Cela fera plus de quinze ans maintenant que le dossier relatif à l’inscription de l’île de la Passe au patrimoine mondial de l’humanité avait été déposé sur le bureau de Mukheswar Choonee, alors ministre de la Culture. Et depuis, plus rien ! Depuis l’inscription de l’Aapravasi Ghat, de la montagne du Morne, du séga typique, du séga-tambour, du geet gawai, et bientôt du séga chagossien, le dossier Île de la Passe n’avance toujours pas.
Pourquoi cette indifférence envers ce pan de notre patrimoine, dont témoignage est inscrit sur l’Arc de Triomphe, à Paris. Car, cette île a été partie prenante de la seule victoire française sur une flottille anglaise, en août 1810. Bien entendu, les Anglais reviendront se venger du naufrage de leurs navires, et prendront pour de bon possession de l’île, alors sous tutelle française, en décembre de la même année. Tout cela est inscrit dans les livres d’histoire, d’ici et de l’étranger.
Ce qui signifie que c’est un dossier solide qui mérite une attention particulière. D’ailleurs, même une archéologue britannique de renom, Françoise Summers, profitant d’une visite sur l’île en 2007, avait soutenu que « le dossier de l’île de la Passe soit soumis au plus vite à l’UNESCO. Il faut le faire à tout prix et très vite. On ne peut plus continuer à solliciter des sponsors pour financer sa restauration ».
La National Heritage Fund assistait à la visite de l’archéologue et de son époux Geoffrey, également un chercheur de renom. Monté par l’infatigable Philippe Lahausse de Lalouvière, dont on connaît l’amour pour la sauvegarde du patrimoine, avec l’aide de mécènes, le dossier d’inscription de l’île de la Passe dort donc toujours quelque part dans un tiroir du ministère de la Culture. Est-ce parce que le dossier a une couleur trop « blanche » qui fait qu’il ait été « oublié » en haut lieu ?
Comme l’a souligné Pravind Jugnauth, qui se veut être « le Premier ministre de tous les Mauriciens », il n’est que normal que cela soit reflété également au niveau de l’UNESCO. L’inscription de l’île de la Passe s’inscrirait donc dans cette mouvance plurielle et nationale. Avis à qui de droit !