Nullement question de performance sportive en cette année des Jeux Olympiques. Tout simplement, depuis le début de cette année, les chiffres se succèdent à un rythme effréné dans deux secteurs. Une séquence qui devrait interpeller plus d’un. Mais la préoccupation pour les prochaines élections générales, à plus ou moins brève échéance, ou encore pour les rassemblements politiques marquant la fête du Travail avec la guerre des foules déjà engagée, fait que cette tendance semble passer au second plan.
D’abord, cette hécatombe, avec déjà, à vendredi soir, 45 victimes dont, plus grave et triste encore, 14 jeunes de moins de 25 ans, confirme cette insécurité routière qui semble devenir une hallmark de 2024. Du jamais-vu parmi les professionnels des médias s’occupant des faits divers. Pas plus tard qu’en fin de semaine, trois nouvelles victimes en moins de 24 heures, dont l’une venant de célébrer ses 16 ans ce jour-là.
Puis, l’autre concerne l’alignement des données pluviométriques, avec 302 millimètres de pluie en moins de 24 heures à Albion le dimanche précédent. Avec son flot de catastrophes en termes d’inondations et de débordement pour des habitants dans des zones à risques. Non seulement à Albion, mais dans d’autres agglomérations.
À ces cataclysmes d’ordre naturel est venu se greffer un Man-Made Disaster avec cette maison qui s’est effondrée à Tranquebar avec le soi-disant chantier de réhabilitation et de prévention de la National Development Unit. Une enquête a été initiée au ministère de tutelle. Chut, il ne faut pas entamer l’intégrité de l’exercice.
Néanmoins, après les premières émotions devant ces drames humains, en sommes-nous réellement conscients qu’il y a quelque chose qui ne marche pas comme il faut. La campagne de sécurité routière, annoncée en fanfare, se fait de plus en plus en sourdine. Plus le nombre de victimes augmente sur les routes, plus le silence s’épaissit.
Surtout du côté de la Traffic Branch des Casernes centrales, guichet responsable de l’octroi des permis sous la Road Traffic Act, ou de la force policière, engagée dans le contrôle de routine sur la voie publique.
Du côté de la pluviométrie, les chiffres sont encore plus effarants. Les 302 mm de pluies à Albion, 232 mm au Domaine-Les-Pailles et 194 mm au Champ-de-Mars ont causé des dégâts majeurs. Les traces laissées par les torrents ont fait leur entrée au Musée de Port-Louis, avec des craintes du pire pour le patrimoine plus que centenaire souillé par la boue.
Dans ce dernier cas, les politiques ne se sont pas bousculés au portillon du Musée de Port-Louis. Une évidence : le dodo n’assiste pas aux meetings politiques. Mieux encore, les artefacts du Musée ne votent pas lors des élections générales.
Mais il y a urgence sur le plan de l’environnement. Nul besoin de se tourner vers Dubaï pour se rendre compte que les temps ont changé. L’honneur et la réputation de Dubaï International Airport ont pris un sacré coup avec les pluies diluviennes historiques mettant K.-O. tout ce que la technologie a programmé.
Dans la Grande Péninsule, la canicule plus qu’historique a des répercussions néfastes sur le flot d’électeurs aux différents centres de vote lors des élections dans la plus grande démocratie au monde.
Plus près de chez nous, sur le continent africain, au Kenya, le bilan des victimes des inondations continue de s’alourdir au fil des jours. Plus loin encore, soit aux États-Unis, des tornades balaient tout sur leur passage.
Maurice n’est nullement immunisée contre ces frasques de la nature. Certes, à un degré moindre. Mais les premières statistiques rendues publiques par la station météo de Vacoas témoignent des risques pour l’île. Le mois de janvier a été le quatrième plus pluvieux de ces 30 dernières années avec une température plus élevée que la moyenne. Pour ce seul mois, l’île a reçu 574 mm de pluie, soit plus deux fois plus (204%) la moyenne saisonnière. La pluviométrie a été excédentaire dans toutes les régions, avec une moyenne dans la fourchette de 400 à 500 mm sur le Plateau Central.
Attention, Providence se distingue avec une pointe, frisant la barre des 1000 mm, soit 999,5 mm, en un mois.
Tout cela pour le mois de janvier. Le pattern pour les trois autres mois de cette année a été sensiblement le même. Le temps ne peut plus être à l’avertissement. Mais à l’action. L’exhortation apostolique Laudate Deum sur la crise climatique du pape François remonte au 4 octobre 2023.
Cela est très loin. Mais dans l’immédiat, le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, a présenté à l’Assemblée nationale un nouvel Environment Bill, tenant en ligne de compte les desiderata du jour. Les débats arrivent difficilement à sortir la tête hors de l’eau. Très peu de chances qu’avec la campagne électorale faisant rage, l’environnement bénéficiera du traitement qui lui revient de droit et imposera le paradigm shift.
En tout cas, les effets d’El Niño continueront à se faire ressentir inéluctablement avec ses records en série…
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