Ce n’est un secret pour personne : l’été austral aura été, cette année, encore plus caniculaire que les années précédentes. C’est ainsi que l’Australie aura connu l’été le plus chaud de son histoire, avec une température affichée de 50,7 °C, peu avant d’être frappée par de terribles inondations, elles aussi historiques. Tandis que Madagascar, et plus globalement l’Afrique australe, continuent de compter leurs morts après le passage de cyclones extrêmement violents, en plus des vies évidemment emportées par la sécheresse, la famine et l’accès de plus en plus difficile à l’eau potable.
Chez nous, le constat n’est pas plus reluisant. En sus d’un été particulièrement torride, et qui heureusement touche doucement à sa fin, nous aurons en effet nous aussi été gratifié de deux cyclones de classe 4, en sus de pluies diluviennes et de flash floods. Car oui, Maurice n’est pas épargnée par les affres du changement climatique. Preuve en est que pendant que le mercure affiche dans nos thermomètres une hausse de 1,39 ºC par rapport aux températures moyennes, le niveau de nos mers, lui, continue de monter à raison de 5,6 mm par an. Sans compter les périodes de sécheresse, toujours plus fréquentes et plus longues, qui nous promettent de gros problèmes de ressources en eau potable dans les années à venir.
Et ce n’est pas tout, car au rythme actuel, le monde se dirige vers des hausses de température qui seront à terme tout bonnement insupportables. Il faut ainsi rappeler que depuis l’ère préindustrielle, la Terre s’est déjà réchauffée d’environ 1,1 °C, et ce, du fait de facteurs purement anthropiques. Sans compter, bien entendu, que notre industrialisation à outrance, et qui n’a fait que croître depuis, nous promet quelques degrés de plus dans les décennies à venir. Or, comme viennent encore de le mettre en évidence des chercheurs britanniques, une hausse de +2 °C aura pour conséquence d’augmenter la mortalité mondiale de… 40%. Des températures létales, qui plus est, qui séviraient même en dehors des périodes caniculaires. Autant dire que l’ensemble du monde vivant risque de passer un très mauvais quart d’heure.
Ces risques, le monde entier les connaît depuis un moment déjà. Et entre-temps, que faisons-nous ? Comment expliquer en effet notre relative passivité face à cette catastrophe annoncée ? Faut-il que le climat prenne la taille d’un virus pour que l’on s’y intéresse et entamions des actions ? Prenons d’ailleurs l’exemple qui nous concerne directement : celui de Maurice. Disposant désormais de données assez précises sur les différents facteurs climatiques en cours, tant au niveau de leur fréquence que de leur amplitude, nous n’avons, pas plus que le reste du monde, aucune excuse pour ne pas agir. Or, au lieu de cela, nous continuons de tergiverser.
Organiser conférences sur conférences et colloques sur colloques ne réglera en rien le problème. L’heure n’est plus aux discussions. Hélas pour nous, les initiatives, surtout lorsqu’elles sont d’envergure, coûtent cher, et l’argent, eh bien nous n’avons pas trop envie d’en dépenser, surtout dans la conjoncture économique, mise à mal faut-il le rappeler par la crise sanitaire. Question : que fait-on alors de notre promesse de réduire de 40% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ?
Quant aux mesures d’atténuation et d’adaptation à mettre en place, nous en sommes réduits à espérer que des fonds étrangers viennent nous « sauver ». Car pour ce faire, nous aurons besoin de USD 6,5 milliards, soit Rs 286 milliards environ. Une somme colossale pour un pays comme Maurice, certes, mais en vérité, qu’avons-nous fait jusqu’ici ? Réponse : Maurice a « déjà » mobilisé environ USD 90 millions (Rs 4 milliards) de 2016 à 2021. Cinq ans donc pour trouver 1/70e du montant nécessaire. De fait, s’il ne fallait compter que sur la volonté de nos seuls décideurs, du jour et de demain, il faudrait donc au minimum attendre, pour arriver à nos fins, pas moins de… 350 ans ! Autant dire qu’il est temps de sortir nos crèmes de protection, car c’est sûr, on va tous bronzer un grand coup !