Un monument incontournable au Ward IV de la capitale. Surtout une adresse difficile à rater à la rue Saint Georges. Certes, dans le temps. Aujourd’hui, cent ans après, que de vagues souvenirs. Mais le manguier dans la cour principale tient toujours. Comme un rappel !
Ce même temps a fait son œuvre et les activités ont été délocalisées. Initialement, la fierté de la capitale, puisqu’il a vu le jour à la rue Condé de ce même Ward IV. Puis, il s’est installé à la rue Saint Georges pendant une bonne partie du siècle dernier.
En ce début du XXIe siècle, cette enseigne s’affiche dans d’autres régions de l’île. Mais toujours avec le même souci transmis par la devise Labor Omnia Vincit – le travail vient à bout de tout – du poète romain, Virgile, connu pour son épopée en douze chants, L’Énéide.
Une devise qu’arbore encore chaque collégien sur sa chemise d’école aujourd’hui comme pour réaffirmer qu’il n’y a pas mieux que le travail. L’effort du travail bien fait. Peu importe cette pléthore d’Allowances évoquées lors des récents débats à l’Assemblée nationale sur le budget en 2024/25.
En passant, pour le dernier jour des débats budgétaires, le terme Allowances a été cité en pas moins de 72 occasions. C’est ce que révèle un simple exercice Find dans le Hansard. Pour les autres jours de débats, le décompte ne s’annonce nullement différent.
Trêve de digression. Il y a cent ans de cela, soit en 1924, Jean Arthur Bhujoharry fondait l’une des premières institutions secondaires privées de l’île. Son fils, Alex, sous qui le collège Bhujoharry a connu ses beaux jours, n’avait alors que 20 ans.
Longtemps encore, ceux de l’époque gardaient à l’esprit ce sens de la discipline innée et de la rectitude d’Alex Bhujoharry en face des élèves. D’autres moins âgés ont connu la période marquée par un autre pédagogue hors pair, mais avec une règle de conduite sans écart. Laval Lan Fat Po avec à ses côtés, comme une ombre, Matthieu Laclé. Attitude compensée par la bonhomie de Manfred Bhujoharry, qui avait su reprendre la relève du père Alex il y a un demi-siècle de cela.
Le collège Bhujoharry demeure ce centenaire discret mais avec un rayonnement sans égal dans cette île Maurice d’hier et de demain. Une vérité de La Palice de dire que dans n’importe quel secteur du quotidien, de l’académie, au social en passant par le sport, l’empreinte de l’héritage d’Alex Bhujoharry est pérenne.
Des hommes et des femmes, ayant fréquenté les salles de classe, souvent des fois pas aussi meublées et équipées pédagogiquement comme celles des académies ou des State Colleges du jour, ont connu leurs heures de gloire d’étudiant.
Qui d’entre eux auront oublié la fierté d’être aux premières loges de la Prize Giving Ceremony annuelle, se déroulant dans nul autre décor somptueux que le Théâtre de Port-Louis, aujourd’hui bicentenaire. Et le Bhujoharry College Sports Day sur le terrain des Casernes centrales, haut lieu du sport de la capitale d’antan. Un épanouissement complet de la jeunesse.
Dans les coulisses de ces 100 ans de réalisations, des hommes et des femmes se sont succédé au tableau noir ou encore se sont engagés corps et âme pour préparer cette masse critique de la jeunesse d’hier à assurer la relève de l’île Maurice de demain. L’élite des deux Royal Colleges ou encore du John Kennedy College et du Queen Elizabeth College d’alors ne pouvait faire le poids devant l’immensité de la tâche post-indépendance.
Cent ans ! Le moment de reconnaître la mission accomplie par ces enseignants, souvent des fois issus des milieux aussi modestes que les élèves, ne s’épargnant aucun effort pour mettre l’éducation à la disposition de tout un chacun. Indistinctement et invariablement. L’éducation, véritable poulie majeure de l’ascenseur social dans ce qui était présenté comme un Overcrowded Barracoon.
Il y a 50 ans, un enseignant avec un Full SC touchait Rs 290 par mois. Un autre avec un Full HSC Rs 450 par mois. Ce n’était pas une fortune. Encore plus qu’à cette même époque, les leçons particulières n’étaient pas aussi en vogue.
Même si certains des enseignants, après les heures de classe, se mettaient à la disposition des élèves des plus méritants pour redoubler d’efforts, permettant à ces derniers de s’épanouir. Et cela, contre aucune rémunération. Sauf un petit souvenir devant le succès éclatant à la proclamation des résultats de fin de cycle.
Une petite piqûre de rappel à la direction de la PSEA du jour. Rares étaient les enseignants du secondaire privé de l’époque qui pouvaient prétendre présenter de diplôme de PGCE pour se faire recruter.
Mais ils avaient mieux que le PGCE, their dedication for the education of the downtrodden.
Chapeau à tous ces enseignants, certains de simples anonymes ou d’autres réalisant des parcours exceptionnels dans l’éducation après des débuts modestes dans ce petit collège, qui ont défilé depuis 1924 dans les salles de classe du collège Bhujoharry.