Les événements de ces derniers jours avec l’Attorney General Yatin Varma mis KO sur le plan politique en marge de l’enquête policière sur des allégations d’agression contre un jeune chauffeur et la démission de Reza Issack en tant que Private Parliamentary Secretary (PPS) ont eu leurs effets sur l’ambiance au sein de l’hémicycle. Outre une intervention face à la demande de démission du vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques Anil Bachoo formulée par le Whip de l’opposition Rajesh Bhagwan, la Shouting Brigade de la majorité, composée principalement des PPS Patrick Assirvaden, Thierry Henry et Dhiraj Khamajeet, ont littéralement assumé un rôle effacé lors de la tranche du Question Time de l’après-midi. Cette séance a été marquée par le fait que la ministre du Développement de l’enfant Mireille Martin ait été soumise à un véritable barrage d’interpellations parlementaires au sujet des allégations d’abus sexuels sur des enfants. Une quasi-Private Notice Question (PNQ) adressée à Mme Martin, comme l’a laissé entendre un membre de la majorité…
De son côté, le ministre du Commerce Cader Sayed-Hossen a voulu être rassurant quant à l’approvisionnement du pays en gaz ménager vu que le contrat pour la prochaine année n’a pas encore été alloué. Le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, qui se trouve « in the line of fire » sur le plan politique depuis plusieurs semaines déjà et davantage depuis le début de cette semaine avec les problèmes de la Corporation nationale de transport (CNT), a quant à lui été des plus catégoriques au sujet de l’introduction du permis à points. Il n’est pas question de faire machine arrière à ce sujet même si Anil Bachoo a concédé officiellement que seulement quatre des 20 Speed Cameras de ProGuard Limited, installées sur les routes au coût de Rs 177,2 millions, sont opérationnelles après trois mois d’essai et de synchronisation.
Mireille Martin n’a pas eu la partie facile lors de la séance d’hier avec trois interpellations parlementaires portant sur des allégations d’abus sexuels sur des enfants. Dans la première, une enquête au sujet des cas dans une institution s’occupant d’enfants inadaptés a été rouverte mercredi dernier, suite à la publication d’une lettre dans les colonnes du Mauricien le 11 juin. Cette enquête, initiée le 7 mai de l’année dernière, avait été classée par la police et l’Ombudsperson for Children en janvier 2012. La raison : les allégations étaient infondées. La ministre du Développement de l’enfant a aussi eu à répondre à des Parliamentary Questions sur le cas de pédophilie au Collège Hamilton avec un instituteur dans le collimateur et au Mauritius Institute for Training and Development (MITD), qui défraie la chronique depuis plusieurs mois déjà.
Hanoomanjee : Par rapport aux cas allégués d’abus sexuels sur des enfants, la ministre peut-elle confirmer si au cours de l’année dernière, aucun cas n’a été rapporté à son ministère impliquant une institution s’occupant d’enfants inadaptés et de faire état des actions et mesures prises à son niveau ?
Martin : En ce qui concerne ce cas dans une institution ayant à sa charge des enfants inadaptés, je voudrai référer l’honorable membre à la PNQ du 16 avril dernier. Je suis informée que le 7 mai de l’année dernière, mon ministère a accusé réception d’une lettre de dénonciations avec des enfants victimes d’abus sexuels. La lettre était datée du 11 octobre 2011.
Une descente des lieux a été effectuée par des officiels de mon ministère le 4 juin 2012. Une rencontre a eu lieu avec l’Officer in Charge. Celle-ci devait souligner qu’elle n’était en présence d’aucune plainte venant des enfants ou de leurs parents. Elle devait référer les officiers de la Child Development Unit à la direction de cette institution.
Parallèlement, ce cas a été porté à l’attention de la Brigade des moeurs pour enquête en juillet 2012. En mai 2013, suite à une requête à la police, mon ministère a été informé qu’une copie des dénonciations anonymes avait été envoyée à la police par le Prime Minister’s Office (PMO) le 24 octobre 2011. Lors de l’enquête policière initiée, toutes les personnes interrogées devaient nier les faits allégués. La lettre anonyme a aussi été portée à l’attention de l’Ombudsperson for Children par le bureau du Premier ministre. Le 9 janvier 2012, les services de l’Ombudsperson for Children avait informé le PMO que les allégations étaient infondées.
Suite à la publication dans les colonnes du Mauricien d’une lettre ouverte en date du 11 juin, une réunion a été organisée le 20 juin entre les officiers de mon ministère et l’auteur de cette correspondance de même qu’un ancien membre de cette institution. Ce dernier devait faire état d’un cas allégué d’abus sexuel, qui aurait pu avoir été commis en août 2009 sur un ancien élève de cet établissement. Depuis, mon ministère a ouvert une enquête de même que la police.
