cela amène de nombreux parents à beaucoup s’inquiéter pour l’avenir de leurs enfants.

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“Lavenir pou bann zanfan, li bien difisil dan nou pei”, dit Ashley Beeharry, 30 ans, maintenance officer. Ce père d’une fillette de deux ans se dit très inquiet pour sa fille. “La vie devient de plus en chère, je ne sais pas comment ma fille pourra s’en sortir quand elle deviendra adulte.” Ce dernier avoue d’ailleurs qu’il songe sérieusement à émigrer si l’occasion se présente. “C’est la seule solution. À Maurice, je ne vois pas d’avenir pour ma fille.”

À contrario, Sandini Murugan Hurrypal, 34 ans, trouve elle que les difficultés seront les mêmes à Maurice ou ailleurs. “Le monde entier subit ce changement, je ne pense pas que l’avenir sera plus brillant pour mes enfants ailleurs.” Cette dernière a deux filles dont une qui en fauteuil roulant.

Comme nombre de parents, elle craint que sa progéniture ne trouve pas d’emploi plus tard. La baby-sitter de profession n’exclut pas que sa fille doive plus tard faire un travail “d’homme comme ‘mont lor kolonn’. Déjà que beaucoup de jeunes diplômés ‘pe asiz lakaz, plitar pou pli pir’. J’ai très peur pour ma deuxième fille qui est handicapée. Quand je ne serais plus là, j’espère que sa soeur pourra s’occuper d’elle.”

Keith Joan Oclou, 35 ans, divorcée et mère d’un garçonnet de 4 ans, partage la même frayeur. “J’ai peur que mon fils ne trouve pas un travail plus tard et un toit sur sa tête. Déjà qu’actuellement c’est difficile pour nous, je me demande comment mon fils pourra gérer cela pus tard quand ce sera encore plus compliqué.”

Situation dramatique.

Keith Joan Oclou confie avoir dû considérablement augmenter le budget dédié à son fils suite aux nombreuses augmentations survenues récemment. “Un yaourt à boire coûte désormais Rs 25, vous imaginez ? Et ces augmentations touchent pratiquement tous les produits dont j’ai besoin pour lui.” De la même manière, Ashley Beeharry soutient être conscient qu’il ne peut envisager d’avoir un deuxième enfant. “Comment est-ce que je vais subvenir à ses besoins ? Ce serait très égoïste de ma part d’avoir un deuxième enfant et le faire vivre dans la misère.”

Mise à part la cherté de la vie et les risques accrues de maladies, Ashley Beeharry est d’avis que le pays est en proie à une situation dramatique au niveau de la toxicomanie. “En tant que parents, vous pouvez prendre toutes les précautions pour protéger vos enfants mais la drogue est disponible trop facilement. Si votre enfant succombe à son appel, vous ne pourrez rien y faire.”

“Notre pays n’est plus ce qu’il était”

Sandini Murugan Hurrypal est d’avis que les adultes de demain risquent de ne pas avoir les mêmes rapports qu’elle avec leurs aînés. “Oui il y a la Covid, la guerre, la cherté de la vie, mais il y aussi ce changement dans la société qui fait que beaucoup de gens deviennent individualistes. Je ne sais pas ce qui provoque cela mais les enfants ont de moins en moins de respect pour leurs parents en grandissant. Cela me fait peur, je ne sait pas dans quel monde mes enfants vivront plus tard.” 

La crainte d’un état policier

D’autres expriment leurs craintes quant à la situation politique et sociale du pays. Akbar (47 ans, pêcheur et père de 3 enfants) et Luxmee (58 ans, mère de 2 enfants et femme au foyer) ont peur eux que le pays ne dérive loin de la démocratie. Ils redoutent surtout que ce ne soient leurs enfants qui en payent les conséquences plus tard. “À plusieurs reprises, j’ai remarqué que la police semble procéder à des tentatives d’intimidations. J’ai peur qu’un jour, mes enfants ne puissent plus jouir de la liberté à laquelle nous avons eu droit toutes ces années. Je ne veux pas que mes enfants vivent dans une dictature, un pays où leurs droits fondamentaux sont bafoués”, explique le pêcheur. “Je trouve effrayant la façon de faire des politiciens au pouvoir. L’arrogance dont certains font preuve me fait craindre pour l’avenir de mes enfants. J’ai l’impression que le peuple n’a pas le droit de dire quand il souffre. Notre pays n’est plus ce qu’il était”, renchérit Luxmee.

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