Sir Anerood Jugnauth est une figure incontournable, voire emblématique, de l’histoire de notre île, c’est indéniable. En revanche, qu’une multitude de structures nationales, d’établissements et autres infrastructures portent son nom relève d’un total manque de tact et d’égard, en somme d’une grande inélégance de la part de Jugnauth fils, et de toute la cohorte de pseudos spin doctors qui l’ont conforté dans cette prise de décision ! Encore une fois, Pravind Jugnauth a raté une occasion en or de faire preuve d’humilité, de retenue, de grandeur d’âme et de lucidité.
SAJ mérite bien des honneurs. Malgré les épisodes de mauvais goût, dont la fameuse formule aux accents de fluide corporel… Que son nom ait été donné au pont suspendu est une chose. Qu’une gigantesque statue – que certains qualifient de ratée, en faisant donc plus un “eyesore” qu’une œuvre d’art à apprécier – ait été érigée sur le front de mer en son honneur, passe encore. Mais suivant quel critère, autre que politique, le nom de SAJ a-t-il été collé à l’hôpital flambant neuf de Flacq ?
Honorer une personnalité politique nationale est légitime. Faire preuve d’inélégance, d’indélicatesse et de manque de goût relève ni plus ni moins que de la grossièreté, d’un manque de finesse. L’établissement hospitalier d’origine de Flacq a reçu, bien judicieusement, le nom du Dr Bruno Cheong, professionnel de la médecine reconnu, réputé et apprécié par d’innombrables Mauriciens. Mort au front, tel un héros, emporté par le Covid-19, que son nom ait été conféré à l’hôpital, en hommage à son travail, sa carrière et son engagement auprès des Mauriciens, coulait de source !
L’on peut se poser maintenant quelques questions. Qu’adviendra-t-il de l’hôpital Dr Bruno Cheong ? La structure sera-t-elle démolie ? Sera-t-elle transformée en dépôt d’équipements et autres ? À quelles fins sera utilisé ce bâtiment et comment le gouvernement compte-t-il pérenniser l’œuvre du Dr Cheong ? La contribution de ce médecin dévoué et admiré ne sera-elle pas tout bonnement reléguée aux oubliettes ?
Encore une preuve – comme s’il en manquait – que les super-conseillers de Pravind Jugnauth n’en ratent jamais une pour qu’il mette les pieds dans le plat. Mais comment est-ce que le chef du gouvernement n’a pas eu la lucidité requise de songer qu’en pleine campagne électorale, ce choix était loin d’être le plus indiqué ? À moins que cela n’ait été une décision délibérée ! Du style : « Marquons notre empreinte sur tout ce que l’on peut aussi vite que possible, de peur qu’aux prochaines élections, nous ne revenions pas au pouvoir. »… Signe de panique ? Et que penser de son annonce à propos du PRB ? Un autre signe de la débandade…
Une chose est sûre : en cette période de campagne électorale, le citoyen doit absolument se protéger des fanfaronnades et autres annonces bling-bling destinées à lui en mettre plein la vue. Lui faisant inévitablement oublier que ses poches sont tristement… vides ! Que ses enfants ne peuvent, chaque jour, manger à leur faim. Qu’il doit « kase ranze » pour joindre les deux bouts.
Ni l’actuel gouvernement, s’il revient aux affaires, ni l’opposition ne changeront la donne. C’est-à-dire, faire baisser les prix des aliments au supermarché/bazar, et ceux des médicaments, principalement. Ce qui marchera, ce sont des mesures audacieuses et réfléchies prises par un gouvernement responsable, soutenu par des économistes ayant de la vision, et qui mettront à l’épreuve, hélas, encore une fois nos porte-monnaie. Mais ce passage sera, espérons-le, temporaire, et rétablira considérablement le pouvoir d’achat du Mauricien.
Nos politiques sont-ils partants pour un tel exercice ? Ou est-ce que faire sonner des pièces trébuchantes dans des discours flatteurs et flagorneurs, du style augmentation à tous les étages, allocations et jackpot à gauche et à droite, leur semble davantage sexy ? Afin de faire certainement tomber des électeurs comme des mouches !
Lucidité et discernement sont plus que jamais de mise. Rester sobre face aux grandes promesses qui « fer zorey gayn bon », est un des plus gros challenges actuels. Au même titre que garder son sang-froid et ne pas céder aux provocations des pyromanes.