« Concerted action »
Hanoomanjee : Dans des cas pareils, il y a urgence pour une action concertée entre la police et les autres institutions concernées par ce genre de problèmes d’autant plus que des enfants inadaptés sont les victimes. There is need for a decision as quickly as possible…
Martin : This is exactly what happened. Nous avions informé la police et le ministère de l’Éducation. Il y a un partage d’informations et le PMO est aussi engagé. There is concerted action…
Uteem : J’ai entendu la ministre dire que son ministère a agi dans les meilleurs délais aussitôt informé des cas d’abus sexuels en avertissant la police. Peut-elle nous informer du nombre de cas qui ont été référés à la police au cours de ces deux dernières années et le nombre de plaintes et dénonciations reçu à son ministère en même temps ?
Martin : Je conseillerai à l’honorable de proposer une substantive question. Je ne suis pas en possession des informations recherchées.
Obeegadoo : Dans le rapport du Fact Finding Committee sur les allégations de pédophilie et sur la base des informations qui ont été communiquées par le ministre de l’Éducation Vasant Bunwaree, la nécessité pour la police d’agir promptement est soulignée. En tant que ministre responsable a-t-elle eu l’occasion de prendre connaissance du rapport ? A-t-elle eu l’occasion de soulever la question avec le Premier ministre et avec le Commissaire de police pour des mesures appropriées et dans les meilleurs délais possibles ?
Martin : Il y a un comité interministériel présidé par le Premier ministre adjoint et des décisions prises à la lumière des recommandations…
Bunwaree : Pou sanz lalwa-la ! Police Act !
Ganoo : Semaine après semaine, nous continuons à être en présence de cas d’abus sexuels sur des enfants dans des institutions. Puis-je demander à la ministre d’étudier le problème en amont, soit lors des recrutements du personnel avec des vérifications quant à la moralité des personnes recrutées. Prenez l’exemple de l’Australie où il y a une vérification des Criminal Records. C’est la tendance dans le monde entier. Il faut un screening of background de ceux qui sont appelés à travailler avec des enfants. Il y a urgence à proposer un texte de loi sur ces mêmes lignes…
Martin : I quite agree with the leader of the opposition. When you deal with children, you have to be extremely careful. Nous avons mis à execution un programme de sensibilisation avec les organisations non gouvernementales et autres institutions traitant avec les enfants. We have more reported cases. This is a positive signs. Nous avons adopté une nouvelle approche…
Speaker : Je dois interrompre la ministre. L’interpellation supplémentaire porte sur la nécessité du screening…
Martin : If the Honourable Speaker will bear with me, I’m trying to answer. Just allow me a few sentences ; nous avons demandé aux institutions concernées de nous fournir la liste de leurs employés et des certificats de moralité. Le problème se pose au niveau du privé…
Speaker : It seems that you have not understood. La préoccupation du leader de l’opposition porte sur le besoins de screening de ceux qui sont employés pour côtoyer des enfants…
Baloomoody : Cette affaire remonte à juin 2012 avec la police arrivant à la conclusion que les allégations d’abus sexuels contre des enfants n’étaient nullement fondées. Quelle protection a été assurée autour de la jeune victime depuis ?
Martin : There was no security that was deemed to be given…
Bhagwan : La ministre peut-elle révéler à la Chambre le nombre de fois qu’elle a rencontré le Commissaire de police ou des hauts gradés de la force ou même la Secretary for Home Affairs ?
Martin : I do not have to meet the Commissioner of police. Nous travaillons en collaboration avec la Brigade des mineurs.
Jugnauth : La ministre est d’accord que la police doit agir dans les meilleurs délais. Peut-elle révéler quand a démarré l’enquête ?
Martin : Dès qu’il y a des allégations, les officiers de mon ministère se déplacent vers les institutions concernées en vue de démarrer les enquêtes. En même temps le dossier est soumis à la police.
Jugnauth : I have asked a simple question. When and who inquired ?
Martin : I’ve already answered in my main reply.
La ministre se met à relire les détails de sa réponse principale.
Labelle : La ministre a réclamé une nouvelle enquête le 19 juin, soit quand l’interpellation parlementaire avait été soumise. Cette affaire remonte à 2011 et maintenant elle a instruit une nouvelle enquête. Quel personnel de son ministère est doté pour de telles enquêtes ?
Martin : Je l’ai déjà expliqué… Il y avait une lettre anonyme. Puis il y a eu la lettre ouverte dans Le Mauricien du 11 juin. En 2011, les allégations étaient considérées comme infondées…
Hanoomanjee : Nous constatons avec quelle légèreté ces enquêtes sont traitées. Il y a eu le cas de Namasté. Nous pensons que la ministre doit se pencher sur ces problèmes de manière approfondie ?
Martin : I made it clear. The Honourable seems not to have understood..
Baloomoody : Quelle arrogance…
« Not my fault »
Bhagwan : Bann tranfiz-la pa fasil ar zot…
Martin : Les allégations avaient été jugées infondées. Quand l’enfant fait des allégations, nous mettons en branle les procédures. Même si c’est une année après. It is not my fault if the police does not find anything…
Bancs du gouvernement : Ouadire enn PNQ sa…
Navarre-Marie : Le moment n’est-il pas venu pour mettre sur pied une Full-Fledged Children’s Investigation Unit et des sanctions plus sévères dans la loi ?
Martin : I do agree. Il y a la collaboration de tous les Stakeholders à rechercher. C’est ce que nous faisons….
