Avec plus de 40 millions de livres vendus à travers le monde, traduits en 49 langues, l’écrivain français a, en 18 ans de carrière, marqué toute une génération. Notamment avec Et si c’était vrai, l’adaptation au cinéma en 2005 (Just Like Heaven) produit par Steven Spielberg, avec Reese Witherspoon et Mark Ruffalo. Il y a un an, Marc Levy accordait une interview à Scope de New York lors de la sortie de son 18e roman, La dernière des Stanfield. Joint au téléphone de France, l’auteur évoque le métier d’écrivain, reparle de son premier succès et nous parle d’Une fille comme elle, son 19e roman, sorti en mai 2018.
Marc Levy séduit le monde depuis 18 ans. Le romancier a une plume qui fascine. Son 19e roman, Une fille comme elle, a paru le mois dernier aux éditions Robert Laffont/Versilio. Il est l’auteur contemporain le plus lu au monde, avec plus de 40 millions de livres, traduits en 49 langues. On le réduit parfois à l’image d’écrivain à l’eau de rose, mais il est l’un des rares auteurs français à avoir séduit Steven Spielberg.
Son premier roman crée la surprise. “À l’époque, les maisons de production envoyaient des lecteurs pour repérer des manuscrits. J’ai eu de la chance que mon manuscrit soit repéré par Steven Spielberg. Il a eu envie de l’adapter au cinéma.” Peu après, le producteur américain acquiert les droits d’adaptation cinématographique, avant même la sortie du livre, en 2000. Just Like Heaven est sur les écrans en 2005 et cartonne. Une comédie romantique à l’allure de Ghost, interprétée par Reese Witherspoon (Wild) et Mark Ruffalo (Hulk dans Avengers), un acteur qu’il croise assez souvent, car “il habite dans le même quartier que moi à New York”.
“Ça a été un bouleversement de vie extrêmement important. Cela a changé le cours de ma vie. C’est quelque chose qui m’a apporté énormément de joie et de bonheur. C’est beaucoup de travail mais c’est un métier que j’aime profondément”, confie celui qui a écrit son premier manuscrit à 18 ans. Sa plume finit par conquérir d’autres producteurs avec Où es-tu ? (2001) et Mes amis, Mes amours (2006). Ce dernier est notamment interprété par Florence Foresti, humoriste et actrice française. “L’adaptation au cinéma, c’est le désir d’un acteur, d’un réalisateur, d’un producteur qui a envie de raconter l’histoire à sa manière. Je ne pense jamais à une adaptation au cinéma quand j’écris un roman.”
Écouter et observer.
Humble et inspirant, Marc Levy touche plus d’un. Son style suscite l’intérêt et il devient parolier le temps de trois chansons. Il écrit Pour toi (2004) pour Jenifer, Je t’écris (2005) pour Grégory Lemarchal et T’aimer si mal (2007) pour Johnny Hallyday. “Quand on écrit un roman, on raconte une histoire en 400 pages. La grande difficulté lorsqu’on écrit une chanson, c’est qu’il faut raconter une histoire en douze lignes. J’ai beaucoup d’admiration pour les paroliers de chansons car raconter une histoire et faire vivre un personnage en douze lignes, c’est un exercice extrêmement difficile.”
L’écriture est pour Marc Levy une sorte de plongée en apnée, un peu comme dans le grand bleu. Il se coupe du monde réel pour ouvrir les yeux sur un autre monde, là où l’imagination se promène. Comme il le disait l’année dernière à Scope, travailler dans le brouhaha de la maison, que ses enfants entrent et sortent de son bureau pour y jouer, ne l’a jamais dérangé.
Écrire, c’est avant tout écouter et observer. Cet exercice impose de longues heures de solitude, mais les bruits de la vie sont un remède à cette solitude qui peut devenir écrasante. “C’est toujours un bonheur de raconter une histoire, d’être en compagnie des personnages pendant tout le temps de l’écriture, d’imaginer, de vivre dans un monde imaginaire, de partager des choses au travers d’une histoire, des émotions, des points de vue, des questions, et de le faire au travers des personnages qui finissent par créer une empathie chez le lecteur”, confie l’ex-architecte, qui a été également entrepreneur dans l’informatique et secouriste à la Croix Rouge Française.
