Créateur de la marque The African Marquis : Sapé comme Gabriel Froid

Quatre minutes lui ont été consacrées, le 26 mars, sur la chaîne française TF1 dans un reportage de l’émission 50’Inside. 240 secondes durant lesquelles Gabriel Froid a fait découvrir son talent et son univers inspiré de la culture africaine. Une aubaine pour ce natif de Cité Argy, Flacq, dont l’ascension dans le milieu de la mode continue à travers sa marque de vêtements.
De : Annabelle Rose-Montenot
Photo de couverture : The Dreamer

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8h à 17h, Gabriel Froid travaill dans l’offshore à régulariser des sociétés, à les administrer et les mettre en règle avec les lois mauriciennes. À partir de 17h01, ce diplômé en droits et criminologie consacre tout son temps libre à la mode et sa marque de vêtements, The African Marquis : “ Je dessine, je sélectionne mes tissus, j’imagine des collections et après la couture, je mets en place le concept et le shooting. Mon planning est très rigoureux et il faut avoir les épaules très larges pour être dans ce milieu. Tout le monde peut avoir la gloire, mais tout le monde n’est pas capable de la faire durer. Derrière le côté lumière et paillettes, il suffit de gratter un peu la surface pour voir que c’est très dur. Surtout quand on choisit de ne pas faire dans le conventionnel.”

Le 26 mars, le Mauricien a fait parler de lui et de sa marque The African Marquis sur la chaîne française TF1 dans l’émission 50’Inside. “Se retrouver dans cette émission où des reportages sont consacrés à des grandes références comme Jean-Paul Gaultier, cela prouve que mon talent et ce que je fais en matière de créations a de la valeur. Je ne suis pas qu’un designer mais un concepteur et directeur artistique qui raconte une histoire et qui ne se contente pas de faire des vêtements.” Après avoir été invité en décembre 2021 à Dubaï lors du Fashion TV Program de la sénatrice d’Egypte Sénatrice Dr Rasha Kelej, CEO de la Merck Foundation, ces 4 minutes sur TF1 font briller davantage ce natif de City Argy au niveau international qui s’active actuellement à finaliser son website.

D’avocat à designer…

Bien avant le mannequinat et avant de lancer sa marque de vêtements, le jeune homme faisait tout pour se démarquer. Comme suivre des cours de danse classique indienne pendant 7 ans. Choisir les Islamic Studies comme sujet principal en HSC. Ou encore de rêver de porter la robe noire d’avocat : “C’était aussi le rêve de ma grand-mère et de mon papa. Sachant que je viens d’une cité, qu’en primaire j’ai subi de la discrimination, j’étais très assidu dans mes études car je me disais que c’était la seule façon pour me faire respecter. Et pour être quelqu’un il faut être éduqué.” Sa mère, ouvrière dans usine textile, et son père, foremen en construction, se sont sacrifiés pour que Gabriel Froid et ses deux frères puissent suivre leur scolarité.

Classé 11ème en filière artistique et linguistique, il opta pour des études de droits même s’il avoue : “Au fond de moi, je voulais être mannequin ou designer.”

Son amour pour la mode était très résistant. Ce petit, qui passait du temps dans les tissus aux côtés de sa grand-mère et de sa tante, toutes deux couturières, et à coudre des robes pour les poupées de ses cousines, allait finir par trouver un moyen pour concrétiser son rêve. À l’université, avec quelques amis photographes, stylistes, mannequins, Gabriel Froid commence à organiser des shooting photo : “J’avais la conviction que c’était une manière d’explorer ma passion pour la mode. Mais finalement, nous avons commencé à nous faire connaître.”

En phase avec la Sapologie

Son audace finit par être payante et l’étudiant en droit et criminologie se retrouve sur plusieurs podiums jusqu’à défiler pour Djibril Cissé et sa marque Mr Lenoir. Dès lors, Gabriel Froid enchaina de nombreux autres défilés en tant que mannequin: “Il était primordial pour moi d’avoir mon propre style et code vestimentaires pour ne pas ressembler aux autres. Sans compter qu’à l’époque, il n’y avait pas vraiment de mannequin noir comme maintenant.”

