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The Good Shop, une mission et des vies

MEENAKSHEE KUNTZ
General Manager
The Good Shop

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Il y a presque 4 ans, j’ai dit oui à ma copine Daisy pour un rendez-vous avec une rousse rayonnante, Sarah Trudeau, cofondatrice et ex-directrice générale de The Good Shop. Ce qui m’a frappé c’est que tout dans la démarche était direct et pragmatique. Assises sous un cocotier, sur des chaises vouées à la poubelle, c’était une de ces conversations qui allait changer ma carrière. Elle m’expliquait l’entrepreneuriat social, comment allier cause environnementale à un impact sur la vie des gens marginalisés. J’avais à cœur de mettre mon expérience au service d’une création de valeur humaine, communautaire et durable. Toucher des vies en appliquant une professionnalisation rigoureuse dans la cause. J’allais surtout apprendre à fonctionner en regardant dans la même direction que des personnes d’histoires et d’espoirs différents.

The Good Shop, entreprise sociale, ne vit pas pour la profitabilité uniquement mais adopte le modèle de triple finalité . “Triple E” pour (1) Éducation : offrir une opportunité briseuse de cercles en contribuant à des bourses d’études du primaire et du secondaire; l’Emploi en offrant un accès au travail à ceux qui rencontrent une barrière naturelle (handicap, difficultés d’apprentissage, scolarité interrompue, addictions et réhabilitation, grossesses juvéniles, extrême pauvreté) à l’entrée sur le marché du travail dit classique; et enfin l’Environnement avec une attitude de servir notre île en réduisant de façon active et délibérée la quantité de déchets vers les dépotoirs en promouvant le désencombrement domestique et des entreprises.

En regardant le modèle sur papier, c’était une folie en soi que de croire que nous allons vivre des dons des Mauriciens qui nous donneraient des choses. Et puis, histoire d’amplifier l’impact, créer un réseau d’ONG à qui nous donnons ce que nous ne vendons pas et en bon état. À leur tour, ces derniers évitent le gaspillage et répliquent notre modèle à leur échelle pour générer des revenus. Encore de la folie que de vouloir devenir zéro déchet dans notre propre activité et commencer à réfléchir en termes d’innovation créative pour faire adopter une culture de slow fashion, la réparation, aux Mauriciens et transformer ce que nous avons en trop. Cette folie c’est Victoria Desvaux qui l’a portée pour réfléchir et développer sur des principes de perma croissance, Repair un service de réparation textile décliné sous forme d’items en magasins et de service de couturières. Renew est quant à elle une marque pionnière et primée aujourd’hui qui est née de la volonté de voir les surplus et des objets inaptes à la vente, non pas comme un problème d’encombrement mais comme une ressource.

Et puisque c’est une entreprise axée sur l’épanouissement individuel de notre staff, Micael Agathe a accepté le défi fou de maintenir discipline, progression des capacités et de la performance tout en donnant l’espace et l’attention nécessaire pour faire grandir et pousser des ailes d’autonomie à Jean Patrice, Anusha, Emile, Jordana entre autres, qui nous ont été référés par Inclusion Maurice, de déficiences diverses, et qui aujourd’hui sont des leaders dans leurs postes. Shrutee et Akshaye qui maintiennent l’expérience shopping au mieux alors que nous ne savons pas toujours si les donations viendront en quantité et en qualité.
Pour continuer avec la série des folies, pourquoi ne pas se bâtir un écosystème avec d’autres entreprises, opérateurs industriels, hôteliers, universités, firmes, individus, artistes, grands groupes mauriciens, petits artisans afin de catalyser l’économie circulaire et dépasser notre propre chaîne de valeur pour amorcer un changement du système.

