La Financial Crimes Commission (FCC) poursuit une enquête approfondie sur un contrat d’approvisionnement en carburant de l’ordre de Rs 30 milliards attribué par la State Trading Corporation (STC) à Mercantile Maritime Ltd (MMG). Cette affaire, qui secoue actuellement les hautes sphères du secteur public, a conduit à l’interrogatoire de quatre hauts cadres de la STC, soit un directeur commercial, un directeur commercial adjoint, un responsable des finances et un directeur de l’audit. Tous sont membres du comité technique chargé d’évaluer les appels d’offres pour l’importation de carburant.
Le contrat en question, couvrant une période de 12 mois, avait été attribué à Mercantile and Maritime Group. Ce choix a immédiatement soulevé des questions, car l’entreprise n’avait aucune expertise dans ce domaine. Officiellement, la STC a justifié cette décision en affirmant que MMG proposait des conditions plus avantageuses, notamment la possibilité de régler les transactions en roupies, ce qui, selon elle, aurait permis de réaliser d’importantes économies.
Un des hauts cadres de la STC a expliqué à la FCC que cet élément était déterminant dans l’attribution du contrat car les devises de l’organisme s’épuisaient, surtout après la sortie du pays de deux confinements dus à la pandémie de Covid-19. Les protagonistes ont fourni certaines explications assez techniques sur le choix de MMG. Même si une entreprise nationale d’Oman était le Lowest Bidder, le haut cadre a indiqué que le Credit Term de MMG était supérieur et plus long comparé aux autres soumissionnaires. Et que MMG proposait aussi un Lower Premium.
Les techniciens se seraient basés sur le fait que le baril du pétrole, alors presque à USD 90 en août 2023, connaîtrait une hausse. Et que ses effets sur les consommateurs seront atténués grâce au paiement en roupies. Or, le prix a fini par baisser.
Des éléments révélés par la suite ont semé le doute sur ces justifications. Il a été découvert que les paiements effectués en roupies étaient convertis en devises étrangères par des banques locales, annulant ainsi les prétendus bénéfices financiers. De plus, la société MMG aurait bénéficié d’une garantie bancaire en dollars, présentée comme un mécanisme de soutien à la roupie, mais qui s’est avérée être un prêt temporaire, remboursé après livraison du carburant.
La FCC s’intéresse de près aux décisions du comité technique de la STC, soupçonné d’avoir contourné les procédures normales d’appel d’offres. Les enquêteurs cherchent à établir si des pressions internes ou des influences extérieures ont joué un rôle dans la sélection de MMG au détriment d’autres entreprises, notamment la société publique d’Oman qui avait pourtant proposé l’offre la plus compétitive.
La convocation des quatre hauts cadres de la STC marque une étape clé de cette enquête. Leur rôle dans la prise de décision, les critères d’évaluation utilisés, ainsi que la chronologie des événements sont passés au crible. Il s’agit pour la FCC de faire toute la lumière sur un processus d’acquisition qui soulève de sérieux doutes quant à la bonne gouvernance au sein d’un organisme public chargé d’assurer un service stratégique pour le pays.