— Khulwant Ubheeram incite les palefreniers à demander des explications à la MTCSL lors d’une réunion dans une écurie à la rue Shakespeare
— La MTCSL, repoussant l’échéance de sa mise sous administration volontaire, consigne une déposition à la police suite à des tests de sonorisation dans la plaine
— L’implication de JMLS dans le People’s Turf Club cause problème à la COIREC
La People’s Turf PLC a investi, hier, le Champ de Mars comme si c’était sa propriété. Pourtant, cette entité n’a eu ni les autorisations nécessaires du Mauritius Turf Club (MTC), propriétaire des bâtiments qui s’y trouvent, ni encore la licence de la COIREC qui joue toujours aux abonnés absents. Non seulement les préposés de cette société ont déjà commencé l’aménagement de bureaux dans le bâtiment, abritant le casino de Jean-Michel Lee Shim où une Jockey’s Room et une Stipe’s Room sont éventuellement prévues, mais ils ont procédé hier à des tests de sonorisation sur l’hippodrome. Tout cela a été fait sans l’autorisation des MTC/MTCSL qui a du reste consigné une déposition à la police. Par ailleurs, le Chief Executive Officer de People’s Turf PLC, Khulwant Kumar Ubheeram a réuni une cinquantaine de palefreniers dans l’enceinte de l’écurie Raj Ramdin sur les terres du MTC pour leur parler de leur pension, leurs salaires et leur avenir. Il les a aussi incités à demander des explications à la MTCSL en disant : « Zot bizin dimann xplikasion kot tou sa larzan-la finn ale ?».
Depuis que le nom de la People’s Turf PLC a fait surface, d’autant plus que cette entité disait être en possession d’une lettre d’intention en bonne et due forme de la Gambling Regulatory Authority, il paraissait évident que cette compagnie – sortie de nulle part – allait être le cheval de Troie de Jean-Michel Lee Shim (JMLS), qui allait tenter de supplanter le MTC et la MTCSL pour l’organisation des courses des chevaux à Maurice.
La confirmation est que le bailleur de fonds du gouvernement, JMLS est derrière cette compagnie puisqu’il en est le plus gros actionnaire avec 5,590 actions. À l’origine, en 2021, cette compagnie avait des visées dans le secteur audiovisuel. Avant cette révélation, Le Mauricien était déjà sur la piste de Jean-Michel Lee Shim en mettant bien en évidence les liens incestueux entre le magnat des paris et le Chief Executive Officer de People’s Turf PLC, Khulwant Kumar Ubheeram, un maillon important dans le dispositif JMLS. Malgré les subterfuges, le pot aux roses a été étalé au grand jour dans ce qui est qualifié dans l’entourage de JMLS d’une erreur monumentale du secrétariat de cette compagnie.
Qui plus est, la People’s Turf PLC est aussi associée à SMS Pariaz par le biais de Mahendranath Dindyal, deuxième plus gros actionnaire avec 4500 actions et Me Pazhany Thandarayan, avoué et proxy de JMLS dans SMS Pariaz avec 2950 actions. Parmi les autres actionnaires, il y a également des bookmakers, des membres de sa famille et les habituels sociétaires qui pullulent dans ses diverses et nombreuses compagnies. Bref, tout un arsenal avait été mis sur place depuis le premier jour pour déblayer le terrain pour que la People’s Turf PLC soit choisie malgré son manque flagrant d’expérience.
Alors que la MTCSL ne fait qu’attendre la décision de la COIREC, la People’s Turf PLC continue à se préparer, comme si la course est déjà gagnée et que les carottes cuites. Il est bien entendu que le Coming Out de JMLS devrait normalement être un handicap majeur pour la People’s Turf PLC dans sa course à la conquête du fameux sésame qui lui permettra d’organiser les courses, mais cela n’a pas empêché aux préposés, hier, d’investir le Champ-de-Mars pour poursuivre leur installation mais aussi pour faire monter la tension sociale contre la MTCSL.
Des employés de cette compagnie ont travaillé sur le système de sonorisation au Champ-de-Mars et des tests ont été effectués, hier, au nez et à la barbe des responsables de la MTCSL. Des photos de leur présence sur l’un des bâtiments appartenant au MTC sont édifiantes. Selon la MTCSL, la People’s Turf PLC n’avait ni l’autorisation ni le droit de procéder à ces tests vu que les bâtiments sont la propriété exclusive du MTC. Il y a selon son homme de loi infraction. D’ailleurs, une déposition en bonne et due forme a été consignée à la police après qu’un haut gradé du MTC leur a demandé de quitter les lieux.
Toujours dans l’après-midi d’hier, Khulwant Kumar Ubheeram a réuni une cinquantaine de palefreniers dans l’enceinte de l’écurie Raj Ramdin. Il leur a parlé de leur pension, leurs salaires et leur avenir. À quel titre ? Personne ne le sait. Toujours est-il qu’il n’a pas appris grand-chose aux palefreniers car il s’est montré très évasif à toutes les questions qui lui ont été posées. Toutefois, il faut dire que Khulwant Kumar Ubheeram a incité les palefreniers à demander des explications à la MTCSL : « Kot tout sa larzan-la finn pase, kot sa larzan ki finn travay pandan plis ki 200 zan finn ale ? Zot bizin dimann xplikasion. Pa posib MTCSL ne pli ena larzan pou pey zot ».
Qui a convoqué cette réunion ? Raj Ramdin a-t-il informé la MTCSL de la tenue de cette réunion ? Comment se fait-il que plus de 50 personnes se soient réunies dans un endroit restreint alors que les restrictions sanitaires sont toujours en vigueur à Maurice ? Des questions légitimes auxquelles il est difficile de répondre à moins qu’une enquête digne de ce nom soit menée ! Quoiqu’il en soit, les palefreniers sont partis déçus d’autant qu’ils n’ont toujours pas eu de garantie sur leurs salaires pour le mois de mai alors que demain dimanche, sera célébrée la fête des mères.
Au niveau de la MTCSL, il n’y a pas eu de gros développements, sauf que les directeurs se sont réunis dans l’après-midi pour passer en revue la situation. Rappelons qu’elle avait déclaré au cas elle n’aurait pas de réponse de la COIREC au plus tard vendredi, elle serait contrainte de passer en administration volontaire. Cette hypothèse est toujours valable sauf qu’avec la nouvelle donne que Jean-Michel Lee Shim est bel et bien le plus gros actionnaire de People’s Turf PLC, la MTCSL a décidé de repousser l’échéance de quelques jours.
Ses directeurs sont d’avis que la COIREC ne pourra plus trancher en faveur de la compagnie de Jean Michel Lee Shim. En effet, feu sir Anerood Jugnauth avait refusé d’octroyer une licence d’organisateur de paris au MTC car, disait-il à l’époque, ce dernier ne pouvait pas être à la fois juge et partie, soit l’organisateur des courses et l’organisateur des paris.
Dans le cas de Jean Michel Lee Shim, il n’est pas seulement organisateur des paris, mais également propriétaire de plus d’une centaine de chevaux. La COIREC peut-elle réellement lui donner maintenant le droit d’utiliser la piste du Champ-de-Mars pour organiser les courses ? C’est tout le dilemme qu’aura à résoudre la COIREC dans les heures, voire les jours, qui viennent. Elle qui n’avait pris que deux heures pour lancer son appel à candidatures vendredi dernier, ne parvient toujours pas à se décider trois jours après la soumission des deux applications. Et dire qu’on nous avait parlé de professionnalisme !