« C’est le Pharmacy Board qui réglemente l’approvisionnement des médicaments, que ce soit dans le public et le privé. Or, depuis les élections, le Board a été dissous et la nomination de nouveaux membres n’a pas encore été entreprise et cela fait déjà trois mois », indique Ashwin Dookhun, président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM). Il estime qu’aucune solution ne saura être trouvée au problème de pénurie de médicaments avant la reconstitution du Board. Il se dit en faveur de l’importation parallèle, pas de médicaments génériques mais de médicaments de mêmes marques.
Le président de la PAM fait voir que ce problème de pénurie dure depuis deux à trois ans déjà. Il pointe l’existence, dit-il, d’un système monopole dans le pays, qui fait qu’une seule compagnie a l’exclusivité d’un médicament.
Qu’est-ce qui a changé et qui fait qu’autrefois le problème de pénurie ne se posait pas vraiment ? Auparavant, fait voir le pharmacien, « une compagnie se procurait un médicament d’une certaine plateforme parmi les nombreuses au monde. Or, quand cette compagnie n’arrive plus à avoir ce médicament de cette plateforme, le pays connaît une pénurie. Quand un tel cas surgissait, autrefois, une pharmacie ou un grossiste avait la possibilité de demander une permission au Pharmacy Board pour importer le médicament en question d’une autre source, ce qui résolvait le problème de pénurie. Par exemple, moi-même en tant que pharmacien, si j’ai mes contacts à l’étranger pour me fournir les médicaments, je pouvais le faire à travers ma pharmacie. Or, durant les 5-6 dernières années, le Pharmacy Board a bloqué une telle pratique qui aidait à éviter des pénuries. »
Cette pratique est en fait ce qu’on appelle l’importation parallèle, fait comprendre le pharmacien : « Mais, cela n’a rien à voir avec l’importation parallèle dont on parle ces derniers temps. En effet, quand on parle d’importation parallèle, il s’agit de mêmes produits et de mêmes marques et non de génériques ».
Ashwin Dookhun se montre donc en faveur de l’importation parallèle, cela non seulement dans le secteur pharmaceutique mais concernant tous les autres produits, « car sans cela, nous paierons plus cher. Prenons l’exemple de la pénurie de lait en poudre il y a quelque temps. La STC a alors importé une autre marque Smatch. En fait, c’est le même lait par la même compagnie que le lait Farmland mais sous emballage différent. Pourquoi est-ce moins cher ? Avec la compétition, cela revient à meilleur marché. »
Pour lui, il est du devoir de la compagnie importatrice qui voit qu’il y aura une rupture de faire savoir pour que l’État prenne une décision.
Depuis la pandémie de 2020, la situation s’est corsée car comme l’explique le pharmacien, « la plupart des ingrédients des médicaments proviennent de la Chine et d’Inde. Or, la population de chacun des deux pays consomme déjà beaucoup et depuis le Covid-19 les prix ont augmenté. Les petits pays comme Maurice qui ne consomment qu’en petite quantité n’ont pas toujours leur approvisionnement ». Les devises sont un autre facteur contribuant à la pénurie, ajoute-t-il.
En outre, élément n’étant pas sans conséquence sur cette situation, à entendre le président de la PAM : le Regressive Mark-Up introduit par le gouvernement il y a quelque 2 ans. « Quelle est cette compagnie qui ira investir gros pour avoir presque rien ? Une pharmacie a des employés, comment fait-elle pour payer leur salaire si elle ne fait pas un certain profit ? » se demande-t-il, en ajoutant que « Maurice est censé être un Welfare State où les médicaments et traitements sont gratuits. Mais, pourquoi 30% de la population se procurent des médicaments dans le privé ? C’est la question que nous devons nous poser. Si les médicaments étaient satisfaisants, le public n’irait pas dans le privé. Dans le public aussi, il y a certains médicaments qui sont en rupture de stock. »