Très mal inspiré, le conseiller bénévole spécial de Lakwizinn, la semaine dernière, de venir taxer les Mauriciens de relâchement. Ce laisser-aller d’un grand nombre d’entre nous serait, toujours selon lui, la principale cause de l’explosion de nouveaux cas positifs au Covid-19, qui a atteint des pics records de plus de 350 nouveaux cas par jour.
Mais ce qu’il suppute totalement, ou ce qu’il évite scrupuleusement d’aborder, ce sont les raisons de cette attitude irresponsable de nombre de Mauriciens. Zouberr Joomaye appartient à la profession médicale. En tant que tel, il devrait être parmi les premiers à avoir compris que le relâchement d’un grand nombre de Mauriciens, effectivement, ces dernières semaines, découle tout bonnement de l’entêtement du gouvernement à « downplay » la situation réelle du Covid-19 chez nous, et cette obstination à nous faire croire que tout va bien dans le meilleur des mondes ! Tandis que le cimetière de Bigara se remplit, les communications du NCC, elles, affichent de malheureux chiffres qui ne reflètent pas la réalité.
Revenons justement sur la manière de faire du NCC. Communiqués laconiques; infos et éclaircissements importants, tels que le nombre quotidien de cas actifs, enlevés; le nombre de nouveaux cas enregistrés dans la communauté et ceux recensés en quarantaine inexistants; et un pourcentage évidemment bas de cas de mortalités, puisque les services de la Santé « oublient » de communiquer certains décès !
Face à ces (dés)informations, le citoyen mauricien moyen, qui est convaincu que le gouvernement de Pravind Jugnauth n’oserait jamais lui mentir, est évidemment d’avis que « la situation est sous contrôle » ! Tel que le martèle à chaque occasion qui lui est donnée le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. D’ailleurs, il est passé où, celui-là ? Vacances imposées, à force de faire avaler des couleuvres ? Et l’on s’étonne que plein de Mauriciens fassent fi du Covid-19 ! Qu’ils se baladent partout et à toute heure, de jour comme de nuit, souvent sans masque et, surtout, sans respecter la distanciation sociale, comme quand ils passent à la caisse dans les supermarchés ou chez les marchands de fruits et légumes.
La progression exponentielle de nouveaux cas aurait pu avoir été freinée avec quelques mesures supplémentaires, comme un couvre-feu nocturne et le rétablissement de l’ordre alphabétique, ainsi que l’a proposé l’ancien patron de la Santé, le Dr Vasantrao Gujadhur. Mais l’orgueil de nos décideurs ne peut concéder que ces conseils sont sages et s’avèreraient efficaces. Pourtant, le Dr Gujadhur n’a pas été le seul à préconiser ces mesures. Plusieurs autres observateurs sociaux ont abondé dans le même sens. Hélas, c’est sans compter le dédain de Lakwizinn, qui méprise totalement la souffrance du petit peuple.
À force d’avoir seriné « Sel Solisyon vaksinasyon », il semblerait que Steven Obeegadoo ait compris qu’une fois vacciné, il pouvait tomber le masque ! D’ailleurs, il en a donné la preuve en image. Le DPM et ministre du Tourisme, sans masque, à Trou-aux-Cerfs, n’a pas échappé à l’activiste Reuben Pillay. Cela a évidemment fait le buzz sur les réseaux sociaux.
Le décès de plusieurs vieilles personnes, causé par le Covid-19, remet à jour un argument avancé récemment dans nos colonnes par des médecins du privé, et qui a été malheureusement occulté par la Santé. En effet, ils sont très nombreux les Mauriciens à penser que si les aînés ne sortent pas de chez eux, ils n’ont aucun besoin d’être vaccinés. Cependant, ils oublient, qu’eux, adultes et jeunes, qui vont et viennent dans la maison de l’aîné, même s’ils sont vaccinés, peuvent contracter le virus. Et que la transmission peut s’avérer fatale. C’est ce type d’infos que les Mauriciens attendent des autorités, afin qu’ils puissent se protéger et protéger les leurs. Mais la Santé est totalement larguée. Elle est dépassée et ne contrôle plus rien.
Et pendant ce temps-là, Pravind Jugnauth continue de fermer les robinets dans certaines régions, bien que nos réservoirs soient remplis grâce aux pluies récentes. Eh oui, le bétonnage du pays se poursuit, lui, sans relâche…