Tourisme réceptif – MANQUE À GAGNER — La saison des croisières compromise par les tensions géopolitiques en Mer Rouge

Le secteur des croisières se remettait graduellement de la pandémie ces dernières années, mais la saison 2024/25  allant de novembre à mai), qui est déjà bien entamée, est sérieusement compromise. Des paquebots – comme l’Aida Prima, le Costa Smeralda et le Dumont-D’Urville – ont déjà fait escale depuis le 20 novembre dernier. Et d’ici à la fin de la saison, d’autres – comme l’Aida Sol, le Costa Smeralda, l’Aida Prima ou encore l’Aida Stella – so,t annoncés avec fanfare à Port-Louis. Au total, durant la saison, ce seront quelque 40 000 passagers qui auront fait escale à Port-Louis, incluant 12 000 passagers qui débarquent pour visiter le pays et faire des excursions.

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Pour autant, le secteur affronte des difficultés, et les opérateurs locaux font grise mine. Le nombre de bateaux faisant escale à Port-Louis a en effet nettement diminué cette saison, et le manque à gagner est conséquent pour les prestataires locaux dans le secteur du réceptif.

Christian Lefèvre, Managing Director de Coquille Bonheur, réceptif très engagé dans la prise en charge de croisiéristes du monde entier débarquant à Maurice, explique : « l’industrie des croisières à Maurice connaît actuellement des bouleversements en raison des tensions géopolitiques dans la région de la Mer Rouge. Ce passage maritime stratégique, qui relie l’Europe à l’Asie, et constitue une route majeure pour les navires de croisière, est affecté par les conflits armés, notamment dans les zones avoisinantes, comme le Yémen et l’Éthiopie. Ces instabilités ont conduit plusieurs compagnies de croisières à revoir leurs itinéraires, réduisant ainsi la fréquence des escales à Maurice. »

À ce stade, plusieurs grandes compagnies de croisières, comme Costa Croisières ou MSC, ont annulé ou modifié des itinéraires qui incluaient traditionnellement Maurice. Ces changements visent à éviter les zones de tension afin d’assurer la sécurité des passagers et des équipages en priorité. Avec moins de navires accostant Port-Louis, le flux de touristes visitant le pays a donc diminué, avec un impact direct sur les revenus du secteur touristique local, notamment les excursions, les restaurants et autres sites généralement visités par ces croisiéristes, avides de découvrir la culture locale.

Face à cette situation, Christian Lefevre estime que Maurice doit impérativement chercher à s’adapter et à diversifier ses opportunités dans le secteur maritime. Il s’agit d’abord de renforcer les routes alternatives. « Les itinéraires passant par l’Afrique du Sud et les Mascareignes pourraient être davantage promus. Ces routes, plus sûres, offrent une alternative viable pour attirer des croisiéristes dans l’océan Indien », fait-il comprendre.

Il suggère également d’unir les forces de divers opérateurs locaux et étrangers sur le plan promotionnel. « Le gouvernement mauricien, en partenariat avec des opérateurs portuaires et des compagnies de croisière, devrait travailler à renforcer la promotion de l’île comme une escale incontournable, malgré les tensions régionales », soutient-il.

Enfin, il trouve qu’il y a une carte à jouer en développant les croisières inter-îles, reliant Maurice, Rodrigues et La-Réunion, afin de maximiser les opportunités « dans une région plus restreinte, mais sécurisée ». Il ajoute : « la sécurité reste une priorité absolue pour les compagnies de croisières et leurs passagers. En ce sens, Maurice a un rôle à jouer en offrant des garanties et en renforçant ses infrastructures pour accueillir des navires en provenance de zones sûres. » 

Bien que la situation actuelle représente un réel défi, elle offre également une opportunité de repenser le secteur. En renforçant les pratiques de durabilité et en se concentrant sur des segments de niche comme les croisières de luxe ou d’expédition, Port-Louis pourrait continuer d’attirer des visiteurs tout en réduisant sa dépendance des routes traditionnelles.

Entre-temps, et malgré des activités de croisières réduites à Port-Louis, le réceptif Coquille Bonheur, spécialisé dans le marché du luxe, les services taillés sur mesure et les croisières, continue de prendre en charge les passagers faisant escale. Par exemple, il a accueilli le magnifique Aida Prima pour son voyage inaugural à Maurice le 26 novembre dernier, avec à son bord environ 2 700 passagers, dont 880 sont descendus faire des excursions.

Il était également Ground Agent pour le magnifique Costa Smeralda, qui a accosté le 12 décembre pour la première fois. Étant l’un des navires de croisière les plus respectueux de l’environnement au monde, car propulsé au gaz naturel liquéfié, l’arrivée du Costa Smeralda reflète l’engagement croissant en faveur du tourisme durable et de l’innovation dans les voyages.

Le navire, avec sa capacité impressionnante de plus de 6 500 passagers, a attiré un afflux de croisiéristes désireux d’explorer la beauté naturelle du pays, sa riche histoire et ses diverses attractions. Coquille Bonheur a ainsi facilité des excursions sur mesure pour ces passagers, incluant des immersions culturelles et des expériences locales inégalées, laissant aux passagers de précieux souvenirs de leur séjour sur l’île.

Un secteur perturbé par la géopolitique

Les tensions en Mer Rouge, principalement causées par les attaques de la milice Houthi au Yémen, ont un impact notable sur l’industrie des croisières. Plusieurs compagnies, comme Royal Caribbean et MSC Croisières, ont ainsi dû modifier ou annuler leurs itinéraires pour éviter cette zone. Ces changements affectent directement certaines destinations touristiques, qui dépendent des croisières pour leur économie.

Des compagnies comme Carnival Corporation ont ainsi dû ajuster les itinéraires de plusieurs paquebots, ce qui a des répercussions économiques importantes pour les ports d’escale. En plus des perturbations pour les passagers, ces ajustements augmentent les coûts opérationnels des compagnies de croisières, ce qui peut se traduire par une hausse des prix des billets. Les destinations du Moyen-Orient et de l’Asie sont également particulièrement touchées par ces modifications d’itinéraires.

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