L’heure des vacances pour les membres de l’Assemblée nationale a déjà sonné. Mais cette coupure se fait-elle dans une ambiance de tout repos ? Quelques nuages, en effet, se pointent à l’horizon… Pravind Jugnauth a lui-même laissé échapper un « pwalon-la so » qui se passe de commentaires. Même s’il viendra justifier par mille arguments que son gouvernement est solide et qu’il n’a aucune raison de s’en faire, le citoyen lambda sait pertinemment bien que « all is not well » ! Et il n’y a pas que l’officialisation du bloc de l’opposition parlementaire qui assombrit le ciel de la maison orange.
Mardi, lors des débats sur le Finance Bill, l’intervention du Deputy Prime Minister (DPM) révoqué, Ivan Collendavelloo, ne peut être traitée d’anecdotique. Le leader du Mouvement Liberater (ML), allié d’origine et de taille du gouvernement MSM depuis 2014, n’a-t-il pas essuyé un camouflet avec le refus catégorique du Grand argentier quand il a présenté une motion pour conférer davantage de pouvoirs aux administrations locales ? Que recelait le “move” de Collendavelloo, secondé par le Deputy Speaker de l’Assemblée, Zahid Nazurally ? Les deux membres du ML cherchaient-ils uniquement à faire une proposition, et qui s’ancre, pour une fois, parfaitement dans l’exercice démocratique ? Ou souhaitaient-ils autre chose ?
Nombre d’observateurs politiques ont souligné que la posture adoptée par le duo Collendavelloo/Nazurally relève davantage d’une prise de position propre aux membres de l’opposition. C’est une lecture, soit. De plus, la rapidité avec laquelle Arvin Boolell a dégainé des rangs de l’opposition, saluant la proposition du ML, apporte encore plus d’eau au moulin… Il se peut aussi, tout simplement, que l’ex-DPM voulait faire une proposition sur laquelle, à son sens, le gouvernement mériterait de s’attarder et de réfléchir. Quoi qu’il en soit, le malaise était bien perceptible, surtout quand les deux du ML ont essuyé le froid refus d’un Padayachy catégorique ! Quoi qu’Ivan Collendavelloo vienne dire, s’il tente quelque explication, et même s’il cherche à “downgrade” l’incident ou noyer le poisson, le fait demeure que cet incident ne peut être passé sous silence. Et le ton persiflant de Padayachy, toujours, à déclarer que « Collendavelloo a le droit de ne pas être d’accord », ne peut-il pas être perçu comme « adding insult to injury » ?
Ce malaise ML vs GM de Pravind Jugnauth n’est pas isolé. Il y a aussi à mettre au compteur le désaccord exprimé par le même Collendavelloo avec le « galimatia » de l’actuel DPM Steven Obeegadoo dans l’affaire des terres allouées aux représentants des centres culturels tamouls. Voilà qui vient sérieusement mettre en péril la fameuse réunification des anciens mauves, qui ont découvert que « orange is the new purple » !
Ces vacances parlementaires démarrent sur un ton amer pour la population. La vague de sympathie envers Yogita Babboo, l’hôtesse de l’air et présidente du syndicat AMCCA, brutalement débarquée de ses fonctions parce qu’elle tient un discours franc, direct et sans fards, ne cesse d’augmenter. Et gagne encore plus d’ampleur avec le refus de Pravind Jugnauth de rencontrer le comité syndical unifié qui s’est créé dans le sillage de ce licenciement choquant. Admettons qu’il était quasiment prévisible, à suivre le comportement du Premier ministre quand il s’agit de tout ce qui n’est pas en faveur de son gouvernement, qu’il faut être naïf ou idéaliste pour penser que Pravind Jugnauth aurait rencontré les syndicalistes. Même sans faire de promesses ni prendre d’engagement. Mais qu’est-ce que ça lui coûterait de les écouter ?
Comme Padayachy, c’est un refus strict et sans appel que Pravind Jugnauth a infligé en guise de réponse à Yogita Babboo et ceux qui la soutiennent ! Est-ce là un comportement responsable et mature de la part d’un chef de gouvernement ? Doit-on y percevoir arrogance et suffisance plutôt qu’autre chose ?
Parallèlement, le conflit entre le DPP et le CP Dip s’enlise encore un peu plus chaque jour. Ce qui n’augure là aussi rien de bon. Le DPP Ahmine et ses collaborateurs semblent bien décidés à faire respecter la loi, et l’on ne peut que les saluer pour leur conviction, courage et bravoure à tenir bon contre vents et marées. L’opacité qui caractérise une foule de scandales et de problèmes non résolus de ces dernières années ne doit pas être entretenue. Les vérités doivent être mises au jour pour que ce pays respire enfin librement.