Le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a invité hier les États membres du mouvement des non-alignés à présenter des déclarations pendant les audiences orales qui débuteront le 3 septembre prochain à La Haye. Il s’adressait à la conférence ministérielle du mouvement des non-alignés, qui se tient cette semaine à Bakou, en Azerbaïdjan.
« La Cour internationale de justice (CIJ) a décidé de tenir des audiences orales à partir du 3 septembre prochain. À cet égard, je voudrais inviter les États membres à participer activement à ces audiences afin de soutenir l’achèvement du processus de décolonisation de Maurice. Tous les États, qu’ils aient présenté ou non des déclarations écrites, peuvent présenter des déclarations pendant les audiences orales », a indiqué Vishnu Lutchmeenaraidoo. Il considère que la participation active des États membres du mouvement des non-alignés aux procédures consultatives permettra non seulement au mouvement « de poursuivre son rôle de premier plan dans le processus de décolonisation à travers le monde », mais aussi de « démontrer également son engagement sans réserve à faire respecter le droit international » et à « mettre fin » au « fléau de la colonisation ».
Auparavant, Vishnu Lutchmeenaraidoo avait exprimé « la profonde gratitude » du gouvernement mauricien à tous les membres du mouvement des pays non-alignés, qui ont voté en faveur de la résolution 71/292 de l’Assemblée générale des Nations unies, demandant un avis consultatif de la CIJ sur les conséquences légales de l’excision de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965. Il a également remercié tous ceux ayant soumis des déclarations écrites à la CIJ avant la date limite du 1er mars dernier.
Cette résolution a été adoptée à une écrasante majorité en juin de l’année dernière. Ce vote retentissant témoigne clairement de la grande importance que les pays du monde – non seulement l’Afrique, mais aussi l’Asie, le Moyen-Orient, l’Europe et l’Amérique –attachent à la nécessité de mener à bien le processus de décolonisation de Maurice. « L’adoption de cette résolution offre également à la CIJ une occasion historique de contribuer à ce processus. »
Dans sa déclaration, limitée à trois minutes, le ministre des Affaires étrangères a expliqué qu’avant d’accorder l’indépendance à Maurice, il y a 50 ans, la puissance coloniale « avait illégalement excisé » l’archipel des Chagos du territoire de Maurice. Cette excision a été effectuée en violation du droit international et des résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies. « La résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale des Nations unies du 14 décembre 1960 – et le droit international général – interdit sans équivoque le démembrement de tout territoire colonial avant l’indépendance. Cependant, le Royaume-Uni a démembré le territoire de Maurice et, ce faisant, n’a pas respecté son intégrité territoriale. L’illégalité du démembrement du territoire mauricien a été reconnue et confirmée dans les résolutions 2066 (XX) du 16 décembre 1965, 2232 (XXI) du 20 décembre 1966 et 2357 (XXII) du 19 décembre 1967 de l’Assemblée générale des Nations unies. Jusqu’à aujourd’hui, la décolonisation de Maurice reste incomplète », a-t-il expliqué.
Le ministre a expliqué qu’à la suite de l’excision illégale de l’archipel des Chagos, le Royaume-Uni a expulsé de force tous les habitants de l’archipel « au mépris total de leurs droits » fondamentaux. « La plupart d’entre eux ont été déplacés vers l’île principale de Maurice. Le gouvernement de Maurice est pleinement conscient de leur sort et de leurs aspirations légitimes, en tant que citoyens mauriciens, à pouvoir se réinstaller dans l’archipel des Chagos. L’achèvement du processus de décolonisation de Maurice permettra sans aucun doute leur réinstallation », a-t-il dit.