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Rapport de l’Audit au 30 juin 2021 : en 2 ans, la dette publique augmente de Rs 100 milliards

  • Au 30 juin dernier, la Government Debt Servicing a nécessité des déboursements de Rs 110,4 milliards, soit 37% des dépenses publiques
  • Les Outstanding Loans de la CWA et de la WMA se montent à Rs 6,8 milliards à la fin de juin dernier

La Banque mondiale : « If the PSD-to-GDP Ratio of a country exceeds 77% for an extended period, it slows economic growth »Les 45 pages du rapport de l’Audit, consacrées au ministère des Finances, projettent un éclairage bien sombre au tableau de la dette publique. Bien avant l’arrivée de la mission du Fonds monétaire international (FMI) au cours du mois d’avril pour les besoins des Article IV Consultations sur l’économie, avec des commentaires sur la gestion de la dette publique, le paramètre de la Banque mondiale à ce titre constitue un signal d’alarme.

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En effet, au cours de ces deux derniers exercices financiers, la dette publique a augmenté de Rs 100 milliards, passant de Rs 320,7 milliards au 30 juin 2019, soit à la veille de la pandémie de Covid-19, à Rs 419,4 milliards au 30 juin dernier. Dans ces deux cas, le ratio de la dette au PIB est supérieur à 70%, soit respectivement de 70,4% et de 79,2%. Une étude de la Banque de Maurice, intitulée Finding the Tipping PointWhen Sovereign Debt Turns Bad, publiée en août 2010, souligne que « if the Public Sector Debt (PSD)-to-GDP Ratio of a country exceeds 77 % for an extended period, it slows economic growth ». Un autre paramètre économique, relevé dans le dernier rapport de l’Audit, susceptible de retenir l’attention au chapitre de la gestion de la dette publique, demeure le Servicing.

Ainsi, au cours du dernier exercice financier, l’enveloppe consacrée au remboursement de la dette a été de Rs 110,4 milliards, représentant 37,1% des dépenses publiques. Cet item a triplé d’une année à l’autre car au 30 juin 2020, le Servicing de la dette n’était que Rs 36,6 milliards, même en hausse de Rs 8 milliards par rapport à 2019.

Les principales caractéristiques de l’évolution de la dette publique d’une année à l’autre, résumées par l’Audit, dénotent que la Public Sector Debt est passée de Rs 381,8 milliards à Rs 419,4 milliards, soit une progression de 10% en une année alors qu’entre 2017 et 2019, le taux a varié de 3,47% à 6,83% sauf pour 2019/20 où une augmentation de 19,07% avait été enregistrée pour faire face à la pandémie de Covid-19 ;ce montant de Rs 419,4 milliards est supérieur de Rs 28,5 milliards comparativement aux estimations officielles de Rs 390,9 milliards ;la dette étrangère a presque doublé d’une année à l’autre, passant de Rs 43,7 milliards à Rs 85 milliards ;au cours de ces cinq dernières années, la dette publique est passée de Rs 290,1 milliards au 30 juin 2017 à Rs 419,4 milliards à la fin de juin dernier ;le Servicing de la dette a augmenté de 71% de fin juin 2020 à juin 2021, soit de Rs 64,7 milliards à Rs 110,8 milliards. De ce montant, Rs 97,93 milliards ont été utilisées contre une fourchette de Rs 10,5 milliards à Rs 23,2 milliards au cours de ces quatre dernières années en raison du fait que « domestic repayments for Treasury Buildings, Treasury Certificates and Treasury Notes are included in capital repayment ».

Des repaiements de capital de Rs 4,9 milliards de dettes étrangères ont également été effectués à partir des Rs 18 milliards en provenance du Special Reserve Fund de la Banque de Maurice.L’Audit s’inquiète également que le ratio de la dette au PIB avait atteint 96,2% au 30 juin dernier.

