Après trois années d’enquête suite à la découverte de 85 kilos de cocaïne dans une tractopelle dans l’enceinte de Scomat à Pailles, la police n’a pu identifier aucun responsable. Le dossier a ainsi été transféré au Bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) pour avis. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre suppléant, Steve Obeegadoo, à l’Assemblée nationale, hier.
D’entrée de jeu, Steven Obeegadoo est revenu sur les circonstances de la détection de la présence de cocaïne d’une valeur marchande de Rs 1,4 milliard le 10 juillet 2019. La tractopelle avait été embarquée au Brésil et débarquée une première fois au Maroc avant de rallier Port-Louis sur un autre navire. Il a ajouté que 18 personnes, dont des employés de Scomat, ont été entendues dans cette affaire. La collaboration d’Interpol a aussi été sollicitée.
Le Premier ministre suppléant affirme que ce cas se révèle particulièrement complexe. D’où la décision du commissaire de police de soumettre le dossier au Directeur des poursuites publiques.
Boolell : Le Premier ministre suppléant vient de répéter exactement ce que le Premier ministre avait dit il y a quelque temps de cela. Pourquoi cette enquête prend-elle autant de temps ? Cela fait plus de trois ans qu’on enquête à ce sujet. Où est votre engagement de combattre le trafic de drogue sans relâche ? Est-ce cela votre engagement ?
Obeegadoo : Je demanderai à l’honorable gentleman de ne pas s’exciter. Ce n’est pas bon pour sa santé…
Des protestations d’Arvin Boolell se font entendre dans l’hémicycle.
Boolell : Je parle de certains faits, ce sont des faits…
Speaker : Vous répétez votre question, vous répétez vos faits…
De nouvelles remarques du député Boolell.
Speaker : Non, vous êtes très romantique… restez tranquille.
Obeegadoo : Au-delà de la posture politique de l’honorable gentleman…
(Protestations)
Speaker : Que se passe-t-il encore ? Laissez-le répondre. Vous ne pouvez pas malmener un ministre… Laissez-le répondre. Vous n’êtes pas intéressé avec la réponse ? En êtes-vous sûr ?
Obeegadoo : Il semble que pour certains, quand ils sont dans l’opposition, le Question Time est un acte d’intimidation et de Bullying. Et je crains que cela ne marche pas. On peut bien avoir un échange courtois pendant le Question Time. Dans ce cas précis, j’ai pris la peine de répondre à la question posée par deux parlementaires.
J’ai déjà donné toutes les informations obtenues de la police. Vous savez qu’on ne peut interférer dans les investigations. On ne peut donner tous les détails. J’ai dit que la police a pris des Statements de toutes les personnes qui auraient pu avoir des informations sur la drogue trouvée dans cette tractopelle. La police a aussi contacté toutes les agences internationales. La police a pu établir le trajet du véhicule. On n’a pas plus d’information pour le moment. L’honorable membre a été dans le gouvernement par le passé, il sait à quel point c’est difficile de traiter ce genre de chose.
Pour ce qui est de notre engagement, je pense que le nombre de saisies au cours de ces deux dernières années démontre la volonté du gouvernement, du Premier ministre et de la police à protéger notre population et à combattre les importateurs et les trafiquants. Dans ce cas particulier, étant donné sa complexité, la police a décidé comme prévu par la loi, de recourir au DPP pour un avis sur la marche à suivre. J’espère que l’honorable gentleman n’y voit aucune objection.
Boolell : Ma préoccupation est celle de tous. Ma préoccupation concerne aussi l’ADSU. Est-il au courant que par le passé, des Exhibits, placés dans les locaux de l’ADSU avaient disparu et ont été remplacés par d’autres substances. La drogue saisie atterrit finalement dans la rue pour tuer nos enfants.
Speaker : Ce sont des suppositions…
Boolell : C’est la vérité.
Speaker : Ne discutez pas avec moi…
(Rires)
Le bon côté de la chose c’est que vous avez permis un peu de rires…
Cela suffit, pas de commentaires, laissez le ministre répondre !
Obeegadoo : Je concède que l’honorable gentleman est bien plus au courant que moi de ce qui se passait avant 2014. Mais la question ne concerne pas le passé. De même, en tant que parlementaire expérimenté, je m’attends qu’il n’interrompe pas constamment celui qui veut donner des réponses. Il doit savoir que les interpellations supplémentaires doivent émaner des informations supplémentaires sur la question principale. S’il veut parler spécifiquement de certains cas par le passé, il peut adresser une question à ce sujet.
Assirvaden : Le Premier ministre suppléant parle de 85 kg de cocaïne, alors que la communication de la police, avait parlé en 2019, de 95 kg de cocaïne. Le Premier ministre suppléant concède lui-même qu’après trois ans, l’enquête n’a pas abouti, que personne jusqu’ici n’a été arrêté. Donc, trois ans après, M. le Premier ministre suppléant, doit-on conclure que les trafiquants de drogue, à hauteur de Rs 1,4 milliard sont toujours dans la nature et continuent de nuire à nos enfants et à la famille mauricienne ?
Obeegadoo : Quelle était la question au final ? Peut-on conclure que les trafiquants de drogue sont toujours dans la nature ? D’abord, M. le député attire mon attention sur le fait que je me suis référé à une quantité de 85 kg, alors que la police aurait antérieurement parlé de 95 kg, je n’ai pas ce renseignements. En ce qui concerne le responsable, il y a bien un responsable quelque part. (Consultant un morceau de papier qui lui a été remis)
Je me permets d’éclairer l’Assemblée nationale, selon les renseignements qui m’ont été fournis, le 7 juillet 2020, le Premier ministre s’était référé à trois sacs contenant 92,5 kg de cocaïne, incluant l’emballage. C’est probablement la réponse à cette différence que vous avez relevée avec raison.
Si vous avez d’autres renseignements, il est de votre devoir de les communiquer.
Donc, je disais, il y a bien un responsable. Est-ce que ce responsable, il est au Brésil, au Maroc ou à Maurice ? Nul ne le sait à ce stade. Est-ce que cette drogue était destinée à Maurice ou est-ce qu’il y a eu quelque part, parmi les responsables, erreur. Personne ne le sait. L’enquête a retracé la route qu’aurait suivie ce véhicule pour parvenir à Maurice. La police tente toujours d’obtenir de l’étranger, quant à ce qui s’est passé au moment de l’embarquement ou du transit, mais à Maurice, à ce stade, nous n’avons pas plus d’informations. C’est pour cela, comme le prévoit la loi, que le dossier va être transmis au DPP pour que nous soyons mieux instruits – que la police soit mieux instruite – quant à la voie à suivre.