Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval n’a pas fait dans la dentelle quant aux faux pas du gouvernement Il a dénoncé les autorités de cacher la vérité sur la situation du Covid-19 dans le pays. Ainsi, prenant le Deputy Prime Minister et ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, pour cible il a affirmé que « la bulle vaccinale lui a éclaté au visage » car malgré ses déclarations selon lesquelles Maurice était Covid-Safe, la France et l’Allemagne ont classé Maurice comme pays à hauts risques.
« Si ces pays ont classé le pays sur la liste rouge, ce n’est pas parce que le variant de Covid, Omicron est présent dans l’île mais parce qu’ils considèrent que les autorités ne disent pas la vérité aux Mauriciens et à la communauté internationale sur le nombre de personnes infectées et de décès », a-t-il souligné.
Or, a poursuivi le leader de l’opposition, on peut cacher la vérité pendant quelque temps mais elle finit par éclater. Cela a été le cas au vu de la publication des chiffres officiels concernant le nombre de décès par le service de l’État civil et à la suite des PNQs et des PQs. « Lorsqu’un ministre parle de 119 décès enregistrés la semaine dernière, il faudrait multiplier ce nombre par trois », dit-il.
Il a fait part de son étonnement alors même que le pays enregistre 30 décès en moyenne par jour, que Steven Obeegadoo ait invité une soixantaine de journalistes étrangers à Maurice pour leur dire que tout va bien. Ce qui est à son avis une absurdité. Il a rappelé, pour sa part, que lors de la crise de chikungunya qui s’est produit alors qu’il était ministre du Tourisme, il avait attendu la fin de la crise pour inviter une centaine de journalistes à Maurice. « Il y a eu un rebondissement dans l’industrie touristique », a-t-il expliqué.
Or, alors que Maurice veut projeter une image de Covid-safe, le ministère de la Santé envoie une lettre à l’ambassadrice de France « pour lancer un SOS ». Il a accusé le gouvernement d’avoir par le truchement de déclarations ministérielles au Parlement banalisé les décès et la situation de ceux qui sont gravement malades, tout en faisant accroire que cela s’inscrivait dans logique de la pandémie.
Par ailleurs, Xavier-Luc Duval considère que si aucun cas d’Omicron n’a été enregistré à Maurice c’est à cause du séquençage qui a duré 14 jours alors que cela se fait en 48 heures dans d’autres pays. Ce qui l’amène à se demander : « Kot inn aste 2 masinn sekansaz. Dan kinkayri, patisri, ou parfimri ? » ajoute-t-il.
Finalement, devant la « crédibilité perdue de nos dirigeants », il estime que la solution à la crise qui secoue l’industrie touristique – qualifiée de « cyclone » par le Premier ministre – ne se situe pas dans le marketing du pays. « Il faut régler la situation sanitaire avant de faire du marketing. Il a fait une série de suggestions en soulignant la nécessité de poursuivre avec la dose vaccinale de rappel et a invité les Mauriciens à se faire vacciner. Il souligne la nécessité d’avoir des médicaments dernier cri et se réjouit que sous la pression le gouvernement a fini par passer une commande. Il a aussi insisté sur l’importance de solliciter l’aide des pays amis, dont l’Inde et France, ainsi que d’autres pays pour être en présence des expertises nécessaires et des équipes médicales spécialisées pour gérer l’hôpital ENT. L’équipe actuelle de gestionnaires doit être remplacée », a-t-il conclu avant de rappeler que 100 000 adultes n’ont pas encore été vaccinés.
D’autres part, le leader de l’opposition, qui avait évoqué la semaine dernière le rapport financier de la Bank of Mauritius, est revenu à la charge pour demander au gouverneur de la Banque centrale Harvesh Seegolam de venir s’expliquer concernant le trou de Rs 23 milliards dans les comptes de cette instance. « S’il ne le fait pas, je serai obligé de venir avec une Private Notice Question à ce sujet », a-t-il lancé.
Paul Bérenger « solidaire » des
opérateurs/employés du tourisme
Dans le contexte du Covid-19, Paul Bérenger s’est associé au leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, et fait ressortir que le gouvernement commet les mêmes erreurs avec Omicron qu’avec le variant Delta. Il a demandé au gouvernement de ne plus jouer avec le feu, de pratiquer la vérité et de publier les résultats des exercices de séquençage.
