Les mentalités et les priorités changent au fur et à mesure que s’intensifie la crise climatique. Les banques sont en effet de plus en plus ouvertes au financement de projets durables. Les dernières enquêtes menées par la Banque de Maurice indiquent ainsi un progrès soutenu vers un système bancaire plus vert.
L’exposition totale du secteur bancaire aux projets durables a augmenté de manière régulière, passant de Rs 4,2 milliards fin juin 2022 à Rs 10,2 milliards fin juin 2024, représentant une croissance moyenne annuelle de 56,1%. C’est ce que Rama Sithanen, gouverneur de la Banque de Maurice, a indiqué lors de la conférence Cap sur la Finance Durable, organisée par l’Agence française de développement (AFD).
« Les facilités de l’AFD et de Proparco ont contribué à la croissance des expositions vertes. Sur la même période, le nombre de demandes de prêts pour des projets durables a augmenté de 80% en moyenne annuelle. Il faut souligner un fait important : la finance ne peut tout résoudre à elle seule. Pour affronter les difficultés actuelles, elle doit collaborer avec tous les acteurs du développement : le milieu politique, le milieu universitaire, les organisations internationales, et bien entendu le milieu économique et les ONG, entre autres », a-t-il affirmé.
Maurice a progressé en matière de finance durable. Le pays a connu un changement de son secteur financier, visant à renforcer la gouvernance, la transparence et la durabilité, et la Banque de Maurice joue un rôle central dans ce changement, selon Rama Sithanen. Il a énuméré diverses initiatives, telles que la création du Climate Change Centre (CCC), qui travaille non seulement à promouvoir la transition écologique de l’économie, mais également à analyser les impacts économiques des changements climatiques pour améliorer la résilience de notre système financier.
Le CCC a déjà réalisé plusieurs projets visant à promouvoir la finance durable et à intégrer la gestion des risques liés au climat dans le cadre de la politique monétaire, réglementaire et de supervision. La banque prend aussi en compte les considérations ESG lorsqu’elle investit ses réserves en devises étrangères. Elle a également mis en Å“uvre une série d’initiatives internes pour réduire ses émissions carbone.
« Une de nos priorités demeure le développement de modèles robustes pour comprendre et évaluer les risques posés par les chocs climatiques sur la stabilité des prix et la stabilité du système bancaire. La BoM collabore actuellement avec le Fonds monétaire international pour développer des modèles macroéconomiques et des tests de résistance climatique », dit-il.
Abordant le problème de manque d’eau dans le pays, le gouverneur souligne que la gestion de la ressource hydrique est un défi majeur. « Les ressources en eau potable se raréfient et les phénomènes naturels extrêmes s’intensifient. Le gouvernement a ainsi positionné le secteur hydrique comme l’un des axes prioritaires de sa trajectoire de développement durable, en tenant compte de la diversité des enjeux qui y sont liés : adaptation et atténuation, préservation de la biodiversité et inclusion sociale, entre autres. »
Il ajoute que le prêt de 200 millions d’euros de l’AFD, accompagné d’une subvention de 2 millions d’euros, vise à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement de l’eau pour la population de Maurice et Rodrigues.
D’autre part, la Banque Centrale prévoit de signer un protocole d’accord avec la Banque africaine de développement pour l’élaboration de directives sur l’investissement durable. De plus, un plan directeur dédié à la Fintech est en cours d’élaboration en vue d’attirer des entreprises technologiques et promouvoir l’innovation dans le secteur financier.
Rama Sithanen, gouverneur de la Banque de Maurice : Les financements de projets durables en hausse
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