Winds of change

Tandis que la situation s’embrase en Ukraine – avec au 14e jour de l’invasion Russe, le 9 mars, le bombardement d’une maternité, qui a fait trois morts, dont une fillette, selon un bilan provisoire –, nous soufflons les 54 bougies de l’indépendance de notre pays. Sur une note triste et salée, hélas !
D’abord, l’assassinat de Dixitha Veerapen, 24 ans et mère de trois enfants, issus de deux unions différentes. La nouvelle est tombée tôt mardi matin, soit le 8 mars, qui commémore dans le monde entier à cette date la Journée internationale des droits des femmes. Belle entrée en matière ! A l’origine de cet énième drame conjugal, une multitude de raisons, de l’extrême précarité dans laquelle vivait cette jeune Mauricienne, maman trois fois du haut de ses 24 ans, et son concubin, 28 ans, aux nombreuses frustrations post-Covid 19. Car la pandémie a certainement bien envenimé les choses pour beaucoup de Mauriciens. Quant à ceux qui vivaient déjà en dessous du seuil de la pauvreté avant 2020, ils se démènent comme de pauvres diables pour survivre et subvenir aux besoins des leurs, face aux actuelles augmentations à la chaîne.
Dans le même temps, Jordan Albert, 27 ans, a vécu lui aussi un drame affligeant. En moins de deux jours, il a perdu sa compagne, Stéphanie, et le fils de celle-ci, David, âgé d’une année, et qui avait de sérieuses complications de santé. Le couple, aux dires du jeune papa, multipliait les allers-retours auprès des hôpitaux en quête de soins pour le petit. Et s’entendait répéter de ceux qui prodiguaient des soins à l’enfant, une rengaine qui est (trop ?) souvent servie au peuple : l’éternel « tou korek » ! Mais il faut croire que quelque chose n’était pas « correct », puisque le bébé est décédé ! Et le sort s’est acharné sur cette petite famille recomposée. Moins de 48 heures après le décès du petit David, la maman, qui venait de mettre au monde un petit garçon, et qui avait des complications post-accouchement, s’est elle aussi éteinte. Tant dans le cas de David que de Stéphanie, Jordan Albert est d’avis qu’il y a eu « négligence médicale ».
Une expression tristement « à la mode » ! Peut-on oublier qu’un enfant, venant au monde il y a quelques semaines, a eu un doigt sectionné ? Et que dire de cette maman dont la tête de l’enfant s’est détachée du reste de son petit corps pendant qu’elle accouchait ? Serait-ce à cause du “burn out” d’une bonne partie de notre personnel hospitalier, qui a été mis à très rude épreuve ces deux dernières années ? Nombreux sont les frontliners des services de santé qui sont montés au créneau pour dénoncer les « conditions injustes et inhumaines » dans lesquelles ils ont été amenés à cumuler des “shifts”.
Tous ces éléments ne réclament-ils pas de nous d’aborder les 54 ans de notre pays avec un “change in mentality” sur pratiquement… tout ? De la pandémie mondiale au conflit russo-ukrainien, qui va très rapidement impacter notre quotidien (si ce n’est pas déjà fait), en passant par les dysfonctionnements sociaux, nos institutions (de par les agissements de ceux qui sont à leurs têtes, bien entendu), frappées quasiment toutes d’un total manque de confiance populaire, et nos politiques, en pleine crise de crédibilité des deux côtés, et qui en sont encore à tantôt se tirer dans les pattes, tantôt conclure des alliances qui n’arrivent pas à gagner l’adhésion populaire, et encore moins à galvaniser la masse, les chantiers s’offrent à ceux qui veulent d’une île Maurice où l’on respirera plus sainement. Où des politiciens ne viendront pas uniquement pour se servir dans les caisses nationales et bomber le torse, plein d’orgueil, mais pour réellement travailler pour et avec le peuple. Où l’on activera des politiques d’autosuffisance alimentaire qui permettront de créer des emplois. Où l’on reviendra, en somme, à l’essentiel, ce qui a fait la force et la résilience de notre patrie.
Nos enfants ne méritent certainement pas que l’on se limite à se gargariser aux sons des pourtant excellents Kouler mo lapo de Zulu ou du Ruz Ble Zonn Ver d’Abaim. Ils méritent beaucoup mieux. Le temps de changer la donne et d’aspirer à des lendemains meilleurs est là. À chacun son choix de faire preuve de responsabilité !

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