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Underground Rock Festival : dimension régionale avec résonance internationale !

Port-Louis a vrombi sous des salves d’une multitude de formes de rock à l’occasion du festival mauricien, dont la réputation rayonne dans le bassin indocéanique. L’évènement organisé par Culture Events & Production se présente comme un rendez-vous régional, en accueillant des formations de l’île sœur. Mais aussi de terres éloignées comme, pour cette 6e édition, La France et Israël. Texte de : Joël Achille. Photos de : Greg Wong.

Il y a au sein de cette petite île une tout aussi discrète communauté, qui préférerait Pluto Crevé que de se soumettre à un système en défaillance. Sa noble philosophie se conjure lors de rares évènements en l’honneur de « lamizik demon ». Pour cette Generation Rock, vaut mieux vivre Anti-Clockwise que d’exister parmi les Bonobos qui psalmodient sans questionner.

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Toutefois, avant de s’ouvrir à leurs revendications de liberté, il convient de Unmind ses pensées et de s’exorciser de toute tendance pudique. Cet état d’âme agira comme Mood Magnets, attirant ceux de la même carrure. Pour beaucoup, des gens lambda de jour, qui révèlent leurs ténébreuses facettes aux incantations des riffs.

Des (Syzo)phrènes ? Peut-être. Ça Brasse spontanément parmi leurs rangs, jusqu’aux lointains sentiers de Viscera Trail. À des lieux des tracés bourgeois, qui s’embourbent dans le paraître. Ce week-end au Café du Vieux Conseil, le rock a sonné le glas ; celle de la Revolt des Divolter.

Tenue les 9 et 10 à Port-Louis, la sixième édition de l’Underground Rock Festival (URF) avait une revanche à prendre après l’annulation du concert Maytal en mai, suite à l’intervention de la police à quelques minutes du début de l’évènement, pour des raisons toujours floues.

Ce, alors que deux groupes réunionnais – Lormor et Warfield – s’impatientaient de jouer devant le public mauricien.

« La communauté rock est merveilleuse. Mise à terre, elle trouve toujours le moyen de se relever », écrivions-nous alors.

Cela avant d’ajouter : « La solidarité interîles exprimée après l’annulation constitue une lueur d’espoir. Qu’il incombe désormais d’entretenir. Au nom du rock, du riff et de l’île Maurice. »

Cette solidarité s’est matérialisée par la présence de centaines de fans de rock au Café du Vieux Conseil ce week-end. Lieu qui, au fil des semaines, se présente comme centre d’expression artistique, à quelques mètres du Musée de la photographie en difficulté et du Théâtre de Port-Louis en voie d’oubli.

Pour la présente édition d’URF, le robuste métal d’Israël a rugi à travers Viscera Trail, le dimanche soir. Mais aussi une multitude de formes de rock distillées par des groupes réunionnais, selon une ligne de collaboration artistique qui se développe entre les îles sœurs par l’entremise locale de Culture Events.

De fait, le 26 août à la Cité des Arts, à St-Denis, La Réunion, le Revenge Maytal s’était tenu avec deux formations mauriciennes (Ryoshi et Revolt) et deux groupes réunionnais (Lomor et Warfield).

La suite en terre mauricienne, ce week-end, a vu la participation de Syzo, Killing Bonobos, Pluto Crevé et également Dj Slip, tous de la Réunion. Anti-Clockwise a représenté la France, alors que l’île Maurice s’est affichée au travers de The Mood Magnets, Vincent Brasse, Divolter, Unmind et Revolt.

N’est pas Divolter qui veut.

Le rock a résonné fort sur les deux scènes. Peut-être même un peu trop, les décibels dépassant la barre des 100. Une bénédiction pour certains, un surplus pour d’autres, qui devaient quitter momentanément la foule pour reprendre leurs esprits.

Pousser ainsi le volume ne semblait guère nécessaire, l’intention des groupes suffisant amplement à invoquer l’esprit rock.

« Nous allons chasser les mauvais esprits de cette assistance », ont grondé les chamanes de Killing Bonobos devant une assistance possédée, ameutée aux alentours de la scène intérieure.

Les barrières métalliques les séparant de la scène porteront pour longtemps les secousses de cette foule hypnotisée.

Durant cette séance « d’exorcisme », les tignasses s’agitent violemment, alors que des flots de mousse – sacrée en cette heure – s’aspergent sur les fidèles du rock. En cette nuit fraîche, les feux des entrailles du rock feront virevolter les chemises.

« Let it out ! », devait enjouer le groupe réunionnais.

Sur la deuxième scène, installée en dehors, les reprises de Joël Ramdoo et sa voix captivante ont subjugué. Tout comme la performance énergique du batteur Gary Mach, qui accompagnait Vincent Brasse et également Divolter.

Le quintet mauricien a signalé son retour avec, en ouverture, le sega d’un groupe de jeune ravaniers et de danseuses. Le 6/8 a peu à peu laissé place au rock, sans toutefois totalement disparaître.

Si certains s’offusquent des Armada et autre Joker, c’est qu’ils n’ont rien vu de Divolter. Les politesses s’adressent cordialement à un public jugé trop timide.

Les paroles, elles, retiennent la poésie des injures kreol, balancées pour dénoncer la colère et les injustices de cette île. Le mirage d’une indépendance qui condamne des minorités à des vies sans rêves.

D’élégants vers se déclament envers la police, dont certains agents se sont présentés dans la soirée de samedi pour demander de baisser le son… Une intervention qui justifierait les civilités proférées à leur encontre ?

Avec cette 6e édition, Culture Events renforce le statut de l’URF comme un rendez-vous régional en nos terres.

Pour que vive le rock en notre île, et au-delà !


Julien Vabois (Holysoul et Pluto Crevé) :
« La collaboration Maurice–Réunion se poursuivra »

Le Réunionnais Julien Vabois

« Je n’avais pas tellement conscience au départ de l’importance de notre présence à Maurice. Nous sommes venus ici en 2022 et en 2023 avec Holysoul, et cette année également avec Pluto Crevé. Je suis heureux de participer à cet évènement avec les groupes de l’océan Indien, de la métropole et d’ici.

« Quelles que soient les esthétiques musicales que nous proposons, la sincérité et l’énergie se développent, tout en renforçant la solidarité. Nous amenons une toute petite contribution à cette aventure avec l’URF et toute l’équipe. La collaboration Maurice–Réunion se poursuivra avec grand plaisir. Nous pouvons nous entraider et nous avons des choses à nous apprendre. Vous avez beaucoup de courage, d’énergie et d’abnégation dans ce que vous réalisez. C’est un bel exemple ».

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