Le Parti travailliste (PTr) s’apprêtait à mettre en branle sa machinerie politique après la tenue de son congrès annuel dimanche dernier. Toutefois, le jugement de la Cour suprême, mardi, en faveur de l’Office of the Director of Public Prosecutions (DPP) dans l’appel contre l’acquittement du leader, Navin Ramgoolam, dans l’affaire de coffres-forts, constitue une douche froide au sein de l’état-major et des sympathisants du Labour.
Ainsi, les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien de sources concordantes indiquent que dans le sillage de ce développement, le parti Travailliste doit forcément revoir ses cartes post-congrès. Certains parlent même d’embarras, et pas forcément dans les rangs du gouvernement, qui y voit s’ouvrir un boulevard politique au sein de l’opposition. Ainsi, des parlementaires et des membres du bureau politique rouge concèdent en privé que « cette affaire pourrait peser lourd sur la crédibilité du leadership du PTr si elle devait effectivement être recommencée devant la Cour intermédiaire ».
Si dans un premier temps, l’on met en avant le fait que le jugement émis mardi par les juges Iqbal Maghooa et Renuka Dabee, siégeant en Cour d’Appel, sera contesté sur le plan juridique devant le Privy Council, l’on ne cache pas toutefois que ce nouvel épisode des Navin Coffers Saga constituera un boulet « que le parti devra traîner sur le plan politique ».
D’ailleurs, les attaques à ce sujet par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lors des différents rassemblements politiques organisés à travers le pays ces dernières semaines en marge du 40e anniversaire du MSM n’ont pas manqué. Lors de ses interventions, le leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM) a, à maintes reprises, ramené sur le tapis les coffres-forts de l’ancien Premier ministre, et notamment le fait que ce dernier « pa fouti explike ki manyer inn akimil kas dan kof, lapolis fatige konte ».
Dans le camp rouge, on laisse entendre qu’en cas d’un nouveau procès dans cette affaire, la position de Navin Ramgoolam comme challenger de Pravind Jugnauth « serait compromise, surtout après les deux défaites électorales consécutives essuyées en 2014 et 2019 ». Ils sont plusieurs au PTr qui, depuis mardi, sont très inquiets par cette nouvelle donne politique et sont d’avis que « c’est mal parti pour les prochains mois » face à l’adversaire MSM.
Bien qu’on affirme être solidaire du leader dans la conjoncture en spéculant sur l’éventuelle coïncidence du calendrier de l’appel devant le Privy Council et la fin de la présente mandature et les élections générales de 2024, ou encore la possibilité que l’électorat soit appelé aux urnes de manière prématurée.
Toujours sous le couvert de l’anonymat, certains avancent que le scénario au sein de l’opposition avec toujours les mêmes élections générales en vue pourrait être remis en question par les autres partis de l’opposition, pour ne pas dire compromis, tenant compte de la possibilité que « les autres partis de l’opposition risquent de ne pas s’associer avec le PTr si cette affaire de coffres demeure d’actualité ». Des membres de l’état-major rouge font comprendre en cette fin de semaine qu’ils comptent aborder « cette situation complexe » avec le leader du parti dans les semaines à venir.
Affaire à suivre…