L’amour dans tous ses états.
Dans ses écrits, l’amour tient une place importante. Il est souvent le fil conducteur, ce qui captive les lecteurs jusqu’à la dernière page. “Il y a toujours une part d’amour dans une histoire. C’est très difficile d’écrire sur la thématique de l’amour. Cela demande de respecter des équilibres très fragiles pour ne jamais sombrer dans le pathos. Pourtant, ce sentiment nous fait tous vibrer”, souligne l’auteur de quelques nouvelles, qui a réalisé un court-métrage pour Amnesty International, La Lettre de Nabila. L’amour, ce n’est pas seulement le coup de foudre, mais aussi l’amour qu’on porte à ses parents, l’amour filial, l’amitié, l’amour des métiers. “J’ai écrit dans tous ces registres.” Pour Marc Levy, il n’y a pas de peintures, de sculptures, de morceaux de musique, d’expressions artistiques ou artisanales sans amour. “C’est au cœur de ma vie. Je crois que c’est le cas pour tout un chacun.”
Les ouvrages du romancier sont souvent parsemés de meurtres, de scènes horribles, de disparitions, de serial killers et de peurs, comme dans Un sentiment plus fort que la peur (2013) ou Si c’était à refaire (2012). Dans le dernier ouvrage sorti en mai dernier, Une fille comme elle, la diversité est l’un des thèmes centraux, tout comme l’amitié, la complicité, les malentendus, les moments d’humanité qui réconcilient les gens avec la vie et l’amour. La vie à New York l’influence au point d’en écrire un roman. “Cette différence est à la fois ce qui fait notre unicité, et c’est aussi ce qui, en fonction de la façon dont la société va nous renvoyer à cette différence, nous rendre malheureux ou très heureux. C’est une question de perspective. J’avais envie de raconter cela dans le cadre d’une comédie parce qu’on arrive à raconter beaucoup plus de choses avec légèreté qu’avec gravité.” Le genre de comédie où n’importe qui peut s’identifier.
Une histoire qui fasse un peu de bien.
Marc Levy raconte qu’il y a une telle violence dans le monde – physique, morale, politique, sociale – que l’idée de faire une comédie lui est venue. “Je me suis dit : je raconte une histoire où on va se demander pendant 400 pages qui a tué qui. Qui va aimer qui ? Je dois vous dire qu’il y a une telle pénurie de comédies aujourd’hui et il y a une telle abondance de polars, de thrillers où il faut retrouver des cadavres dans un placard, qui a découpé ou tué qui. J’avais envie d’écrire une histoire qui fasse un peu de bien. C’est une de ces histoires que lorsque vous avez terminé de la lire, vous avez un petit sourire au coin des lèvres. L’ambition s’arrête là.”
En 18 ans de carrière, Marc Levy revient chaque année avec un ouvrage. “Comme disait ma grand-mère : si dieu me prédit. Pour le moment, je me concentre avec la sortie d’Une fille comme elle. J’espère que je vais me remettre à écrire avec l’arrivée de l’été. C’est un métier que j’aime et qui me passionne. La passion est intacte, je dirais même qu’elle ne cesse de se développer”, nous dit-il à l’autre bout du fil, en n’oubliant pas d’évoquer son désir de venir à Maurice. “J’aimerais bien. Peut-être pas l’année prochaine, mais l’année d’après.”
L’inspecteur Pilguez, le personnage récurrent
“C’est une touche d’humour. C’est une façon de dédramatiser les choses. Ce personnage est en fait une caricature de mon meilleur ami. Il est né avec le premier roman (Et si c’était vrai) et chaque fois il est revenu. Il n’a jamais le premier rôle. J’adore le faire revenir, cela m’amuse beaucoup. C’est un vieux compagnon de route et je m’amuse à le retrouver d’un roman à l’autre. Bien sûr, je pourrais à chaque fois inventer un policier différent. C’est presque un gimmick entre le lecteur et moi de me resservir de l’inspecteur Pilguez. Utiliser Pilguez, c’est comme un peintre qui signe son tableau à la fin. Avec son humour si particulier, je me suis beaucoup attaché à lui.”
Une fille comme elle à Maurice – Le livre est disponible dans les librairies Bookcourt à Rs 950.