- C’est ce que répond le ministre Ameer Meea à une PQ de Kushal Lobine
Les avantages dont bénéficient les industriels mauriciens sur le marché américain dans le cadre de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) sont sérieusement remis en cause par la nouvelle politique commerciale américaine. C’est ce qu’a affirmé, mardi, le ministre de l’Industrie et des PME Aadil Ameer Meea à la suite d’une interpellation parlementaire de Kushal Lobine. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a présidé, hier, une réunion de suivi avec les parties prenantes concernées afin d’obtenir les dernières informations sur la question et de décider de la stratégie à adopter.
L’ambassade de Maurice à Washington a déjà consulté les autorités américaines compétentes en vue d’entamer un processus de négociation afin qu’une solution puisse être trouvée pour Maurice quant au tarif réciproque de 40 %. « La partie américaine a indiqué que Maurice pourrait soumettre une proposition à l’examen du gouvernement américain. Le Comité de haut niveau, créé au sein du ministère des Affaires étrangères pour examiner cette question, travaille à l’élaboration d’un document de stratégie exposant les propositions qui seront faites par Maurice », a indiqué le ministre. Et ce, tout en indiquant que le 9 avril le gouvernement américain a annoncé une pause de 90 jours sur le nouveau tarif et l’imposition d’un taux de réciprocité à 10 % avec effet immédiat.
Aadil Ameer Meea a expliqué que l’AGOA – entrée en vigueur en mai 2000 – a été une bouée de sauvetage pour les opérateurs industriels à Maurice qui souhaitent explorer le marché américain grâce à un accès en franchise de droits et de quotas pour quelque 6 400 lignes de produits.
L’AGOA a été renouvelée pour la dernière fois en 2015 pour une période de 10 ans et doit donc prendre fin en septembre 2025. Avant son expiration, a expliqué Aadil Ameer Meea, les autorités gouvernementales ont pris les mesures nécessaires pour entamer des discussions avec les homologues américains afin de faire pression avec force en faveur d’un renouvellement anticipé de l’AGOA afin que les exportateurs aient une visibilité accrue sur le marché américain. L’AGOA devrait être renouvelée pour une période supplémentaire de 16 ans, jusqu’en 2041, à la suite du projet de loi sur le renouvellement et l’amélioration de l’AGOA qui a été présenté au Sénat américain en avril 2024.
Le président américain a présenté un décret visant à imposer des droits de douane réciproques de 40 % sur les importations en provenance de Maurice. Le 7 avril, le Premier ministre a présidé une réunion, en présence du ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful, afin de faire le point sur la situation et de décider de la voie à suivre. Le 8 avril, il a fait une déclaration à ce sujet au Parlement.
Cependant, le 9 avril 2025, le gouvernement américain a annoncé une pause de 90 jours sur le nouveau tarif et une réduction du taux de réciprocité à 10 % avec effet immédiat.
Les États-Unis constituent le quatrième marché d’exportation pour les produits fabriqués localement tels que les vêtements, les primates vivants, les bijoux, le poisson et les préparations à base de poisson, les dispositifs médicaux et les produits optiques, entre autres.
Les exportations nationales vers les États-Unis se sont élevées à Rs 6,8 milliards en 2024, avec 79 entreprises axées sur ce marché. Parmi elles, 41 entreprises orientées vers l’exportation écoulaient des produits sur le marché américain pour un montant de Rs 5,7 milliards. Sur ces 41 sociétés, 11 tiraient plus de 50 % de leurs revenus d’exportation des États-Unis. Au total, les 41 entreprises emploient environ 21 000 travailleurs, dont 10 000 Mauriciens.
D’après une enquête réalisée par le ministère de l’Industrie auprès de ces 41 entreprises, il ressort que la plupart ont contacté leurs clients aux États-Unis, qui attendent des éclaircissements sur les demandes de droits de douane réciproques par les autorités douanières américaines en vue de décider de la marche à suivre. Un sentiment d’incertitude prévaut chez certains clients, qui ont mis leurs ordres en attente.
Toutefois, beaucoup de personnes estiment qu’il est encore prématuré d’évaluer l’ensemble des implications financières et des effets d’entraînement des nouveaux tarifs qui leur sont imposés, en particulier si les clients américains procèdent à l’annulation de commandes dans les mois à venir ; et ils envisagent d’explorer de nouvelles destinations de marché, mais ce processus prendra du temps à se concrétiser.
Le ministre Meea a affirmé que le secteur des produits manufacturés d’exportation est déjà soutenu par une série de mesures, parmi lesquelles la réduction de l’impôt sur les sociétés de 3 % concernant les bénéfices tirés de l’exportation de marchandises.
Des politiques souples sont appliquées en matière de permis de travail en vertu desquelles il n’y a pas de ratio ni de quota pour les entreprises axées sur l’exportation. Les entreprises bénéficient d’un remboursement de 60 % des frais de fret aérien de base encourus pour les exportations de tous les produits vers les États-Unis et d’autres destinations du marché dans le cadre du Trade Promotion & Marketing Scheme ; de l’octroi d’une subvention de 25 % du coût de base du fret maritime, jusqu’à un maximum de 600 USD par conteneur de 40 pieds exporté vers 47 ports éligibles en Afrique par le biais du programme de remise du fret.
Une subvention de 50 % est accordée sur la prime d’assurance garantie de crédit à l’exportation supportée par les entreprises lorsqu’elles souscrivent à une police d’assurance couvrant leurs exportations vers tous les pays relevant du régime d’assurance de garantie de crédit à l’exportation. Des dispositions ont été prises concernant une subvention sur les frais de location et d’administration des entrepôts exploités par des entreprises mauriciennes en Tanzanie et au Kenya, par le biais du Programme africain d’entreposage ;
Finalement, un remboursement allant jusqu’à Rs 500 000 par an est accordé aux PME participant à des foires internationales dans le cadre du programme de remboursement des PME.
Aadil Ameer Meea a finalement souligné que son ministère coordonnera les efforts avec les institutions compétentes afin d’élaborer d’urgence un plan d’action, soutenu par d’importantes ressources financières et humaines, afin de mener des campagnes de promotion des exportations ciblées dans ces économies à fort potentiel en s’appuyant sur les accords de libre-échange.