Notre honorable Premier a proclamé la levée du couvre-feu le vendredi 29 mai. Est-ce le retour à une existence normalisée, après le traumatisme subi par la population ? Tous anticipaient l’annonce de cette bonne nouvelle. Nous ne pourrons cependant pas aller à la plage. Ni prendre un bain de foule du Champ de Mars, ou claquer du fric au casino. Encore moins assister à un concert, à un mariage, ou fréquenter une salle de muscu, jouer au foot…
Le besoin d’évasion est criant après deux mois et demi d’enfermement (19 mars). Depuis, les sorties au supermarché étaient devenues des instants libérateurs, où nous aurions encore pu nous croire dans l’ancien monde…. si d’aucuns n’avançaient pas gantés et masqués. A cause du vilain virus sorti de je-ne-sais où. Nous usons de notre adaptabilité pour accepter la soumission imposée. Outre les lois dites (temporairement) autoritaristes.
En effet, ce virus impose aux femmes et aux hommes le port du masque dès qu’un pied est posé dehors. Remarquez qu’arborer un masque vous sied à merveille. Cela met en valeur vos yeux. Un p’tit quelque chose de secret et de mystique émane de vous. Vos lèvres sont soudain érotisées, sous le carré de tissu qui les dissimule.
Depuis l’avènement de l’épidémie, vous souriez avec vos mirettes pour dire bonjour à vos collègues et connaissances. Vos yeux en amande se dotent soudain d’une expressivité où transparaît la profondeur de votre âme. Les yeux sont le miroir de l’être… au-delà du factice des sourires de convenance derrière lesquels se dissimulent nos hypocrisies ordinaires, sans quoi la vie en entreprise serait invivable.
Dans la tourmente du virus, l’honorable Premier a partagé « la bonne nouvelle » maladroitement à la population. Ceux-là ne surent pas prendre la réelle mesure de l’évènement. Et on déjà oublié que notre quadricolore flotte désormais sur les Chagos, territoire excisé et « vendu » en échange de notre liberté chérie dont beaucoup écrivent et crient le nom.
La mappemonde reconnaissait donc un viol commis par les anciens colons, aux yeux du monde. D’aucuns s’en foutèrent, ne pensant, alors, qu’à leur liberté confisquée par le virus. Imaginez l’horreur, si on vous déracinait de Maurice en vous interdisant à jamais le droit de retour… Vous feriez quoi ô peuple mauricien ? Comment vous sentiriez-vous si demain vos chiens et vos chats étaient jetés, vivants, dans un grand four?
Peut-on réellement blâmer l’honorable Pravind de clamer que le quadricolore recouvre désormais Diego Garcia sur la mappemonde ? Répondez en votre propre âme et conscience et en toute humanité. On ne peut être insensible à la cause chagossienne. Aussi impatients que vous soyez de recouvrer notre liberté chérie, après la levée du couvre-feu sanitaire.
Entre-temps, se fourbit le grand oral du grand argentier. Un suspense intenable pour l’angoissé salarié masqué. N’oubliez surtout pas votre gel hydroalcoolique lorsque vous vous rendrez au bal masqué…