Le mois de mai s’achève sur la journée mondiale sans tabac. L’idée d’en cesser la consommation a certainement traversé l’esprit de plus d’un fumeur, mais entre y penser et passer à l’action, l’écart est grand. Voici quelques pistes de réflexion à l’attention de ceux qui hésiteraient encore.
Pour votre propre bien…
Est-il encore utile, à notre époque, de parler des méfaits de la cigarette sur la santé ? Grâce à une pléthore d’études, nous savons aujourd’hui que la consommation de tabac figure parmi les principaux facteurs de risques de maladies pulmonaires et cardiaques, et d’une vingtaine de cancers. Plus précisément, fumer augmenterait de 2 à 4 fois les risques de maladies cardiovasculaires et autour de 25 fois celui de développer un cancer des poumons. Des chiffres qui semblent parfois laisser les consommateurs indifférents, jusqu’à ce qu’eux-mêmes ou quelqu’un de leur entourage se retrouvent directement concernés…
Faut-il attendre d’en arriver là ? “Foutu pour foutu,” diraient certains, “j’y suis, j’y reste.” Pourtant, si les effets néfastes de la cigarette s’accumulent avec les années, ils sont tout à fait réversibles ! Après seulement douze heures sans tabac, le taux de monoxyde de carbone dans le sang revient à la normale. Entre deux et douze semaines sans cigarette, on note une nette amélioration de la circulation sanguine et de la fonction respiratoire. Entre un et neuf mois, la toux et les essoufflements disparaissent. Après un an, le risque de maladie cardiovasculaire est réduit de moitié.* Ainsi, année après année, le corps se remet plus ou moins rapidement des dégâts de la cigarette.
Sur le plan psychologique, on sait que la cigarette fonctionne comme une drogue, en raison de la nicotine qu’elle contient. C’est en traître que cette substance addictive dérègle le fonctionnement de votre système nerveux et vous procure un semblant de bien-être, tandis que les composants toxiques présents dans la fumée de la cigarette – goudrons, monoxyde de carbone, acide cyanhydrique, ammoniac, plomb, mercure et autres – empoisonnent vos cellules. Si la cigarette vous donne l’illusion d’être aux commandes, c’est en réalité elle qui vous tient sous son contrôle. Or, personne n’aime être manipulé ou trompé ; c’est pourtant ce qu’elle fait, cette fausse bonne amie qui vous détruit à petit feu.
*Source: World Health Organisation, “Tobacco: Health benefits of smoking cessation”, 25 février 2020
… et pour celui des autres
L’OMS parle désormais d’une épidémie mondiale de tabagisme qui ferait 8 millions de morts par an. Une drôle d’épidémie, avec des pertes évitables et des victimes consentantes ! Toutes ne le sont pourtant pas, car en réalité, quinze pour cent de ces 8 millions sont des fumeurs passifs, dont 65,000 enfants qui meurent chaque année des maladies liées au tabagisme passif.
D’ailleurs, ces dernières années, l’OMS a revu sa stratégie de lutte contre le tabac en s’attaquant plus vivement aux fabricants. Pour remplacer les millions de clients qui meurent et ceux qui arrêtent de fumer chaque année, ces derniers s’en prennent à une cible de plus en plus jeune, car plus facile à influencer et à accrocher. C’est pourquoi, cette année, le thème choisi pour la journée mondiale sans tabac est de protéger les enfants de l’ingérence de l’industrie du tabac. Selon le site officiel de l’OMS, “l’industrie du tabac vend délibérément aux jeunes une dépendance mortelle, c’est pourquoi la Journée mondiale sans tabac 2024 appelle les pouvoirs publics et la communauté de la lutte antitabac à protéger les générations actuelles et futures.”
De quoi remettre en question, chers amis fumeurs, le “bien-fondé” de votre habitude. Acheter des cigarettes, c’est déjà consentir à s’appauvrir — votre argent comme votre capital santé partent en fumée — pour, en plus, remplir les poches d’industriels sans scrupule. À l’inverse, renoncer au tabac, c’est déjouer les plans de ces derniers et opposer un modèle fort à nos jeunes. Au-delà du plaisir égoïste de tirer sur une cigarette, fumer n’est pas, en définitive, un choix qui ne regarde que vous.
Alors… Comment s’y prendre ?
Le tabac est une drogue aussi puissante que l’héroïne, plus addictive que l’alcool. Il n’est pourtant pas impossible de s’en défaire. Des milliers d’ex-fumeurs peuvent en témoigner.
J’ai récemment assisté, en observatrice, au programme Breathe Free, qui propose une méthode gratuite et naturelle pour arrêter de fumer, basée sur l’accompagnement collectif. Il en ressort qu’une transition réussie vers une vie sans tabac tient à deux ingrédients clés : la volonté et l’entraide.
Par volonté, on entend une décision informée et arrêtée, à laquelle on s’accroche jusqu’à ce qu’elle se concrétise. Informée, car cette décision doit être fondée sur des raisons bien réfléchies et solidement établies ; arrêtée, car il convient, pour commencer, de se fixer une date et un objectif. Comme pour toute drogue, il faut s’attendre à ce que l’arrêt de la cigarette entraîne des symptômes de sevrage et de manque, susceptibles de vous pousser à l’abandon. Il est, toutefois, rassurant de savoir que ces symptômes ne durent que quelques jours. La nicotine, qui en est responsable, est éliminée de votre corps au bout de quatre à cinq jours. Au-delà de ces cinq jours, votre résistance aux tentations pourrait être mise à l’épreuve. Vous ne devez rien lâcher et vous répéter constamment les raisons qui vous ont conduit à une telle décision, ainsi que les avantages d’une vie sans cigarette. Le jour viendra enfin, où celle-ci n’aura plus aucun attrait pour vous. Gardez espoir !
Cela dit, il arrive souvent qu’on se sente seul dans ce combat contre un ennemi si intime. C’est là qu’intervient le deuxième ingrédient clé : l’entraide. Certes, quelques rares champions de la détermination vous diront avoir réussi à arrêter la cigarette d’eux-mêmes, mais cela tient plus de l’exception que de la règle. Cette aide peut venir de vos proches, de vos amis, de ceux qui veulent vous voir heureux, libres et en bonne santé. Mais encore mieux, cheminer avec des fumeurs, comme vous, qui s’engagent dans la même voie, c’est trouver un soutien inégalable auprès de personnes qui se comprennent, se motivent entre elles et finissent par réussir ensemble. C’est sur la force de cette dynamique de groupe que misent des programmes tels que le Plan de cinq jours et Breathe Free*.
*Plus de détails sur le site web https://www.breathefree2.com/