ROBERT FURLONG, citoyen à Rs 26 au taux du dimanche 24 juin 2018
Comment appelait-on cela au temps maudit de l’esclavage ? Je veux dire : comment procédait-on à l’évaluation des « marchandises en vente » ? Aidez-moi, amis historiens… Bien entendu, il y avait l’achat par lots, au prix de gros payé souvent par des breloques, babioles, broutilles, gadgets et Cie… puis la vente au détail aux enchères générant paiement cash, rubis sur l’ongle… Souvenez-vous des critères : la musculature, la dentition, etc., etc… « L’image est abusive, » me rétorquerez-vous, « nous n’en sommes pas là… » Le croyez-vous vraiment ? Réfléchissez…car, en fait, chaque million de dollars entrant et donnant droit à la citoyenneté mauricienne correspond symboliquement à un achat en gros des 1,3 M de Mauriciens que nous sommes.
Chaque Mauricien a été donc, grosso modo, évalué à 76 cents américains … soit, résilience sauce locale traditionnelle comprise, autour de Rs 26 par tête (au taux de ce dimanche 24 juin 2018)… Attention aux mégoteurs : ce prix est un prix plancher non-négociable et ce, quels que soient la musculature, la dentition, l’état de santé, etc. de la marchandise… Soyons clairs : ventrus, diabétiques, alphabètes, analphabètes, dealers, récidivistes, citoyens honnêtes, toutes religions et sectes confondues, toutes tendances sexuelles respectées : nous valons tous Rs 26 pièce… et de quoi nous plaignons-nous car nous voilà enfin grâce à la perspicacité de nos gouvernants – merci, patrons ! – vraiment égaux… Ni citoyens de première classe, ni citoyens de bas étage : Rs 26… Et soyez rassurés : nos ministres et nos députés valent exactement le même prix… Et je m’insurge contre ceux qui veulent les dévaluer, les brader en les proposant avec un prix promotionnel parce qu’ils atteignent tous bientôt leur date de péremption… Non, non, non : même si ceux-ci ont largement démontré qu’ils ne valaient pas un clou, restons démocratiques et accordons-leur la même valeur basique… Tous égaux devant l’acheteur !!! Tous solidaires !!! Aucun tarif préférentiel, aucune commission à quiconque !!! En prime, s’il le faut, on y mettra quelques chauves-souris : on en a à revendre…
Est-ce croyable ??? On élit des gens – souvent par défaut plutôt que par compétence – et voilà qu’au prix où ils sont grassement payés – non comprises commissions sur marchés, grands projets ou étaux de bazar etc. – voilà qu’ils nous vendent !!! Vous attendiez-vous à celle-là ? Je me dis : est-ce du patriotisme éclairé ? Il y a peu de temps, un industriel de la place – envers qui l’État avait été condamné à un montant conséquent d’indemnisation pour un contrat non respecté – avait bloqué les fournisseurs de carburant dans le port de départ vers Maurice… Que n’avait-on entendu alors de la part de ceux qui veulent aujourd’hui nous brader à vil prix ? L’industriel s’est vu taxé d’antipatriote, ni plus ni moins… Mais, au fond, prenant l’antipatriotisme comme instrument de mesure, n’est-ce pas plutôt à ceux prônant dans leur sagesse grassement rémunérée la grande braderie de notre identité que nous devons l’appliquer ?… Ont-ils été élus pour cela ? Et de quel droit viennent-ils avec une telle proposition ???
Judas, reviens !!! Tu peux gagner aujourd’hui bien plus que trente deniers !!! Et nous ne manquons pas de fils de dieux à vendre, tant il y a de chapelles et religions ici !!!
Foufffff…