Rien de fortuit ou de pure coïncidence

La photo publiée dans ces colonnes est de nature anodine. Mais les faits entourant la présence de ce colis un peu spécial comportent des éléments les uns plus troublants que les autres. Cette photo remonte entre 4 h 30 et 5 h du matin le vendredi 4 octobre. La seule ressemblance fortuite aura voulu que cette date soit decrétée historique, vu que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait choisi ce jour-là d’exercer ses prérogatives sous la Constitution pour procéder à la dissolution de l’Assemblée nationale et rappeler le pays aux urnes.
Toutefois, tout autre détail de cette sinistre affaire ne recèle aucune dimension fortuite et apporte un cinglant démenti à la formule cinématographique à l’effet que « toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence ». Ces faits énoncés sont éprouvés et ne peuvent être contestés.
Ce colis contient des stupéfiants, notamment de la drogue chimique d’une valeur marchande de Rs 1,6 million. Ce détail a été révélé dans un communiqué de la police en date de la fin de la première semaine d’octobre. La photo montre clairement où le colis de drogue a été retrouvé, quasiment devant la devanture des locaux du groupe Le-Mauricien.
La question qui surgit est de savoir : pourquoi Le-Mauricien n’a pas fait état de cette affaire avant ? Tout simplement, avec des représentants du groupe ayant alerté la police de cette affaire aux petites heures de ce vendredi 4 octobre dernier, le groupe a cru nécessaire de ne pas entamer l’intégrité de ce qui aurait dû être une enquête diligentée par l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) sous la supervision directe du commissaire de police, Anil Kumar Dip.
C’est vrai que quarante jours se sont écoulés depuis le déplacement des policiers des Casernes centrales pour venir prendre possession de ce colis suspect à la demande des préposés de ce groupe de presse, soit au nombre de trois au moment des faits, soit entre 4 h 30 et 5 h du matin. Mais la cruelle vérité est qu’à aucun moment au cours de cette période, les limiers, faisant partie des différentes cellules engagées dans la lutte contre le trafic de drogue, n’ont osé, ne serait-ce que consigner une simple déposition sur la présence du colis devant les locaux de Le-Mauricien à la rue Saint-Georges.
Difficile à dire que la police ne connaît pas l’adresse du groupe de presse, vu le nombre de visites à la rédaction pour d’autres affaires bien plus banales.
Pourtant, les premières informations, puisées des enregistrements des caméras de Safe City Network dans cette partie de la capitale, aura permis de retracer le trajet emprunté par le porteur du colis de drogue de la rue Volcy Pougnet à la rue Saint-Georges. Ou encore selon le jargon des habitués du Police Beat: Suspect Known.
Pourtant, aucune information n’a encore filtré des Police Headquarters, si friands d’annoncer de nouvelles d’arrestations dans la lutte contre la drogue ou encore pour reprendre une expression politiquement si chère: kas lerin trafikan.
À ce vendredi 4 octobre 2024, le commissaire de police n’était pas encore préoccupé par les dénonciations des Missie Moustass Leaks, le plaçant en mauvaise posture que ce soit dans l’opération Koul Adrien avec l’accident de la route, le Cover-Up dans l’enquête sur les actes de brutalité policière avec pour victime Jacquemin Juliette ou encore les propos blasphématoires à l’encontre de La Vierge Marie. Cet épisode ne devait intervenir que 15 jours de cela.
Comme par hasard un autre vendredi. Tiens, une autre coïncidence veut que le Black-Out des réseaux sociaux de Facebook, TikTok et YouTube, décidé par l’Information and Communication Technologies Authorities (ICTA) et devant durer jusqu’au 11 novembre, avait été décrété un vendredi. Et même si le mois d’octobre ne compte pas un vendredi 13.
Difficile de ne pas croire que l’arrivée au bureau d’un des responsables de la rédaction à cet instant précis et très matinal de ce vendredi 4 octobre aura bousculé un plan machiavélique, appréhendé, de Drug Planting dans les locaux de Le-Mauricien dans la matinée de la dissolution de l’Assemblée nationale et du coup d’envoi de la campagne électorale sur le thème de Pravind Jugnauth 3.0.
Dans sa précipitation le Suspect Known n’aura eu d’autre choix que d’abandonner le colis avec de la drogue d’une valeur de Rs 1,6 million sur le pas de porte de Le-Mauricien.
Dans la conjoncture, le commissaire de police, qui se vante de pouvoir « met mo papye » (de retraite) à n’importe quel moment, dispose encore du temps pour faire amende honorable au moins dans ce cas en permettant que la lumière soit faite. C’est lui-même qui concède que ses jours aux Police Headquarters, fonctions garanties par la Constitution, sont comptés.
Mais pour faire preuve que l’on est un Man of Honour, une seconde devrait suffire…

- Publicité -

Patrick Michel

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour