Il aura fallu un rendez-vous olympique manqué pour que l’haltérophile Ketty Lent rebondisse de la plus belle des manières. En se rendant aux championnats du Commonwealth, aux îles Fidji, elle s’offrait une revanche sur le sort. Alors qu’elle visait un podium, elle se pare d’or dans la catégorie des 81 kg, avec une performance de 100 kg à l’arraché et 123 kg à l’épaulé-jeté pour un total olympique de 223 kg. De retour à Maurice, elle savoure un peu de repos, mais a déjà la tête à d’autres objectifs. Elle se confie au Mauricien.
Ketty Lent, pouvez-vous nous raconter votre parcours jusqu’à cette fameuse médaille d’or ?
Pour vous répondre franchement, en 12 ans de carrière, c’est bien la première fois que je vis une compétition aussi stressante.
Dites-nous en plus…
D’abord, je devais changer de catégorie, pour passer chez les 81 kg. Je devais donc prendre du poids, sinon je risquais la disqualification. Ensuite, c’est la première fois que je rencontrais celles qui allaient être mes adversaires. Je ne savais rien d’elles. J’étais angoissée, j’avais les mains qui tremblaient, et je ne trouvais pas le sommeil.
Vous vous êtes pourtant préparée pour ce rendez-vous…
Oui. Mais à vrai dire, je sors d’un stage qui fut extrêmement dur. Vous savez, après avoir raté mon ticket pour Paris 2024, j’avais commencé à douter de moi. Je me demandais si je devais continuer. Mais j’ai essayé de tirer le meilleur de la situation. Le stage, aussi dur fut-il, a été le déclic pour moi. C’est ce qui m’a permis de me préparer pour les Championnats du Commonwealth. Maintenant, je vise une participation aux JO de Los Angeles en 2028.
Vient ensuite ce moment où votre adversaire fait une barre à 130 kg, qui ne sera pas validée par la suite…
En effet ! Cette athlète a réalisé quelque chose d’impensable. Passer de 117 kg à 130 kg d’un coup. Mais moi, j’avais déjà fait ma barre à 123 kg. C’est la première fois que j’y suis parvenue. J’étais contente de moi. Mon coach et moi, nous considérions déjà ça comme une victoire.
Que se passe-t-il ensuite ?
Nous avons remarqué qu’elle avait commis une faute, ce qu’on appelle en haltérophilie une « press ». Le coach a fait une réclamation et les juges ont par la suite invalidé le résultat. Pendant ce temps, je me disais que je me battrais jusqu’à ma dernière barre, que cette médaille n’allait pas m’échapper aussi facilement.
Que retenez-vous de ce duel avec cette athlète ?
Qu’elle est très forte mentalement. Passer de 117 à 130 kg d’un coup demande une force mentale extraordinaire. On ne le réalise pas, mais c’est énorme !
Maintenant que la médaille d’or est à vous, quels sont vos autres objectifs ?
Je pense aux prochains Jeux du Commonwealth, dans deux ans (ndlr : en 2026 à Victoria en Australie). Je pense sincèrement aller chercher une médaille d’or. Je sais que j’en suis capable. Mais il me faut pour cela un meilleur suivi.
C’est-à -dire ?
Le soutien nécessaire et adéquat est important, tout comme le suivi spécifique. Je ne me plains pas, mais il nous faut un meilleur suivi, plus complet.
Vous avez parlé des JO de 2028. Pensez-vous qu’une médaille soit dans le domaine du possible ?
Tout est possible avec la préparation adéquate. Vous vous rendez compte que certains athlètes se préparent pendant quatre ans ! Quatre ans de sacrifices pour obtenir la médaille. C’est important de bien se préparer.