Le soulagement et la satisfaction pouvaient se lire sur les visages des dirigeants de Linion Pep Morisyen (LPM) et du Rassemblement Mauricien (RM) à l’issue de la marche pacifique organisée samedi dans les rues de la capitale pour protester « contre les dérives d’un groupe de policiers zélés » opérant au sein de la PHQ Special Striking Team (SST) de l’ASPAshik Jagai.
Dans un concert de slogans hostiles au gouvernement et envers ledit officier de police, des centaines de personnes ont exprimé leur exaspération, tout en suivant à la lettre les instructions de la police pendant tout l’itinéraire. Les dirigeants ont tenu à rappeler que l’autorisation de la police n’a été obtenue que jeudi dernier. Aussi est-il normal, expliquent-ils, que les Mauriciens ne se soient pas déplacés en grand nombre.
Georges Ah Yan et les principaux membres de l’entente LPM/RM – dont Rama Valayden, Nando Bodha, Dev Sunassy et Neena Ramdenee – ont tour à tour pris la parole pour exhorter les participants à respecter les consignes policières. Paré du quadricolore, l’ex-gréviste de la faim Nishal Joyram est venu soutenir les manifestants. Idem pour Simla Kistnen, également de la partie. La marche pacifique est partie du parvis de la cathédrale Saint-Louis.
« Jagai, Out! Out! Out! »
De nombreux badauds étaient présents rue Pope Hennessy pour encourager les manifestants. Surpris par l’arrivée du cortège, commerçants, retraités, étudiants, fonctionnaires et salariés du privé en ont profité pour dénoncer à leur tout le « contexte autoritaire et social » particulièrement tendu depuis plusieurs mois. « On produit une société individualiste qui sert les intérêts des plus riches, mais pas de la majorité », dénonce ainsi une manifestante. « Ils veulent maintenant nous bâillonner. No way! La revendication sociale aujourd’hui est nécessaire parce qu’on est agressés en permanence », lance un badaud. Pendant que la foule y allait de slogans hostiles, à l’instar de « Jagai, Out! Out! Out! ».
Des manifestants avaient ainsi à cœur de dénoncer les « méthodes peu conventionnelles adoptées par certains policiers », mais pas seulement. La mobilisation avait ainsi en toile de fond d’autres revendications, à l’instar de la cherté de la vie, du soutien aux radios privées et de la liberté des médias indépendants. « Outre la menace pour la liberté des citoyens et des médias libres, ce gouvernement incarne dans toute sa splendeur l’incompétence et la corruption », dira un commerçant, qui appelle les Mauriciens à continuer à s’exprimer « avec force » sur la toile et dans la rue.
Même atmosphère devant le PMO. Hommes et femmes ont tiré à boulets rouges contre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, accusé de faire preuve de « trop d’indulgence » envers les agissements de la SST. Entre les klaxons et les regards inquisiteurs de policiers, les manifestants ont poursuivi leur périple sous un soleil de plomb pour s’arrêter sur la Place d’Armes.
Motivés par le succès de leur rassemblement, les membres de LPM/RM ont appelé les Mauriciens à « rester mobilisés » en prévision d’autres mobilisations. « Nou pa pou les sa gouvernma-la dormi. Les organisations internationales sont au courant des dérives totalitaires de ces dictateurs », soutient Rama Valayden, qui a remercié les policiers ayant encadré les manifestants. « Ils ont été professionnels et nous ont bien soutenus », dit-il.
Après avoir créé la polémique la veille dans une vidéo postée sur sa page Facebook, Rama Valayden a de nouveau dénoncé l’existence d’une « mafia à l’échelle internationale » et d’une « corruption croissante » dans le pays. L’homme de loi a également élaboré sur le « transfert » de membres de la brigade antidrogue basés à La-Gaulette. « Ces huit à neuf policiers ne travaillent plus avec l’ADSU. Kot bann-la été ? Kifer zot inn transfer ? Pravind, reponn ! »
Rama Valayden va plus loin en affirmant qu’une « descente dans une villa de Rivière-Noire a été stoppée après un appel téléphonique d’une haute personnalité ». Il lance également un appel à la population, lui demandant de « ne pas s’endormir », car « nou konba pe kontinie e nou pou revinn ver zot byento ek enn pli gran lafoul ». Pour lui, « c’est un combat des justes ».
Nando Bodha, a pour sa part soutenu que « se sa vag ki pe leve-la ki pou menn nou ver enn lot destin, parski lepep inn kompran ki pe deroule ». Avant de conclure: « nou bizin ena enn lapolis ki integ kouma lepok lontan. Fode nepli ena sistem 50/50 kouma nou pe trouve aster. »