Oui c’est le cas de le dire dans la conjoncture politico-économique. À l’Assemblée nationale, les débats sur la motion de censure contre le gouvernement, présentée par le leader de l’opposition, échelonnés sur deux séances, ont permis aux parlementaires des deux côtés de la Chambre de débattre sur un état des lieux du pays avec en toile de fond la pandémie du Covid-19 et les séquelles de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
À 22 h 44, vendredi, à la conclusion des débats, pas grand’chose n’a changé. Avec la discipline de parti et sa majorité numérique assurée au Parlement, le Premier ministre et Leader of the House, Pravind Jugnauth, n’entretenait aucune appréhension quant à l’issue du vote.
Le gouvernement, affirmant avec conviction et s’appuyant sur des retours en arrière de nature politique allant jusqu’à 50 ans de cela et aussi sur un rappel en boucle des mesures d’accompagnement et de soutien au cours de ces deux dernières années pour affronter ces deux confinements, laissait comprendre qu’elle est à l’écoute de la population et qu’elle a pris des mesures pour alléger les difficultés, qui sont hors de son contrôle.
Du côté de l’opposition, se présentant comme la voix de la population au sein de l’hémicycle, on s’est attelé à la tâche de décrire dans les limites des 10 à 15 minutes, allouées à chacun des intervenants désignés, le quotidien que vit le Mauricien. La perte du pouvoir… d’achat, conséquences de la flambée des prix, est une réalité, qui se vit et qui fait mal à chaque consommateur.
Comme pour bien prouver que sakenn pe debat, les organismes du secteur privé, de Business Mauritius à la Mauritius Bankers Association en passant par la Chambre d’Agriculture, ont multiplié les Budget Memoranda soumis au ministre des Finances, Renganaden Padayachy, portant sur des mesures susceptibles de faire partie du prochain budget. L’objectif demeure de consolider la croissance économique.
En parallèle, le Fonds monétaire international et Moody’s se sont invités à la partie avec un point commun dans leurs analyses, soit quasiment un point de non-retour sur le plan de l’endettement public. L’agence de notation internationale avertit que toute nouvelle détérioration de cet indicateur de gestion de l’économie résultera en un nouveau Downgrade avec des risques pour le secteur bancaire.
Alors qu’au début des années 80, l’appréhension s’articulait autour du concept de la Debt Trap, avec la crise au Sri Lanka, des prévisions d’une Debt Storm sont émises et, au moins, 70 économies sont sous la menace de ce phénomène. C’est la dernière analyse venant de la Banque mondiale alors que le FMI prévient Maurice que des mesures cosmétiques, soit les Quasi-Fiscal Measures, ne suffisent pas pour gérer la montagne de la dette.
S’évertuant de calmer le jeu sur le plan de la dette publique, le Premier ministre, intervenant lors des débats dans la soirée de vendredi, a énuméré le ratio de la dette par rapport au Produit intérieur brut, tous au-delà de la barre des 100%, allant de la France aux Maldives. Certes, le cas de Maurice ne constitue nullement une exception dans la conjoncture internationale, même si l’opération rode kas gagn kas prete est devenue depuis l’année dernière le premier item de revenus du gouvernement. Le rapport de l’Audit 2020/21 dixit.
En matière de dette, la Capacity to Repay, surtout le potentiel de créer de la richesse productive, est le facteur déterminant pour garder la tête hors de l’eau ou encore sortir de la crise. La règle d’or du banquier du coin. Les débats sur la motion de censure ont carrément occulté cette projection sur l’avenir, ouvrant du même coup des perspectives pour cette jeunesse aux aguets quant à ses options sur le marché du travail.
Probablement, les plus futés répondront que ces débats n’étaient pas la plateforme appropriée car le budget 2022/23 est déjà derrière la porte.
Toutefois, un simple rappel reste que du capitaine de l’industrie, jonglant des chiffres d’affaires avec des milliards annuellement, à la mère de famille gérant son budget quotidien sans oublier le petit entrepreneur, ils savent pertinemment bien que pa kapav debat kan det pe kraz latet.