Cette première semaine de juin sera marquée par la célébration de la fête Eid-ul-Fitr, marquant la fin du mois sacré du ramadan, jeûne obligatoire pour les musulmans, et l’un des cinq piliers de l’Islam. Une célébration un peu entachée, hélas, avec pour toile de fond quelques grincements causés par une série d’incidents. Nous passerons sur les paroles d’un politique qui défraie déjà suffisamment la chronique pour nous arrêter plutôt sur des appels au calme proférés par quelques Mauriciens bien inspirés. Une action qui, nous jugeons humblement, mérite davantage d’être répercutée parce que plus cohérente et en phase avec la philosophie de ceux et celles qui ont observé rigoureusement et avec amour ce mois de sacrifices, de partage et d’abstinence.
Des religieux au sein de certaines mosquées locales ont en effet pris les devants, et certains citoyens anonymes en ont fait de même via les réseaux sociaux, surtout le plus prisé, pour faire un plaidoyer. Cela dans le contexte très précis où des paroles et des graffitis blessants sont venus délibérément provoquer les uns et les autres. En résumé, ces religieux et citoyens anonymes réclament clairement qu’aucun Mauricien ne cède à ces provocations, mais fasse plutôt preuve de calme, de retenue et d’intelligence face à la médiocrité. Ces appels ont été relayés via donc les réseaux sociaux, avec supports vidéo et textes, et le message est bien passé. Il y aura, bien malheureusement, certains qui ne s’aligneront pas sur ce mot d’ordre… Dommage (ou tant pis ?) pour eux. Parce que la haine n’engendre rien de concret ni de positif. Tandis que la posture adoptée par l’ensemble de ceux qui auront suivi le mot d’ordre aura débouché sur une attitude sage, posée, réfléchie, raisonnable et mature. Reflet d’une société qui s’inscrit dans une réalité, un quotidien, qu’elle souhaite responsable et mûr.
Dans l’ensemble, ce qu’ont fait ces religieux et citoyens mauriciens, c’est d’utiliser les plateformes publiques à bon escient. Et c’est cet aspect qui nous intéresse davantage. Dans un contexte où le plus couramment les réseaux sociaux sont pointés du doigt parce que le plus souvent mal utilisés et mis à profit surtout pour dénigrer ou rabaisser, cet exemple mérite d’être salué. Oui, c’est beaucoup plus facile de poster des jurons, des insultes, de “pran enn bon nisa” et de descendre en flammes une personne ou un groupe de gens… Beaucoup plus facile de détruire que de construire. Pire, c’est devenu un réflexe que de sortir son téléphone portable muni d’une caméra pour filmer une dispute, une querelle, des personnes qui se font agresser, verbalement ou physiquement. Pour de (trop) nombreux Mauriciens, c’est désormais un acte banal, voire “normal”. Mais protéger la victime, tenter de l’aider : non. On préfère passer son chemin après avoir capté quelques secondes croustillantes, pour arroser les réseaux sociaux par la suite…
Bien évidemment, nous n’insinuons pas que l’on devrait se mêler de tout et de rien, d’autant que dans certains cas, il y a des armes en circulation (couteaux, cutter, poignard…). Mais il y a tout aussi bien une part de responsabilité de la part de chacun d’entre nous face à ce qu’on assiste. Autre exemple positif de l’usage des réseaux sociaux, ce sont les mouvements à caractère sociaux d’Aret Kokin Nou Laplaz et de Fridays for Future, appelés à prendre davantage d’ampleur, moyennant que les Mauriciens prennent conscience de l’importance de ces combats !
Il va de soi que quand nos politiques, par exemple, ratent le coche, débitent des énormités, commettent un impair, dérapent et blessent les citoyens, les commentaires fusent. Là encore, cependant, on ne peut que souhaiter que les réactions soient d’un niveau honorable. Parce que les bassesses n’entraînent au final rien d’autre que la petitesse, la mesquinerie et sa cohorte de méchancetés. Frapper au-dessous de la ceinture n’a rien d’honorable ni de louable.
Juin est aussi le mois de la présentation du Budget. Le dernier du Premier ministre non-élu, en prélude aux élections générales prochaines. Il s’agira pour Pravind Jugnauth, et la nation, d’un exercice très attendu… Le temps de ramener un peu d’ordre dans un pays où chaque jour qui passe, on a un peu plus l’impression qu’il n’y a pas de capitaine dans le navire.
Husna Ramjanally