En 1967, l’année où le pays avait été appelé aux urnes pour se prononcer sur l’accession à l’indépendance, celui que l’on pourrait présenter comme un Crooner, Engelbert Humperdinck, faisait un tabac avec l’interprétation de Last Waltz, 45 tours vendus à plus d’un million d’exemplaires. Un exploit à cette époque. D’ailleurs, l’autre chanteuse vedette des années soixante, Mireille Mathieu, avait repris la version française, La dernière valse. Avec le même succès.
Aucune relation de cause à effet avec le vote décisif des Mauriciens visant à rompre tout lien de colon avec la Grande-Bretagne, ouvrant la voie à la liberté. Même si à 56 ans, le Mauricien se bat toujours pour compléter le processus de décolonisation avec l’exercice de souveraineté sur l’archipel des Chagos. D’ailleurs, ce n’est nullement un hasard que ce lundi 25 mars, le Foreign Secretary, Lord Cameron, se trouve devant une injonction pour confirmer le retour sans condition et sans équivoque des Chagossiens dans leur archipel natal.
A Last Waltz pour Londres après avoir longtemps ignoré des attendus catégoriques des décisions des plus hautes instances judiciaires sur le front international, dont la Cour internationale de Justice de La-Haye ou encore une résolution votée à l’unanimité par l’assemblée générale des Nations unies.
Lord Cameron aura-t-il l’audace politique de se soustraire à une sommation du Foreign Affairs Sub-Committee on Outer Territories de la Chambre des Communes ? L’excuse de la reconnaissance ou pas de cette institution ne se pose plus. À moins que le faucon des faucons anglais aille jusqu’à renier le rayonnement d’une instance émanant de la Mother of Parliament, la Chambre des Communes.
Des premiers pas de cette dernière valse, l’Hôtel du Gouvernement, sur avis de ses conseils légaux, décidera de la marche à suivre. Mais comme l’affirme ce fameux sigle, TINA, there is no other alternative que d’agir. Dans son exposé à titre personnel devant cette instance, le Pr Philippe Sands, KC, Lead Legal Adviser de Maurice, a déjà balisé le champ d’interventions pour contredire ce que le chanteur anglais entonnait en 1967 à l’effet que « The last waltz should last forever. »
Toutefois, une autre Last Waltz sera entamée à partir de demain au sein de l’hémicycle avec la reprise de l’Assemblée nationale pour sa First Session of the Seventh National Assembly, et surtout la dernière car la dissolution est derrière la porte.
Aucune autorité ne peut prétendre détenir la compétence voulue pour remettre en question cette disposition de la Constitution, régissant la tenue d’élections générales à Maurice. Le premier 60/0 du 11 juin 1982 a servi à caler de manière irréversible cette avancée en démocratie parlementaire.
Donc, sur quel tempo sera exécutée cette dernière valse ? Surtout pas celui de La Valse à mille temps de Jacques Brel. Que ce soit pour le gouvernement ou pour l’opposition, le temps presse. Techniquement, la mesure sera invariablement retransmise par voie de Loudspeaker avec un souci majeur du maestro de faire la démonstration que l’exécution de la symphonie a été des plus harmonieuses depuis les dernières élections législatives du 7 novembre 2019.
Surtout que toute cacophonie et notes discordantes, avec pour conséquence directe l’expulsion de la piste de danse, ne relèvent purement et simplement que de la faute de l’autre. Il est de bonne guerre en démocratie que la majorité, sur la force d’un bilan, tente de reléguer au second plan l’agressivité de l’opposition. Et aussi que cette dernière ne rate aucune occasion pour monter en épingle les lacunes, surtout les faux pas sur la piste de l’autre.
Tout cela dans ce que la démocratie a toujours prôné en matière d’alternance de pouvoir avec le choix issu des urnes.
Néanmoins, la convention parlementaire, telle que définie dans le document The Role and Powers of the Speaker of the House of Commons en date du 13 décembre 2019 souligne que « the Speaker is strictly non-partisan; accordingly, a Speaker is expected to renounce all affiliation with their former political parties when taking office and afterwards ». Ce document ajoute que « authority and impartiality are identified as the chief characteristics required of a Speaker. Confidence in the impartiality of the Speaker is described in Erskine May as an indispensable condition of the successful working of procedure ».
Et cette Last Waltz, dans la mesure où “the Speaker symbolizes the authority of Parliament” ou encore que l’une de ses attributions est de protéger la voix des plus faibles au sein de l’hémicycle, sera suivie avec attention dans la conjoncture politico-électorale…