Nous avons rudement besoin d’un Roberto Mancini, non pas pour gagner une coupe, comme les Italiens l’ont fait dimanche dernier lors de la finale de l’Euro, mais définitivement pour rebooster notre moral qui, avouons-le, est de plus en plus mis à mal !
Plus de 100 cas de Covid-19 détectés en une seule et même journée : un triste record depuis que nous sommes frappés par ce fichu virus.
Des Covid Centres des quatre coins du pays qui enregistrent quotidiennement de nouveaux cas positifs. Des écoles qui fonctionnent en mode “staggered” – le mot résume magnifiquement la situation ! – et Leela Devi Dookun-Luchoomun, VPM et ministre de l’Éducation, qui joue aux abonnés absents alors que des parents, désespérés et en détresse, préfèrent ne plus envoyer leurs enfants à l’école. Des touristes qui reviennent au pays (hourra !) sous des conditions strictes, c’est sûr, et c’est tant mieux.
Voilà qui permettra à l’économie de redémarrer, même lentement. Mais des prestataires directement concernés par ce secteur, comme des chauffeurs de taxi d’hôtel, sont exclus de la partie. Tandis que le personnel navigant de notre compagnie nationale d’aviation, lui, est, à juste titre, mécontent de ne plus devoir porter leur PPE (Personal Protective Equipment). Des pères et des mères de famille qui se battent pour faire vivre leur famille et qui sont boudés par nos politiciens, peu enclins à entendre leurs appels de détresse.
Les couacs se multiplient et amplifient le manque de “feel good factor” qui nous fait cruellement défaut depuis plusieurs mois. La démarche de Pravind Jugnauth, la semaine dernière, de subventionner quelques produits de base, dont les prix avaient pris l’ascenseur brutalement, est louable, mais sans plus. Inévitablement, la roupie va encore souffrir et, incidemment, notre porte-monnaie. Ces nouveaux prix ne contribuent qu’à partiellement alléger nos factures.
En remportant la coupe européenne sur le terrain des British, inventeurs du foot rappelons-le, devant un Wembley plus que galvanisé, survolté, et qui croyait dur comme fer que sa “Cup” était en bonne voie de “coming home”, les hommes de Mancini n’ont pas uniquement ressuscité la Nazionale. En ramenant la coupe à Rome, après avoir été précédemment éliminés du Mondial en 2017, les Azzuris ont carrément fait revivre une Italie sérieusement affectée par la pandémie l’an dernier, sur tous les plans.
Il va sans dire que ce type de “feel good factor” aide énormément à redémarrer un pays en panne. Comme le nôtre. Actuellement, l’humeur est à la grogne, parce que tout, ou presque, va mal : du coût de la vie à l’épargne, en passant par les rares plages de détente, nous vivons quasiment sous respirateur artificiel ! Et pourtant, il suffirait de peu pour changer la donne.
Par exemple que la ministre de l’Éducation monte au créneau pour rassurer les parents et qu’une décision ferme et solide soit prise afin d’éviter que des enfants aient à prendre des risques de tomber malade en allant à l’école. Ou que Pravind Jugnauth vienne concéder que sa gestion de la deuxième vague du Covid a été désastreuse. Que son ministre de la Santé et ses techniciens ont raté le coche, puisque le virus circule désormais aux quatre coins du pays. Reconnaître ses erreurs ne veut pas dire automatiquement jouer au “blame game” ! Admettre qu’on a “fauté” permet de grandir. Prouver qu’on a l’humilité d’accepter qu’on n’est pas infaillible.
N’est pas Roberto Mancini qui veut évidemment. Et il faut avoir souffert comme cet ex-joueur, et avoir à cœur sa dignité et son amour pour sa patrie, pour marcher dans ses pas. Prendre le leadership d’un groupe, quel qu’il soit, que ce soit un Onze de football ou un peuple, requiert des qualités comme la modestie, l’humilité, l’intégrité, la prévoyance, la vision, des principes et des convictions qui ne sont pas qu’énoncés lors des discours flatteurs et trompeurs. Mais qui sont vécus et se traduisent dans le concret. C’est à cela qu’on reconnaît les vrais grands meneurs.
Husna RAMJANALLY