Dominations internationales
Après les Catastrophes à l’échelle planétaire des Deux Guerres Mondiales, l’Ere Longue des Guerres de Libération Nationales et des décolonisations, la construction des Nouveaux Empires et de leurs satellites, de la recomposition du Monde avec la Conférence de Yalta en 1945, de la Guerre Froide, de l’Affrontement Global des Idéologies, après tout ça le Monde était entré dans une période de développement sous tension inégal et continu, de progrès général significatif et de régulation des relations internationales par les Nations unies. Malgré tous les théâtres de conflits, les famines et la pauvreté, un semblant de mieux-être était perceptible.
Le Monde se globalisait, les médias s’adressaient de plus en plus à des audiences internationalisées. La circulation de l’information et des idées était facilitée. Les Artistes et les Intellectuels se rencontraient, échangeaient et ce frottement enrichira la Pensée et les Cultures Nationales. Les Artistes, les Intellectuels, les responsables politiques et syndicaux, particulièrement dans les rangs de la Gauche Internationaliste, semblaient se retrouver malgré toutes les tendances et nuances possibles qui gêneraient des conflits idéologiques.
En Europe, le Plan Schuman crée le Traité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (1951) qui se transformera en Marché Commun ou la Communauté Economique Européenne (pays de l’Europe de l’Ouest), institué par le Traité de Rome en 1957 qui évoluera sans cesse pour aboutir à l’Union Européenne des 27 Etats incluant certains pays de l’ancien Bloc Soviétique.
Les pays nouvellement indépendants vont connaître des turbulences graves, coups d’Etat, émeutes, révolutions, guerres ethniques, génocides, guerres entre pays frontaliers, etc., aggravées en sous-main par les deux blocs qui se font la guerre par procuration hors de leurs frontières. L’objectif étant toujours de faire main basse sur les ressources naturelles en maintenant les pays sous tutelle. « Au niveau des individus, la violence désintoxique. Elle débarrasse le colonisé de son complexe d’infériorité… Elles (les masses) se montrent jalouses du résultat de leur action et se gardent de remettre à un dieu vivant leur avenir, leur destin, le sort de la patrie. » Frantz Fanon – in Les Damnés de la terre.
La Chute du Mur de Berlin, après les secousses en URSS, entraînent l’implosion de l’Empire Social-impérialiste Soviétique favorisant l’indépendance de nombreux états fondés sur les communautés ethniques et religieuses, avec de nombreuses minorités nationales en leur sein, complexifiant les problématiques nouvelles en entraînant la résurgence des nationalismes.
Tous ces évènements inaugurent une période de contradiction profonde, parce que d’un côté il y a la décomposition et la déliquescence de tous les modèles connus de sociétés, le retour en arrière et, de l’autre, des avancées technologiques spectaculaires. L’Occident a inventé un système qui prétendait être le summum de ce que l’Homme pouvait concevoir comme modèle social en bâtissant des espaces d’échange pour des relations égalitaires entre individus et pays. Il édicte des lois, des concepts comme la liberté d’expression et d’association, les Droits de l’Homme, la Démocratie, la République, l’Etat de Droit, le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple, la libre circulation des personnes et des biens, l’ouverture des frontières. Les Accords de Bretton Woods de 1944 signés par 44 pays et un observateur soviétique, créèrent le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, prétendant constituer un système de régulation des échanges pour assouplir les flots commerciaux et apporter l’aide au développement pour un mieux-être des populations. L’OMC en 1995 succède à Bretton Woods et consacre le libéralisme économique, c’est-à-dire l’abolition des barrières douanières, qui laisse la liberté totale à l’économie de marché de diriger le monde, les états, devenus des facilitateurs, démissionnent de leur autorité, cèdent les pleins pouvoirs de la responsabilité politique nationale réelle aux conglomérats et multinationales. C’est la mise sous tutelle du monde par l’Occident. Et les BRICs, les pays émergents, s’organisent en pôle contradictoire à ce modèle, tout en adhérant à l’OMC en maintenant la thèse contradictoire de la coexistence pacifique, parce que quand la guerre n’est plus militaire elle est économique.
Tout cela est dans l’ordre des choses. C’est toujours et encore l’hégémonie d’un groupe sur un autre pour survivre et ça atteste que c’est l’ADN qui, dans les faits, dirige le Monde.
