Kendra Gourmand, Nuha Rosin, Jessica Formentos Crochu et Emma Sing Fat, du collège BPS, Beau-Bassin, ont défendu leur projet de lombriculture, leur permettant de décrocher le Merit Award de la Rajiv Gandhi Science Quest, se classant quatrième dans la catégorie 2 (Grades 10-11) lors d’un concours national. Elles ont choisi de s’exprimer sur le sujet, trouvant que les lombricomposteurs apportent la solution à la problématique préoccupante que sont les déchets ménagers.
Âgée de 15 ans, Kendra Goumard dira que la lombriculture a changé sa perception de l’agriculture. Au début de son projet, raconte-t-elle, elle n’aurait jamais pensé pouvoir planter ou même toucher les vers de terre. « Je fais partie d’un club d’agriculture et cela m’a donné de l’assurance pour manier le compost et les restes de nourriture. Ma vision de l’agriculture a changé lorsque j’ai réalisé que la lombriculture est plus durable et plus organique pour les plantes, moins polluante et bénéfique pour l’environnement. En utilisant les nutriments organiques pour les plantes, cela réduit ainsi l’utilisation des pesticides et autres substances chimiques. » Même constat auprès d’Emma Sing Fat, 16 ans, qui assure que cela lui a donné plus de « compassion pour les petits êtres vivants et les plantes ».
Quant à Jessica Formentos Crochu, 16 ans, avant d’être sélectionnée pour le projet, planter ne faisait pas partie de ses préoccupations majeures. « Le fait d’avoir travaillé avec les vers de terre a changé la perception que j’avais d’eux. » Nuha Rosin, 15 ans, fait état de sa peur face aux vers de terre, mais avoue que ce projet lui a fait comprendre leur importance dans notre environnement. « Je savais qu’ils participaient à l’aération des sols, mais j’ignorais qu’on pouvait faire du compost pour enrichir la terre et lui donner les nutriments nécessaires grâce au travail des vers de terre. La lombriculture ne pollue pas l’environnement. »
Équilibrer déchets humides et déchets secs
Pour réussir son lombricomposteur domestique, Kendra Goumard explique qu’il faut d’abord choisir le bon emplacement, soit un endroit à l’abri du soleil et des températures extrêmes. « Il faut aussi équilibrer les déchets humides avec les déchets secs tout en s’assurant que le lombricomposteur n’est pas trop humide ni trop sec. »
Emma Sing Fat dira qu’il faut avant tout surveiller le niveau d’humidité, tout en agrémentant le compost d’une variété de pelures de légumes et de fruits, ce qui en ferait un compost de qualité. Nuha Rosin ajoute, pour sa part, que la qualité du compost dépend de l’alimentation des vers de terre. Jessica Formentos Crochu mise plus sur la patience. « Prenez soin des vers comme si c’était vraiment vos enfants. Il faut aussi prendre son temps pour couper la nourriture, aérer le bac, y jeter un coup d’œil pour s’assurer qu’il n’y a pas de parasites pouvant nuire aux vers, et surtout ne rien faire hâtivement, car les bonnes choses prennent du temps. »
« Chatouilleux mais bénéfiques »
La technique de lombriculture est utile dans les écoles, car comme le décrit Jessica, cela ne requiert pas autant d’attention comme l’exigeraient d’autres composts où il faut à chaque fois le retourner pour empêcher qu’il diffuse une odeur nauséabonde. « Avec le lombricompost, il suffit de donner la nourriture aux vers et ils feront le travail. N’ayant aucune odeur, on peut le laisser hors ou dans les salles de classe. Nous l’avons personnellement fait en laboratoire, car il est totalement inodore et les vers ne sont pas invasifs. Je me souviens de ma première expérience avec les vers. Un drôle de souvenir ! J’hésitais un peu à les tenir parce que les vers bougeaient dans ma main et c’était chatouilleux. Maintenant, je m’y suis plus habituée, je n’hésite plus. Mais quoi qu’il en soit, je me souviens que j’étais très fascinée de les voir pour la première fois.»
Le fait d’introduire cette pratique dans les écoles est, selon Nuha Rosin, utile et écologique pour enrichir les plantes. « Les produits chimiques polluent l’environnement, et ce procédé nous aide aussi à réduire les pelures de fruits et de légumes dans nos déchets. » Concernant sa première rencontre avec les vers de terre, Nuha la considère avec un regard amusé. « La première fois que je l’avais dans la paume de ma main, il remuait de gauche à droite avec une sorte de texture similaire à de la gelée. »
Emma Sing Fat est d’avis que cela peut ouvrir de nouvelles perspectives sur l’agriculture pour les élèves et les aider à planter chez eux. « Je n’aimais pas trop les vers de terre, mais à force de les voir, je m’y suis habituée et j’ai eu le courage de les toucher. » Kendra Goumard souligne, pour sa part, que la lombriculture peut ouvrir de nouvelles perspectives sur l’agriculture pour les élèves et les encourager à planter chez eux.
S’agissant de la suite du projet au collège BPS, Jessica dira sans détour que les choses ne s’arrêtent pas là. « C’est un projet en continu avec l’Eco Club et bien sûr avec les membres de l’équipe. Nous prévoyons vraiment de diffuser les connaissances hors de l’enceinte de l’établissement et de promouvoir la biodiversité et la plantation biologique. » Nuha se réjouit de l’existence d’un jardin bio au BPS et qui sera utile aux élèves suivant des cours en agriculture: « Ils pourront eux aussi se servir de notre compost riche en nutriments pour leurs plantes.»
Jessica, Kendra, Emma, Nuha se positionnent comme des ambassadrices désireuses de partager leur concept avec d’autres élèves. Kendra Goumard aura ces mots : « Cette récompense me permettra de faire évoluer le projet dans mon collège. Je vais en parler à d’autres élèves et distribuer des brochures pour leur permettre d’avoir une connaissance du lombricomposteur pour qu’elles puissent essayer chez elles. Je veux aussi montrer qu’avec la lombriculture nos fruits et légumes grandissent mieux et en bonne santé. » Et Jessica de conclure : « Chaque jour, nous allons au laboratoire pour vérifier les vers et travaillons sur le projet jour et nuit. »
Leur détermination semble avoir porté ses fruits et ensemble avec leur enseignante en biologie, Coralie Lenette, Jessica, Kendra, Emma et Nuha se disent prêtes à mettre leurs connaissances au service des autres.