Ça faisait des années que Gabriel Froid avait un intérêt pour la culture africaine : “J’ai baigné dedans du fait qu’à chaque fois qu’il y avait des fêtes à Argy, il y avait des groupes de musiciens qui jouaient du bongo dont un cousin de mon papa.” Puis, en grandissant, il avait aussi approfondi ses recherches pour mieux connaitre ses racines : “Je voulais laisser un héritage derrière, mais en étant uniquement mannequin, je n’aurais pas pu le faire. Avec les défilés, j’avais eu la popularité, but it was my time to do something else. La bonne opportunité, il faut la saisir très vite dans ce milieu. Sinon on ne décolle jamais.” De plus, les gens avaient commencé à lui poser des questions sur les vêtements qu’il portait. Devant de plus en plus de demandes, Gabriel Froid a compris qu’il y avait quelque chose à faire.

Lui se sentait en phase avec le mouvement sapologie, issu du Congo. Soit une société des ambiances et des personnes élégantes. Les Sapeurs, majoritairement des hommes, se font appeler les wengueurs qui signifie bien habillés, portent des costumes très bien coupés, ou encore des vêtements et des chaussures bien accordées. En prenant ses éléments, Gabriel Froid a trouvé comment développer et l’incorporer dans sa marque The African Marquis. Il précise toutefois qu’être sapeur ne veut pas dire porter uniquement des imprimés africains : “Un sapeur c’est quelqu’un de très élégant, très soigné. Etre chic en toute occasion.” Une fois de plus, le jeune créateur voulait montrer ses capacités et bousculer les codes. Il devient l’un des rares, voire l’un des premiers dont les créations s’inspirent de l’Afrique et pas d’Europe : “ The African Marquis est avant tout l’expression d’une passion pour la mode et des convictions. Mon but est de travailler pour une mode plus éthique et responsable.”

Kot to sorti

Dans son monde très coloré, Gabriel Froid voulait aussi faire aborder un sujet « assez sombre ». En se lançant dans l’aventure de designer de vêtements, Gabriel Froid voulait afficher sans complexe ses origines. Il assume d’ailleurs que dans la majorité de mes défilés, ses mannequins sont Black, avec des cheveux crépus, la peau très noire : “Ce n’est pas raciste en soi parce que ces personnes-là, vous les verrez très rarement sur les affiches de certaines marques locales. Heureusement que ça a commencé à changer dans le monde et aussi bien à Maurice avec entre autres le BlacklivesMatters. Disons que je suis venu démocratiser un peu la mode, secouer un peu les cocotiers, dire que nous existons et que nous sommes là. Fode pa pran bann black juste pour faire le quota, genre comme un bouche-trou.”

The African Marquis est une marque pour : “L’ADN de l’Afrique contemporaine, c’est aussi cela. Je veux que ma marque soit un refuge pour tous.” Depuis son lancement en octobre 2019, les collections hommes et femmes, de Red Carpet, en passant par Casual wear, Working wear ou encore Swim & Beach wear, créés par Gabriel Froid reçoivent des retours positifs : “Certes, c’est du Africain wear, mais les gens apprécient le fait que je ne fais pas du copy-paste de ce que se fait ou se voit jusqu’à présent. Moi, je prends du tissu wax pour l’associer à d’autres choses et à d’autres styles.

I can do it…

Gabriel Froid ne cache pas qu’il espère un jour vivre uniquement de la mode : “Je veux développer ma marque et avoir mon propre magasin dans un style très luxe, avoir pourquoi pas des boutiques dans plusieurs hôtels de Maurice, mais aussi créer d’autres choses. Je ne veux pas que The African Marquis soit uniquement focalisé sur les vêtements, je l’imagine comme un éco-système,”

Jusqu’à fin avril, une collection spéciale intitulée Whimsical Spirit, est exposée au Backstage Fashion Concept Store du Hennessy Park Hotel. Le designer et styliste Gabriel Froid se tient à disposition en semaine de 17h30 à 20h et de 10 h à midi le week-end pour des conseils. Visionnaire et innovateur de nature, Gabriel Froid est un talent qui sait s’y prendre pour que la mode soit un miroir de ses origines : “Quand je fais une rétrospective, je suis fier de ce que j’ai pu accomplir en peu de temps. Il y a eu beaucoup de sacrifice et d’investissements personnels et financiers. J’ai encore du chemin à faire pour être honnête. There always room for evolution. Cependant, je reste très terre-à-terre et je remercie mes parents et mon entourage de m’avoir appris le sens de travail dur et d’avancer tout en restant humble.”

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