Le chaos et le réveil
La recomposition du Monde des trois dernières décennies a produit une situation de régression et de repli général avec la montée en puissance des nationalismes et des extrémismes globalisant un climat de méfiance, pour ne pas dire de haine réciproque. Des Occidentaux ont détruit plusieurs pays du Moyen Orient sur la base de mensonges avérés et face aux flots d’immigrants ils s’enferment dans leurs frontières. Ils ont toujours violé les lois et règles qu’ils inventent quand cela ne les convient plus. Avec le nouvel isolationnisme des Etats-Unis et la recomposition géopolitique de l’Europe, prise dans ses contradictions entre discours humaniste et racisme rampant, incapable de s’harmoniser pour se stabiliser, et les nouveaux systèmes économiques libéraux dirigistes et centralisateurs – la Fédération Russe, la Chine, la Turquie, pour n’en nommer que quelques-uns –, le Monde est à une période charnière.
Parallèle à ce chambardement, l’Affaissement, la Défaite de la Pensée et la Démission des Intellectuels, quand ce n’est pas l’apostasie, l’abjuration et le revirement complice du renouveau fasciste, s’installe un système général qui oblitère les possibilités d’un ordonnancement mondial favorisant des accords dans le cadre d’arrangements conflictuels. La Gauche occidentale est responsable de cette situation. Les partis, les syndicats et les intellectuels de gauche ont glissé graduellement dans les années d’après-guerre vers la collaboration avec l’économie de marché. De partis prônant des nationalisations massives ils sont passés à la thèse de l’économie mixte, la social-démocratie, pour en arriver à une gestion bâtarde qualifiée de sociale-libérale, c’est-à-dire le libéralisme économique enrobé de quelques mesures sociales. La trahison politique de la gauche occidentale est une trahison à double tranchant. Elle a d’abord trahi les peuples occidentaux, ensuite elle a trahi les autres peuples du monde, notamment des anciennes colonies, en les livrant tous pieds et poings liés au libéralisme. Ce qui crée les conditions d’une situation explosive.
L’Homme après s’être caché de lui-même durant des années derrière une façade de tolérance et de respect mutuel, tombe le masque pour redevenir ce qu’il n’a jamais cessé d’être, le véhicule d’un ADN omnivore que rien n’arrête dans sa lutte obsessionnelle pour survivre.
Il est une autre dimension qui s’additionne à tout ce qui vient d’être dit. L’Espèce est un processus d’évolution et de mutation biologique. L’Intelligence Artificielle altère de manière dramatique ce schéma naturel. L’Homme se transforme de plus en plus, tributaire de la technologie informatique, il devient son relais. L’IA supplante l’Homme en palliant ses faiblesses. Nécessairement se fiant à l’efficacité pragmatique de l’IA, l’Homme Diminué, en lieu et place de l’Homme Augmenté que les apprentis sorciers de l’informatique nous vendent, l’Homme va entrer, est déjà entré, dans une ère de stagnation biologique. L’ADN, à forcer de vouloir tout soumettre, inventant constamment des outils pour se donner les moyens d’étendre encore son contrôle, finit par créer les conditions de sa Mort définitive tant redoutée.
L’Homme a-t-il les moyens de modifier son appréhension de lui-même ? De modifier son ADN pour se transformer en une Espèce tolérante en tuant le Prédateur en lui ? A-t-il le temps de se métamorphoser pour devenir un Être Humain ? Parce que l’Homme est un animal biologique qui mute ! S’il est remplacé par les transformations technologiques, le processus naturel de la mutation devient désuet, entraînant très probablement une soumission de l’Homme à son invention. Il faut ajouter un élément important, l’Homme, répétons-le, est un processus d’évolution biologique par nécessité pour survivre, mais l’Humain n’est pas biologique, mais une quête philosophique, éthique.
La table rase évoquée au début commence par un changement de vocabulaire, de langage, de concepts. Socialisme, communisme, révolution, démocratie, gauche, liberté, égalité, droits, humanisme, tolérance, respect, laïcité, tous ces mots n’ont plus de sens, ils ont été vidés de leur contenu, ne veulent plus rien dire, voire même le plus souvent le contraire de ce qu’ils signifiaient. L’Homme est à la croisée des chemins qui devait le mener vers lui. Il s’est égaré. Ce qu’il fuyait l’a rattrapé, c’est-à-dire la disparition.
La Dissidence et la Subversion préconisées au début comme méthode pour repenser l’Homme et son Monde, passe indubitablement par un renouveau du vocabulaire et du langage, en sortant de cet humanisme de bon aloi en le regardant pour ce qu’il est, c’est-à-dire juste un homme.
C’est un appel au réveil ! Changer de paradigme pour vivre enfin, et non survivre ! L’enjeu se résume en deux mots : Vivre ou s’éteindre en tant qu’Espèce !