« Tonga Soa » signifie « Bienvenue » en Malagasy. Tandis que Maurice prend enfin le pouls, nos sœurs et frères de la Grande Île sont, eux, passés à l’heure des JIOI quelques semaines avant le grand coup d’envoi du vendredi 25. Normal, puisqu’ils accueillent les jeux cette année, et que la grande fête se déroule sur leurs terres. Au coeur des festivités de la cérémonie d’ouverture, et en avant-goût dans l’hymne des jeux concocté par une pléiade d’artistes du pays, l’unité dans la diversité, avec l’accent surtout sur l’identité et la particularité qui font de Madagascar un univers à part entière. Un pays qui figure parmi les plus pauvres de notre continent, certes. Mais qui, pourtant, recèle de tant de leçons à donner aux pays voisins, de par sa diversité, sa richesse humaine et son attitude de fonceur vers un avenir meilleur. Sur une foule de tableaux, Madagascar n’a (plus) rien à envier à Maurice.
Ces dernières années, certains diront, sous la férule de son jeune et entreprenant président, que ce pays terrassé et pénalisé pendant de longues années par la corruption, les abus en tous genres et une instabilité politique quasi épidermique, a entamé une remontée lente, mais sûre. En arts comme en sports – avec son équipe nationale, les Barea, nommément, qui font la fierté des habitants – que ce soit pour les études, le travail ou le savoir-vivre, les Malgaches ont entrepris de faire la différence et prendre leur avenir en mains.
Déjà, l’hymne des Jeux ouvre grandes les fenêtres sur ce peuple qui a tant à nous apprendre ! Concocté par une myriade d’artistes, des plus jeunes aux anciens, de Tence Mena à Jaojoby, bien connu des Mauriciens, en passant par Simonda et Jerry Marcoss, cet hymne distille autant de fraîcheur que cette douceur de vivre propre aux Malgaches, et qui semble hors de portée des Mauriciens. Le morceau élaboré par ces talents de la Grande Île tranche en effet avec celui qui avait été sélectionné pour la 10e édition des Jeux qui s’étaient tenus à Maurice. La faute non pas aux artistes, mais aux politiques… évidemment !
Autant la pluralité et ce qui fait la richesse de ce peuple pauvre transpire dans les notes de l’hymne officiel de ces 11e Jeux, autant les images tournées pour agrémenter le clip, qu’il montre ses artistes, ses Miss, ses sportifs, sa faune et sa flore, tout expose dans une simplicité déconcertante le bonheur à l’état pur. Limpide, dynamique et rythmé, empreint d’un fort sentiment d’appartenance, d’identité exprimée par le biais de ses instruments de musique que ses habits traditionnels, ses rites et coutumes multiples qui s’y côtoient. Telle une carte postale, mais qui se décline sans fards ni hypocrisie. Traduisant par la même occasion persévérance, détermination, conviction et désir de surmonter leurs plus retors obstacles afin de faire triompher leur engagement et efforts conjugués.
Mais Madagascar, c’est aussi l’envers du décor, avec ces enfants non scolarisés, qui traînent dans les rues, ces mères presque aussi jeunes que leurs enfants, et ces foyers sans électricité. Ces innombrables hommes et femmes qui, dès le petit matin, parcourent des kilomètres à pied pour aller travailler, malgré une maigre pitance au bout de la journée, juste de quoi tenir jusqu’au lendemain. Autre contraste important avec notre pays, marqué par l’exode de tant de brillants cerveaux que cette main-d’œuvre locale qui s’offre le luxe de refuser des emplois !
L’attention sera forcément braquée sur ces 11e Jeux, où fair play, respect, solidarité et amitié sont les valeurs phares qui animeront la grande famille de l’océan Indien. Souhaitons que tous, d’ici et d’ailleurs, retiennent de ces prochains jours des leçons de vie et d’humanité. Qui nous permettront de dépasser ces attitudes souvent discriminantes et fort regrettables de certains Mauriciens à l’égard des habitants des îles, notamment de Madagascar et de Rodrigues.
Dans notre marmite politique en pleine ébullition, les choses bougent du côté des partis extraparlementaires, avec les rencontres cette semaine entre les formations LPM, EAM et Roshi Bhadain. On ne cessera de souligner l’importance d’une troisième force politique, surtout dans la conjoncture actuelle, avec la campagne électorale de 2024 ayant déjà démarré. Une présence au Parlement de cette nouvelle génération qui clame « Ni Navin, ni Pravind » devrait générer des débats intéressants. Reste au peuple d’avoir la clairvoyance et de donner la chance à quelques candidats solides pouvant faire la différence.