Au regard de la situation dans le secteur touristique, il estime que le gouvernement paie le prix de ses mensonges. « C’est parce que le gouvernement nous a fait perdre toute crédibilité que nous nous sommes retrouvés dans la situation présente avec le classement de Maurice dans la catégorie des pays à hauts risques. Aujourd’hui, l’industrie touristique est dans une situation difficile et il faut tout faire pour se rattraper. J’exprime toute ma solidarité avec les petits opérateurs mais aussi des employés de l’industrie touristique », dit-il.
Abordant l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill, il estime que l’adoption de cette législation est « un crime car à part le MSM, il y a unanimité contre cette législation dans le pays ». Il a déploré la vitesse à laquelle la législation a été adoptée sans permettre au chef de file du Ptr Arvin Boolell de prononcer son discours, et « le pire de l’indécence est la vitesse à laquelle le président de la République a déjà donné son assentiment sans qu’il se rende compte des pouvoirs et de la dignité que lui confère la Constitution ». Il a aussi condamné les nominations pires que jamais effectuées par le président de la République et par le gouvernement.
Paul Bérenger a aussi condamné le Modus Operandi de la police et le harcèlement des personnes ayant pris part dans une manifestation pacifique.
Le leader du MMM a évoqué l’Offshore Petroleum Bill, qui sera débattu au Parlement demain. Et ce, avant de mettre en exergue qu’un expert de l’ONU a condamné ce texte de loi estimant « allowing for oil exploration in the knowledge of climate emergency is acting to self-injury ». L’expert note que cette législation est incompatible avec les obligations des droits humains quant à la protection de la population concernant la santé, la vie et le droit à un environnement durable. « Le gouvernement il s’apprête à demander Rs 6,5 milliards à la communauté internationale pour la protection de notre environnement. Qui nous prendra au sérieux ? » s’est-il demandé.
Bodha : « Maurice est devenue
une République bananière »
Le leader du Rassemblement mauricien, Nando Bodha, a déclaré que Maurice est devenue une « République bananière ». Elle a perdu de sa crédibilité sur le dossier du Covid-19, et maintenant sur le tourisme, alors même que « nous étions considérés comme une destination de rêve ».
Pour soutenir sa thèse de république bananière, il a cité les nominations à la tête des institutions. « Kan la kwizinn dir bizin nome abe bizin nome », a-t-il lancé. De plus, une fois nommé, le concerné doit exécuter les ordres. Il a cité le cas du président de la République qui peut à la lumière des pouvoirs que lui confère la Constitution, agir « on his own deliberate judgement ».
Qui plus est, Nando Bodha a cité le cas de la Financial Intelligence Unit (FIU) en rappelant les efforts effectués pour sortir le pays de la liste grise de la Financial Action Task Force (FATF). Il a déploré qu’un ancien candidat du MSM ait été nommé à la FIU alors que le principe fondamental du protocole international est qu’on ne peut nommer une personne ayant une couleur politique dans le comité d’administration du régulateur qu’est la FIU.
Or, le père du candidat en question siège sur le conseil d’administration de l’ICAC avec toutes les conséquences que cela représente, a-t-il avancé en substance. Et ce, avant de noter qu’une des propositions de la Plate-forme de l’Espoir consiste à créer une autorité qui sera chargée des nominations à la tête des institutions. Ce qui permettra de résoudre beaucoup de problèmes et fera primer la démocratie et la méritocratie, tout en nous empêchant de devenir une république bananière.
Roshi Bhadain dénonce la « loi dictatoriale »
Le chef du Reform Party, Roshi Bhadain, a pour sa part dénoncé l’IBA (Amendment) Bill qui, a-t-il dit, est un texte « barbare et dictatoriale ». « Nous savons à quelle vitesse le président a apposé son pouce à ce texte de loi ». Il a poursuivi : « Nous sommes déjà dans un régime dictatorial. »
Il a déploré le refus du Speaker d’accorder une Division of Votes comme demandé par le leader de l’opposition. « Il s’est interrogé sur la raison pour laquelle cette législation a été adoptée à cette vitesse », s’est-il demandé avant d’évoquer la question sanitaire. À son avis, il est clair que le gouvernement a voulu étouffer la voix de la population.
Roshi Bhadain estime que le président de la République n’a pas assumé son rôle de Checks and Balances que lui confère la Constitution en procédant à valider l’IBA (Amendment) Bill en toute vitesse. Il a aussi souligné les pouvoirs abusifs que donne le texte de loi au Review Panel. Ces pouvoirs sont en violation des droits constitutionnels des citoyens, fait-il ressortir. Il estime que le président de la République et le président de l’Assemblée sont désormais des « poupet doukya » entre les mains de Pravind Jugnauth.