Xavier-Luc Duval : « La population est au bord du désespoir » 

Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a présenté hier sa motion de blâme avec pour but  de « porter la voix de la population » à l’Assemblée nationale, parce que « cette population est  au bord du désespoir », ce qui s’est notamment traduit par de récentes manifestations à travers l’île.

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« Cela fait des semaines que nous demandons au gouvernement, et en particulier au Premier ministre et au ministre des Finances, d’agir, sans vraiment qu’il y ait eu aucune action de la part du gouvernement », dit le leader de l’opposition, brandissant la dernière analyse de la situation économique à Maurice du Fonds monétaire international.

D’emblée, il a déploré la remarque du ministre de la Culture, Avinash Teeluck, pour qui « ce genre de débats n’est pas nécessaire ». Il dira que : « c’est une honte de faire comme si on ne pouvait parler de la misère du peuple au Parlement. » Il maintient que « ce débat démocratique est non seulement nécessaire, mais il est essentiel, car la population a soif de démocratie. Et si la démocratie parlementaire ne fonctionne pas et si la démocratie au niveau des élections ne fonctionne pas, c’est la rue qui va parler ! »

Il a fait mention de la situation prévalant  au Sri Lanka. « Nous ne voulons pas que les choses se détériorent comme au Sri Lanka. Nous voulons que la démocratie parlementaire fonctionne, que nous ayons des débats civilisés, que les ministres soient mis devant leurs responsabilités. Peut-être que cela fera mal et que les ministres devront répondre, mais c’est cela la démocratie parlementaire. On ne peut pas avoir un Parlement muselé. Ce serait mauvais pour le pays ! » ajoute-t-il.

« Ansam to pos vid »

Au chapitre de la flambée des prix et la hausse du coût de la vie, il estime ainsi avoir trouvé « une formule qui sera utilisée pendant longtemps », soit « Ansam to pos vid », référence au slogan « Ensemble tout est possible ». Il rappelle que le National Wage Council a identifié  que 92 000 personnes perçoivent Rs 11 000 ou moins mensuellement, soit presque 20% de la population active .

Ou encore  275 000 benéficiaires de la pension  touchant Rs 9 000 par mois depuis 2019, et sans aucune compensation depuis deux ans et demi. « Au total, cela fait un nombre de 365 000 personnes ayant moins de Rs 11 000/mois pour vivre. Ce sont les nouveaux pauvres du pays. Sans compter la classe moyenne, qui s’appauvrit. »

À ce stade, il évoquera la Banque mondiale qui, dans son dernier rapport parle de « rapid reversal progress against poverty » et considère que 16% de la population est au bord de la pauvreté. « Depuis 2012, il y a eu une amélioration en termes de pauvreté. Mais aujourd’hui, c’est une détérioration », lance-t-il.

« Money Illusion »

Poursuivant , il évoquera le « syndrome de la Money Illusion », soit le fait que « les Mauriciens ont de l’argent qui n’a pas de valeur en poche, comme cela avait été le cas au Zimbabwe ». À cet effet, il réclame le paiement d’une compensation salariale dans le cadre du budget, prévu dans les prochaines semaines, « afin de rattraper la perte du pouvoir d’achat ». Il s’est interrogé au sujet de l’Observatoire des Prix annoncé par le gouvernement.

Le leader du PMSD a tenu à tirer la sonnette d’alarme contre le risque d’une pénurie de lait et d’huile en début de mois prochain. D’où son appel au ministre des Finances pour que celui-ci agisse rapidement  afin, dit-il, que « les consommateurs ne se retrouvent pas devant des étagères vides ».

Il s’est également montré très critique au sujet des prix des médicaments avec les ministres de la Santé et du Commerce se renvoyant la balle. Il a aussi commenté les Rs 15 milliards collectées par le gouvernement sous la CSG. Il est aussi revenu sur les taxes perçues dans la structure des prix des produits pétroliers alors que dans le monde , l’on constate une baisse de la taxe.

Xavier-Luc Duval se dit surpris des prélèvements pour la construction des réservoirs de produits pétroliers, « et qui ont rapporté près de Rs 1 milliard, alors que seulement Rs 50 millions ont été dépensées jusqu’ici pour la construction des réservoirs de Mer-Rouge ».

Commentant la politique financière, Xavier-Luc Duval a commenté les développements du côté de la Banque de Maurice après sa récente PNQ sur la pénurie de devises. En citant des extraits du communiqué du FMI, Il dira aussi qu’en « s’appropriant un montant de Rs 158 milliards des réserves monétaires, le gouvernement a fragilisé la Banque de Maurice en ignorant les conseils de l’opposition, du FMI et de la Banque mondiale ».

Le leader de l’opposition a aussi fait part de ses appréhensions qu’en raison des Rs 80 milliards investies au sein de la MIC, la situation financière de la Banque de Maurice soit qualifiée par KPMG comme n’étant pas fiable. Il a fait état des inquiétudes de la Mauritius Bankers Association au sujet d’un Downgrade de Moody’s. « Que restera de l’économie mauricienne ? Je souhaite que cela ne se produise pas ! » se demande-t-il.

« Gaspillage sans précédent »

Pour le leader de l’opposition, aucun doute : le gouvernement a « emprunté et dépensé à outrance », en sus « de payer des milliards pour des décisions revanchardes ». Il citera à ce titre la BAI, « qui a coûté Rs 20 milliards à l’État », le projet SAFE City, « Rs 19 milliards pour quelques contraventionsBetamax, Rs 6 milliards ». En ce qui concerne le stade de Côte-D’Or, il rappellera que la Chine avait accordé Rs 1 milliard pour financer un centre de formation régionale pour le personnel aérien, et que l’actuel gouvernement avait « converti ce prêt pour financer le centre sportif ».

Le leader de l’opposition dénonce que le gouvernement  a gaspillé Rs 74 milliards et que le Servicing de la dette coûte Rs 110 milliards annuellement, ce qui revient à hypothéquer l’avenir des prochaines générations du pays ».

Ensuite, il s’est attaqué au fléau de la corruption.

En conclusion, le leader de l’opposition a réclamé la tenue des élections municipales en s’appuyant sur la dernière tendance par rapport au Covi-19. Dans le même souffle, il a demandé que le port du masque « ne soit plus obligatoire ». Pour Xavier-Luc Duval, les élections municipales « doivent  être organisées après la présentation du budget » en réclamant que le gouvernement fasse preuve de « plus de transparence ».

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