La rentrée parlementaire, ce 26 mars, sera le déclic à la campagne, qui s’étendra sur les prochains mois. Jusqu’à ce que Pravind Jugnauth brise le suspense et décide de la date tant attendue pour laisser le verdict aux urnes. Une fois passée la trêve des carêmes catholique et islamique, avril sera très chaud !
L’annonce des répartitions des tickets par l’ancien Premier ministre, cette semaine, a fait monter la pression d’un cran. L’alliance de l’opposition parlementaire tiendra-t-elle jusqu’aux législatives ? Les trois partis iront-ils ensemble aux prochaines élections ou des surprises inattendues de l’un ou l’autre des partenaires ne viendront-elles pas redistribuer les cartes ? Ne dit-on pas que tout est possible en politique ? Et des précédents existent !
Il est clair, après les campagnes de 2014 et 2019, que l’échiquier politique n’est plus le même. La trame classique d’un bloc contre l’autre a laissé place à une configuration jusqu’ici inconnue, avec plusieurs forces, dont l’opposition extraparlementaire. Les échecs successifs essuyés par Navin Ramgoolam, la perte de terrain conséquente de Paul Bérenger, l’érection de Xavier-Luc Duval en joker, qu’il ne faut surtout pas négliger, et encore moins sous-estimer, face à un Pravind Jugnauth essoufflé, gangrené par des ministres traînant des scandales, flanqué d’ex-militants avides de pouvoir et qui se tirent dans les pattes, tout cela offre une cartographie politique totalement inédite.
Et avec un climat social des plus volatiles, nombreux sont ces citoyens qui craignent hélas, le pire. C’est-à-dire que cette présente campagne pourrait être entachée de bagarres, de dérapages, d’émeutes et d’autres violences. Ce qui ferait basculer le pays et chavirer notre paix. Il faut dire que, sur ce plan, rares sont ces politiques ayant à coeur de panser sincèrement les blessures et prouver leur authenticité en se rangeant aux côtés du peuple. La grande majorité se complaît de discours creux et de slogans sans grande conviction. Actions ? Zéro !
Probablement attendent-ils le coup de sifflet de Pravind Jugnauth pour descendre sur le terrain et exécuter leur numéro évidemment réchauffé, qui ne dupe plus grand monde. Sur ce plan, l’opposition extraparlementaire s’est (heureusement) bien distinguée. À titre d’exemple, l’exercice proposé par Rezistans ek Alternativ (ReA) le 30 mars. Un atelier de travail sur les amendements constitutionnels à apporter, après 56 ans d’indépendance, et un système qui s’encroûte. Voilà de quoi attirer un électorat (de plus en plus important) en quête d’un renouveau indispensable et d’une réelle fraîcheur, car l’on a un cruel besoin de se réinventer. Et l’urgence est bel et bien là.
Avec les bouleversements mondiaux, le changement climatique en tête, la pandémie de Covid-19 et le spectre d’autres maladies, les conflits permanents qui perdurent et changent la donne, le chantier est énorme. Sans compter qu’il y a pratiquement tout à refaire, avec la corruption, le népotisme, le favoritisme et d’autres travers qui sont devenus la norme ces dernières années.
C’est pour cette raison que l’on ne s’étonne guère que Maurice ait encore reculé dans l’indice du bonheur mondial ! 70e sur 143 pays : un score lamentable. Le rapport mondial explique que l’un des critères qui favorise la Finlande, classée première, c’est « sa connexion profonde avec la nature ». Ajoutant : « Les forêts abondantes, les lacs et l’accès à des espaces verts contribuent à un bien-être physique et mental, reconnu comme un élément essentiel du bonheur des citoyens. » Et il y a aussi ces autres conditions, comme les politiques pour la santé publique et le travail flexible qui font que les Finlandais se sentent heureux de vivre.
Comparez cela aux prix exorbitants de nos fruits, légumes et autres aliments – pas des produits de luxe, mais des basic necessities ! – des médicaments, des livres, un ticket de ciné… Et cette fâcheuse manie qu’ont ceux qui détiennent le gros capital de raser nos terres agricoles pour faire pousser… du béton. Il est où, le bonheur ? Restent nos plages pour ne pas finir en as de la consommation et du plaisir matériel !
Et pour corser la donne, l’hécatombe persiste. Trois morts en 24 heures, victimes d’accidents de la route. Triste record. Combien d’autres doivent mourir avant que ce gouvernement ne décide de réintroduire le permis à points ?
Husna Ramjanally