Poursuivant son analyse au titre de la gestion de la dette publique, le Directeur de l’Audit souligne que « according to the maturity structure of Government Securities, around 27 per cent of the total debt will mature by June 2022, requiring Rs 81,54 billions to settle those debts ». En sus de cela, il faudra prévoir des fonds de Rs 99,34 milliards pour le repaiement des Outstanding Debts entre juillet 2022 et juin 2025, l’Audit faisant ressortir que « there is a concentration of maturities in the near term », et avançant que « for maturing Government Securities, a system of rollover or refinancing is applied ».

De ce fait, en 2020/21, un montant de Rs 92,9 milliards a été remboursé avec de nouvelles émissions de Rs 107,4 milliards, soit une progression de Rs 14,5 milliards.Au 30 juin 2021, le gouvernement avait contracté trois emprunts majeurs de l’étranger pour un montant total de 25,3 milliards, dont Rs 13,9 milliards de l’Agence Française de Développement, Rs 10,9 milliards de la Japan International Cooperation Agency et Rs 5 milliards de la Standard Chartered Bank de Singapour en date du 2 juillet 2020.D’autre part, l’Audit est également critique au chapitre de l’Investment Management comme suit:des investissements au coût de Rs 72,4 milliards sont « stated at fair value » de Rs 119,8 milliards le volet des investissements a augmenté de 85%, suite à un montant de Rs 32,9 milliards ;Rs 11,9 milliards ont été injectées au profit de la National Property Fund Ltd « with remote expectation of returns or increase in the company’s Net Asset Value »;

une hausse de Rs 6 milliards de placements au titre de la participation dans l’actionnariat d’entités avec des « Negative Net Assets and disclosed at zero fair value » ;des investissements de Rs 14,7 milliards ne générant aucun dividende ;des LongTerm Placements de Rs 590 millions à la Banque de Développement ne rapportant qu’un Return de 1,7% au cours du dernier exercice financier et aucun intérêt sur des dépôts fixes de Rs 200 millions à la Banque de Développement. La situation est encore plus alarmante par rapport aux Government Controlled Companies, douze de ces entités et des Government Equity Holdings de Rs 38,2 milliards ne rapportant aucun dividende au gouvernement. En général, le gouvernement n’a reçu que des dividendes de Rs 110,9 millions pour des placements de Rs 46,4 milliards, dont un taux de rémunération de 0,24%.De ces Rs 110,9 millions, Mauritius Telecom a versé Rs 54 millions comparativement aux Rs 262 millions du précédent exercice. La State Investment Corporation n’a contribué que Rs 34,9 millions aux fonds publics. La Mauritius Housing Company Ltd s’est contentée de Rs 15 millions alors que la SBM Holdings, qui avait versé des dividendes de Rs 29,9 millions en 2019/20, n’a rien généré au 30 juin dernier.

Les Quasi-Corporations ont rapporté des revenus de Rs 992 millions l’année dernière contre Rs 2,2 milliards au 30 juin 2020. Avec un Nil Return de la State Trading Corporation et une baisse de Rs 400 millions de la Financial Services Corporation.Le rapport de l’Audit met en exergue le fait que sur les Rs 44,9 milliards de placements publics, Metro Express avec Rs 11,6 milliards et la National Property Fund, une séquelle de l’opération Daylight Robbery d’avril 2015, avec Rs 11,9 milliards, se taillent la part du lion et que « these investments not yielding any return since acquisition ».

Une autre zone d’ombre, relevée dans le rapport de l’Audit, porte sur les mauvais payeurs avec des emprunts de l’ordre de Rs 17 milliards en suspens. En tête de ce hit-parade se trouvent deux corps para-étatiques sous la tutelle du ministère des Utiliités publiques, à savoir la Central Water Authority, avec Rs 3,3 milliards et la Wastewater Management Authority avec Rs 3 milliards, soit un total de Rs 6,3 milliards sur un total de Rs 9,7 milliards.

Enfin, des emprunts de l’ordre de Rs 2,4 milliards ont été Written Offau 30 juin dernier…

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