Jessie Gooriah, connue comme Jessie Jess, présente, du 3 au 19 avril sa première exposition solo, Déchirure et Réconciliation, à Lakaz Flanbwayan, Médina. Elle coupe, déchire, remix, tord, replie et colle ensemble des feuilles de vieux magazines pour créer ses tableaux. L’art lui a permis de se sortir de situations difficiles et compliquées, mais surtout de se réconcilier avec la vie.
C.L.
Avec la flambée des prix des matériaux sur le marché, Jessie Gooriah a commencé à expérimenter avec des piles de papiers. Une nouvelle technique s’est développée de manière inattendue. Ce fut le déclic qu’il lui fallait pour avancer vers son projet d’exposition en solo, longtemps freiné par la pandémie de la Covid-19. “Dans tout ce processus de création, la plus grande partie est les émotions avec la technique et la façon dont ces papiers ont été coupés, déchirés, pliés ou tordus pour créer une texture, des valeurs et des formes représentant un essaim des couleurs”, fait-elle ressortir en présentant son projet.
L’impact de la Covid-19, les drames occasionnés par cette pandémie, les restrictions asphyxiantes, la frustration des uns et des autres… Jessie Gooriah s’est attelé à assembler et coller tous ces ressentis sur toiles. Entre déchirure et réconciliation, “est ma façon de montrer comment cette réalité nous a déchirés, toutes les choses auxquelles nous avons eues à faire face. Mais aussi comment on s’est reconstruit dans ce « new normal”. Travailler sur cette exposition a été une thérapie pour l’artiste. La mère de famille avoue avoir eu à faire face à beaucoup d’épreuves ces dernières années. “J’étais perdue par rapport à tout ce qui se passait dans ma vie. Déchirures et Réconciliation me permet de me retrouver et me réconcilier avec moi-même. C’est aussi une occasion de me relancer et d’enfin me dévoiler.”
Elle a toujours été très soucieuse sur les souffrances sociales, le féminisme et les enjeux culturels. Des enjeux que l’enseignante au secondaire a été en mesure de dévoiler lors de quelques expositions collectives, notamment au Caudan Arts Centre, à la National Art Gallery, au Phoenix Hub et l’Appravassi Ghat. Au cours des années, le style de Jessie Gooriah a évolué de la peinture traditionnelle au pointillisme (technique de peinture consistant à appliquer de petites touches de couleur juxtaposées). Sur ce premier solo, elle dit explorer cette forme de collage tout en restant fidèle à son style de prédilection. “La technique de base reste la même avec les pointillés, sauf que j’utilise du papier”.
Travailler sur ce projet a été très laborieux et a nécessité énormément de temps et d’énergie. Il lui a fallu des jours à rassembler des magazines, à déchirer les pages, les trier en fonction des tons pour créer des schémas couleurs. “Toutefois, déchirer les pages a été la partie la plus fun car nous sommes en mesure de laisser sortir les émotions qui nous habitent. Après quoi, on se sent plus calme et serein”. Elle est d’autant plus enthousiaste, car c’est une technique de collage qui parle à toutes les générations, surtout les enfants et les jeunes. “C’est important de mettre en avant que l’art ce n’est pas uniquement la peinture, car la créativité est tout autour de nous et il faut sortir de sa zone de confort”.
L’expo sera visible du 3 au 19 avril à Lakaz Flanbwayan, Medine, Bambous. Les heures d’ouverture sont les suivantes : 10 h – 14 h 30 (Du lundi au vendredi), 10 h – 17 h (samedi) et 9 h – 15 h (dimanche). Plus d’informations au 59 05 46 65.