Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition : « Mesures nettement inférieures aux attentes de la population »

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a pendant près d’une heure décortiqué le budget du ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Il estime que les mesures proposées sont nettement en deçà des attentes de la population, condamnant ce qu’il considère être des « faussetés », des « non-dits », de la « désinformation » et de « l’exagération » dans le discours-budget.
Au tout début de son intervention, Xavier-Luc Duval a déclaré vouloir dédier son discours « à tous ces frères et soeurs qui ne mangent plus à leur faim ; à tous les Mauriciens qui s’attendaient à une baisse du prix de l’essence ; à tous les chômeurs, en particulier à ceux et celles qui ont disparu des statistiques officielles ; à toutes les familles qui ont attendu en vain et qui ont cru dans la promesse du MSM, concernant les 12,000 maisons sociales, à toutes nos institutions qui ne sont plus indépendantes ; à tous ceux et celles qui souffrent quotidiennement de la dictature du gouvernement ; et à toutes les victimes de torture policière surtout celles, innocentes, qui ont vu leur carrière et leur vie brisés à jamais. »
Xavier-Luc Duval affirme que « le discours du budget ne reflète ni la réalité sociale ni celle de l’économie et par extension ne fait pas honneur à la démocratie ». Évoquant le volet des faussetés, il cite une récente déclaration du Premier ministre, affirmant que les caisses étaient vides.
« Ce qui est faux. Il y a Rs 36 milliards dans les fonds spéciaux, un trésor de guerre constitué par le gouvernement prêt à être utilisé lors des prochaines élections en vue d’appâter les électeurs », dit-il en constatant qu’au lieu de 16 milliards prévues dans les fonds spéciaux pour la fin de l’année 2022-2023, le gouvernement disposera de Rs 30 milliards l’année prochaine.
« Cet argent provient entièrement des Rs 158 millions obtenues de la Banque de Maurice hormis ceux gaspillés comme les Rs 74milluards dépensées avec la BAI, Betamax, Safe City et le Stade de Côte d’Or. Quant au déficit budgétaire, ils seront de 7,3% au lieu de 4% prévu alors que le vrai pourcentage de la dette publique sera de 84% et non 78% fin juin 2023 si la vente des actifs de la NIC et de MauBank pour Rs 22 milliards ne se réalise pas », poursuit-il.
Au titre de la dette publique, passant de Rs 238 milliards en 2014 à Rs 436 milliards, il revient avec ses appréhensions de la prochaine notation de Moody’s, notamment au rang de Junk Status.
Au chapitre des exagérations, le leader de l’opposition a relevé l’annonce que toutes les voitures électriques seront vendues hors taxes alors qu’en vérité, il ne fait qu’enlever les 15% de taxe sur les grosses cylindrées.
Au titre de la désinformation, il a fait état de l’annonce selon laquelle 32% du PIB a été consacré à la lutte contre le Covid alors que la moitié n’a été dépensée. « On a passé deux heures à nous dire des faussetés et à nous embêter » avance-t-il.
« À vrai dire la money illusion affecte aussi bien les ministres que la population. Il a cité le cas du ministère de la Santé qui augmente de 12% alors qu’en vérité, avec la dépréciation de la roupie et l’inflation, le ministre de la Santé aura moins d’argent que l’année dernière. La même chose affecte la population qui se réjouit d’avoir obtenu Rs 1000 alors que l’inflation a déjà érodé ce montant », prévient-il.
Le leader de l’opposition considère que les mesures sociales sont non seulement pas suffisantes mais arrivent trop tard. « Trop peu ! Trop tard ! », dira-t-il.
À son avis, les Rs 1000 aux pensionnés de plus de 60 ans et les Rs 2000 à ceux âgés de plus de 65 ans ne seraient qu’une compensation de la perte du pouvoir d’achat des bénéficiaires des pensions de vieillesse.
« D’ailleurs, ils ne recevront que 50% de ce qu’ils ont perdu. Cela fait des mois que l’opposition demande au gouvernement de mettre un terme la dépréciation de la roupie. Après un répit de quelques semaines la perte de valeur de la roupie mauricienne s’est accentuée ces derniers jours », fait-il ressortir. Il a déploré le refus du gouvernement de baisser le prix de l’essence et ajouté que la subvention de l’ordre de Rs 1,5 milliard sur 300 produits va se dissiper alors que les prix des produits de base comme le lait, l’huile, le beurre ne cessent d’augmenter.
Sur le front touristique, les arrivées avaient enregistré une baisse déjà en 2019. Cette année le pays accueillera 100 000 touristes de moins que prévu. Il pointe du doigt « le système de marketing, le problème de l’accès aérien, et la cherté de la vie à Maurice. »
Quant à la création de l’industrie pharmaceutique, le leader de l’opposition estime que Maurice n’a jusqu’ici pas suscité l’intérêt de grosses pointures contrairement aux pays africains.  Il a attribué cette situation au manque de crédibilité, de transparence et l’absence de capacités techniques de contrôle. Il accueille favorablement la présence 24/7 de gynécologues, pédiatres et anesthésistes dans les hôpitaux régionaux mais déplore qu’aucune mention n’ait été faite concernant la corruption au niveau du ministère de la Santé.
L’orateur a aussi critiqué la centralisation d’octroi des permis aux étrangers et l’autorisation à ces ressortissants d’acquérir des terrains à Maurice autour du Premier ministre. « Le nouveau système ouvre la voie à des abus, au favoritisme », dénonce-t-il.
Xavier-Luc Duval a aussi fustigé la politique au niveau de l’éducation où prévaut une situation très grave en raison d’un manque de financement. Il regrette que ces collèges qui s’occupent de quelque 60 000 étudiants et qui faisaient la fierté de Maurice suffoquent et sont condamnés à mort.
Quant à l’abolition de la taxe municipale, Xavier-Luc Duval note que cette mesure est introduite avec deux ans de retard.
En guise de conclusion, il constate que les mesures annoncées sont nettement inférieures aux attentes de la population. Il ajoute que l’opposition continuera à défendre la population, quitte à descendre dans les rues, si le besoin se fait sentir.