Devenir un partenaire de solutions aux encombrements et aux déchets, les voir comme des ressources. From trash to treasure, aime-t-on dire. Se lancer dans la recherche et le développement de solutions d’intérieurs, proposer une solution à impact environnemental et social aux particuliers et entreprises qui souhaitent aménager ou rénover, c’est deux fois plus éreintant pour les ressources et pour la conceptualisation. Folie que chaque jour des Juliana, Jérémie, Damiens, Anne Kelly et Sandrine relèvent non sans mal pour rester productifs. Et financièrement comment cela se passe-t-il lorsque l’on décide de se donner des obstacles? C’est une bataille entre la frugalité, les besoins de bonne gestion et de pérennité que mène Lucy.

Folie qui n’en est pas une en vérité. C’est la réalité de toute entreprise, et encore plus pour une entreprise sociale qui ne peut fonctionner toute seule. Un paradoxe peut être dans un monde des affaires où il vaut mieux se délester des handicaps pour optimiser la création de richesses. Mais n’est-ce pas une nécessité en ces temps incertains, faire de l’intendance envers l’humain et son environnement un objectif de business?

Folie qui s’est prouvée raisonnable. The Good Shop mesure la croissance et la création de valeur par l’impact surtout : Aujourd’hui c’est 62% de nos collaborateurs issus du “empowered employment »; mensuellement, environ 400 kg de donations reçues; 8000 objets dont la vie est prolongée et qui retournent dans l’économie; 2.5 tonnes de meubles et 200 kg de textile transformés. Plus d’une centaine d’heures de sensibilisation du public sur l’économie circulaire; des revenus pour des partenaires ONG à qui nous sous-traitons, des collaborations avec des créateurs mauriciens, des projets artistiques, des contrats d’aménagement alors que le travail requiert encore plus d’effort et de réflexion conceptuelle.

The Good Shop est au-delà des individus, ce n’est pas une organisation qui ressemble à une personnalité, c’est une fondation de valeurs: le respect, l’humilité, le service, l’intégrité,l’innovation et la résilience. Les gens viennent, partent selon les saisons, et les cœurs restent attachés à la cause. Nous sommes imparfaits, ce qui nous préserve de tout orgueil de penser que nous avons tout maîtrisé dans notre mission et nous permet de vivre la diversité et le mauricianisme.
Les véritables héros de The Good Shop c’est James, né sourd et venant de Global Rainbow

Foundation à qui l’on demande chaque jour d’être au top de sa productivité alors que nous, les encadrants et collègues, ne sommes pas toujours dans l’effort volontaire de communiquer ou de le faire se sentir complètement partie prenante de l’équipe. J’ai été personnellement brisée en réalisant que le silence ou l’absence de stimulation auditive nous plonge dans une solitude extrême. Il y a aussi Krishna, de la même ONG, double amputé des avant-bras suite à une électrocution qui chaque jour nous prouve qu’il est capable de surmonter les difficultés physiques et psychologiques pour peindre, percer, poncer et assembler des meubles. Nelson, recommandé par centre réhabilitation de Terre Rouge, qui après 20 ans de toxicomanie, a décidé de revenir à la vie et “faire partie à nouveau de la société » comme il le dit en étant un pilier de notre équipe logistique et à l’atelier meubles. Nilufer, de l’Etoile d’Espérance, maman célibataire qui se bat pour un logement et la bonne éducation de ses filles et qui affronte les disparités et la dureté avec le sourire.

Nous ne sommes pas tous appelés à sortir de notre routine ou à développer une expertise pour aider autour de nous, mais nous pouvons contribuer. En ce mois de décembre, chers lecteurs, vous pouvez simplement décider d’avoir un impact en donnant et achetant pour changer des vies. Done. Aster. Sanz Lavi. Vous pouvez participer à notre campagne #DoGoodDecember en donnant des affaires que vous n’utilisez pas dans l’un de nos magasins, acheter local, durable, social pour soutenir des artisans locaux, des ONG, des entreprises locales, des initiatives et innovations durables. Nous voulons soutenir nos partenaires et ceux dont nous apprécions le travail et la cause.

 

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