Un système éducatif qui permet de rester debout dans la dignité

Samad Ramoly

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Il est généralement admis que, pour citer le pédagogue Peter Hyman, « le but de l’école est de développer l’enfant dans sa globalité – la tête, le cœur et la main. Réfléchir en profondeur (tête), développer l’intelligence émotionnelle (cœur) et devenir créatif dans la résolution de problèmes (main) ».

Pour commencer, nous devons reconnaître que la génération Alpha (née après 2010) grandit dans une atmosphère qui tend à être façonnée simultanément par le stress toxique sous diverses formes (la série « Adolescence » sur Netflix fournit des indications utiles sur le déséquilibre existentiel) et par la nature numérique de la plupart des interactions. Le confinement de Covid-19 a sans doute contribué à perturber davantage leur santé mentale et leur capacité d’attention. Il ne s’agit pas d’un scénario catastrophe, mais d’un constat de réalité. Planifier à l’avance, c’est invariablement aussi une atténuation des risques. Le type de programme d’études est essentiel pour atteindre le plus efficacement possible les objectifs de l’éducation.

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Pour que la mentalité centrée sur les examens et les résultats académiques soit moins prévalente, un système éducatif holistique doit être mis en place avec notamment :

  • des enseignants valorisés en tant qu’accompagnateurs (le « cours magistral » est devenu si ringard);
  • des parents engagés en tant que partenaires ;
  • des enfants motivés en tant qu’apprenants actifs ;
  • un apprentissage par l’expérience (apprendre en pratiquant/en jouant);
  • une approche interdisciplinaire ;
  • un apprentissage par cœur réduit au strict minimum.

Le système éducatif finlandais a toujours été plébiscité pour sa capacité à former des enfants équilibrés. Cependant, au cours des deux dernières décennies environ, le Baccalauréat International (IB/ibo.org) a acquis le statut d’étalon-or. Qui plus est, le directeur général en exercice de l’IB a également été le directeur général de l’Agence nationale finlandaise de l’éducation. Il convient de souligner que l’éducation de l’IB ne commence pas et ne s’arrête pas à la fin de l’enseignement secondaire (Programme du diplôme/IBDP). Il s’agit d’une éducation complète qui commence par le Programme primaire (PP), qui intègre également les principes clés de la méthode Montessori, et qui se poursuit par le Programme d’éducation intermédiaire (MYP) jusqu’au IBDP.

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Il n’y a pas si longtemps, le Programme à orientation professionnelle  (IBCP) a été mis en place et il « permet d’acquérir des compétences essentielles pour l’avenir des apprenants et les prépare à tracer leur parcours professionnel, en associant des disciplines scolaires avec leurs domaines d’intérêt professionnel ».  Tous les programmes de l’IB sont continuellement rafraîchis et remaniés – un cours sur le leadership est actuellement à l’essai. La cohérence des programmes scolaires est essentielle pour stimuler l’apprentissage tout au long de la vie. La formation professionnelle ne mérite pas une mauvaise réputation, comme le prouve amplement la Suisse, pays très performant.

L’IB n’est pas l’apanage des élites et ne devrait jamais l’être. De plus en plus, des établissements publics à travers le monde proposent les  programmes de l’IB. Le Danemark, par exemple, envisage de proposer davantage de programmes de l’IB. En Inde, des écoles privées proposent l’IBDP moyennant des frais de scolarité peu élevés. Dans l’idéal, notre ministère de l’éducation devrait lancer un projet pilote du PYP dans chaque district avec des enfants de 3 à 6 ans et les laisser poursuivre leurs études jusqu’au MYP, à l’IBDP ou à l’IBCP. Quoi qu’il en soit, le ministère doit s’inspirer de l’IB. Pourquoi ne pas explorer sa pertinence en visitant Clavis School et le Bocage, qui proposent les programmes complets de l’IB ? Même s’il faut tenir compte du fait que la mise en œuvre des systèmes se révèle difficile dans Maurice d’aujourd’hui, avec une population cherchant désespérément un leadership éclairé.

Les propositions suivantes peuvent être mises en œuvre simultanément afin de fournir l’éducation holistique à laquelle nous aspirons tous :

  • Roots of Empathy/(Racines de l’empathie (rootsofempathy.org) est « un programme de classe basé sur des preuves qui cherche à réduirel’agressivité, accroît le partage, la bienveillance et l’inclusion, et favorise la résilience, le bien-être et la bonne santé mentale » ;
  • des activités intrascolaires telles que le yoga, la cuisine et le jardinage (essentiellement dans le but de réduire la dépendance sur la consommation d’aliments ultra-transformés), les arts martiaux, les arts et la musique, les échecs, le théâtre, les activités sportives, etc ;
  • des cours interculturels avec exposition aux dimensions culturelles et spirituelles des religions à Maurice et au-delà ;
  • l’enseignement sans tabous de l’histoire de Maurice et du monde doit faire l’objet d’un enseignement obligatoire ;
  • une immersion beaucoup plus importante dans la langue anglaise, la lingua franca mondiale ;
  • la participation au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) qui mesure la résolution de problèmes et la cognition tout en contrôlant la performance du système éducatif en place.

L’éducation est un facteur primordial pour déterminer les compétences du capital humain d’une nation et son bien-être. Nous avons été trop complaisants jusqu’à présent avec un système qui continue à récompenser de moins en moins de citoyens. Il est certain que l’intelligence artificielle et les technologies de l’information continueront à impacter notre existence, pour le meilleur comme pour le pire. Même si le système éducatif parfait n’existe pas, nous devons résolument préparer les générations futures à s’adapter à un monde qui récompense froidement les personnes les plus agiles sur le plan cognitif, les plus perspicaces  et les plus intelligentes sur le plan émotionnel, plutôt que le nombre de diplômes dont on fait étalage.

 

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