Mohamed Othman Chande, chef de mission : « Le vote s’est déroulé de manière ordonnée et pacifique, permettant aux électeurs d’exprimer leur volonté démocratique »
L’insuffisance de la participation des femmes et des jeunes dans la vie politique de Maurice a été décriée hier par le chef de mission de la mission d’observation électorale de la SADC (SEOM), Mohamed Othman Chande, ancien président de la Cour suprême de Tanzanie. Il faisait une déclaration préliminaire sur le déroulement des élections générales de dimanche en présence de plusieurs hautes personnalités africaines, dont Terai Joice Mujuru, cheffe de la mission d’observation électorale de l’Union africaine (AUEOM), Nicolae Popescu, chef de la mission d’observation électorale de la Francophonie, Mgr Sipho Tembe, chef du Forum des commissions électorales de la SADC (ECF SADC), et le secrétaire exécutif de la SADC, Elias Magosi.
« La mission a observé que le pays est demeuré calme et paisible durant la période préélectorale, le jour du scrutin et celui du dépouillement, ce qui témoigne du caractère pacifique des Mauriciens. La mission a également constaté l’absence d’incidents majeurs ou de menaces de violences au cours de ce cycle électoral. Je tiens donc à saisir cette occasion pour féliciter le peuple mauricien pour son comportement pacifique, qui a grandement contribué à créer un environnement électoral favorable », déclare-t-il. La mission de la SADC a aussi constaté que les élections se sont déroulées conformément à la Constitution de Maurice et que toutes les parties prenantes ont confiance dans le bureau du commissaire électoral. Elle a aussi passé en revue divers aspects par rapport aux procédures électorales et a pris note des débats autour du dépouillement des bulletins le jour du scrutin.
Toutefois, c’est sur la participation des femmes à la vie politique que la mission de la SADC a été des plus critiques. Le secrétaire de la SADC a aussi réitéré que cette critique a été formulée à plusieurs reprises. Ainsi, la mission a noté que si les femmes représentaient 51,3% des électeurs inscrits, seules 18% (165) des 891 candidats désignés pour les postes de l’Assemblée nationale étaient des femmes. Les observateurs regrettent que « les efforts déployés au niveau national et par les partis politiques au cours de ces élections nationales pour remédier à ce déséquilibre aient été insuffisants ».
Par ailleurs, la mission constate que sur les 891 candidats inscrits, 273 avaient moins de 40 ans. « Il semble que les partis politiques n’aient pas déployé suffisamment d’efforts au cours de ces élections en vue d’encourager la participation des femmes et des jeunes à la vie politique. Certaines parties prenantes ont attribué la faible participation des jeunes au fait qu’ils s’intéressaient davantage aux enjeux plutôt qu’à l’affiliation à un parti », fait-on comprendre.
La mission de la SADC a également pris note de la préoccupation de la grande partie des parties prenantes concernant du manque d’accès aux médias sociaux pendant 24 heures au cours de la période électorale. « La mission a pris note de la clarification apportée par le gouvernement selon laquelle la fermeture temporaire des médias sociaux était due à la sécurité nationale. Bien que certaines parties prenantes comprennent que la restriction de l’accès aux médias sociaux soit parfois perçue comme une mesure nécessaire pour mettre fin à la désinformation, d’autres estiment que les candidats et les partis politiques ont besoin des médias sociaux afin d’organiser, d’assembler et de communiquer leurs programmes électoraux. Selon eux, il est par conséquent impératif que les électeurs accèdent à l’information pour leur permettre de prendre des décisions éclairées », fait remarquer la mission.
La SADC a en conséquence formulé des recommandations préliminaires, à savoir que des efforts concertés soient déployés en vue d’encourager les femmes à se présenter à des élections. De plus, il est nécessaire de compter les bulletins de vote dans les bureaux de vote, conformément aux principes et lignes directrices de la SADC régissant les élections démocratiques. La mission recommande de renforcer l’éducation des électeurs dans le pays afin de garantir la participation effective de l’électorat mauricien au processus électoral.
En conclusion, la SEOM avance que les phases préélectorales et de vote des élections de l’Assemblée nationale de 2024 ont été organisées de manière professionnelle et se sont déroulées de manière ordonnée et pacifique, permettant aux électeurs d’exprimer leur volonté démocratique. Elle a exprimé ses félicitations au peuple mauricien pour sa maturité politique, son esprit de tolérance et le calme qui ont largement caractérisé cette période électorale.
Terai Joice Mujuru, cheffe de l’AUEOM, Nicolae Popescu, chef de la mission d’observation électorale de la Francophonie, et Mgr Sipho Tembe, chef de l’ECF SADC, ont également présenté leurs rapports préliminaires, qui vont à peu près dans le même sens que celui de la SADC.