Bhagwan : To pou gagn letan. Taler to pou dan karo kann…
Hanoomanjee : Que s’est-il passé avec le Drop-In Centre de Grande-Rivière-Nord-Ouest ?
Martin : This is not related to the question.
Les allégations de pédophilie sont également revenues à l’ordre du jour des travaux parlementaires d’hier avec une interpellation du député Pravind Jugnauth. Dans sa réponse initiale, la ministre du Développement de l’enfant a fait comprendre que l’enquête policière est en cours. « As regards to the report of the psychologist formerly employed by the MITD, I must point out that my ministry has never been made aware of its content prior to it being tabled on 17 November 2012 at the National assembly by the Honourable leader of Opposition », a-t-elle déclaré.
Ensuite, la ministre Martin a ajouté, par rapport aux mineures, que « their identities have not been revealed to my ministry. I am also apprised that the abbreviations refer to fictitious names. Hence an enquiry could not be carried out by the CDU officers based on this report ». Elle s’est dit prête à assurer des « protective support services » à la victime si le besoin se fait sentir.
Jugnauth : Peut-elle nous révéler si une l’enquête a été menée dans cette affaire et quelles en sont les conclusions ?
Martin : Il y a eu une enquête de la CDU et de la Brigade des mineures. La victime ne voulait pas venir de l’avant. Finalement, elle a nié avoir été victime d’abus sexuel. Puis, il y a eu le rapport du Fact Finding Committee. Nothing had happened to the child.
Jugnauth : Est-ce que l’adolescente victime a-t-elle été entendue seule ?
Martin : Pour la première fois, non. Elle était accompagnée de ses parents…
Jugnauth : Tout récemment, le 16 mai dernier, il y avait une rencontre à votre ministère ?
Martin : Oui…
Jugnauth : Puis-je obtenir confirmation de la présence du ministre de l’Éducation Vasant Bunwaree lors de cette rencontre avec la fille victime ?
Martin : Yes. C’était à la requête des parents…
L’affaire de pédophilie au Collège Hamilton à Mahébourg a aussi été abordée lors du Question Time d’hier. La ministre a été acculée par le leader du MSM quant aux obligations imposées dans la loi pour le ministère d’entendre tous ceux impliqués dans des cas de pédophilie. Mireille Martin qui n’est pas de cet avis a lancé que « l’agresseur (le prédateur sexuel) ne concerne pas son ministère ». Le cas avait été rapporté au ministère le 24 mai dernier.
L’une des victimes d’abus sexuels dans le cas du Collège Hamilton a été placée dans un des shelters du ministère pour des raisons de sécurité. Le 11 juin, les parents de la jeune fille ont logé une demande auprès du tribunal de Grand-Port pour assumer de nouveau sa garde ; l’affaire a été entendue hier.
Gaz ménager
Parmi les autres dossiers d’intérêt majeurs évoqués lors de la tranche du Question Time d’hier après-midi, relevons l’octroi du contrat pour l’approvisionnement de 65 000 tonnes de gaz ménager pour une année à partir du 1er juillet. Le député Reza Uteem est inquiet qu’à peine une semaine du début d’approvisionnement, la State Trading Corporation (STC) n’a pas encore alloué ce contrat.
Le ministre du Commerce a fait comprendre que par mesure de précaution, la STC a étendu pour une période de trois le contrat de l’actuel fournisseur de gaz. Cader Sayed-Hossen a ajouté que l’évaluation des quatre cotations est en cours au niveau de la corporation. « There has been an increase in the premium from last year to this year », a-t-il ajouté.
« The lowest bidder may not necessarily be the best supplier. We have limited storage capacity for LPG. De ce fait, nous devons nous approvisionner chaque trois semaines. Nous devons nous assurer que le fournisseur est en mesure d’assurer ces rotations pour satisfaire la demande sur le marché local », a conclu le ministre du Commerce à ce sujet.
Experts d’Afrique du Sud
Pour sa part, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques n’en démord pas. Anil Bachoo a maintenu de manière catégorique qu’il n’est pas question de revenir en arrière avec les permis à points. « Nous n’avons aucune intention de revoir le permis à points. Pour ce qui est des radars sur les routes, nous avons eu à faire face à des problèmes. Un comité technique, comprenant des experts d’Afrique du Sud, a été institué pour évaluer la situation et apporter les mesures correctives nécessaires. Quatre Speed Cameras et les six Mobile Cameras sont en opération depuis lundi. L’évaluation des autres radars se poursuit et le public sera informé de leur entrée en opération », a-t-il fait comprendre.
L’état de la piscine Serge Alfred à Beau-Bassin a par ailleurs soulevé des passions à l’Assemblée nationale. Le porte-parole de l’opposition sur le dossier du sport, Franco Quirin, a fait un véritable plaidoyer pour que le nécessaire soit mis en oeuvre en vue de ne pas laisser cette infrastructure tomber en désuétude.
« The Serge Alfred swimming pool, although dating back to 1983, is fully operational. I agree there are certain shortcomings that are due to normal wear and tear of a 30 year old infrastructure, but certainly the swimming pool is not in a bad state », a fait comprendre le ministre des Sports Devanand Ritoo.
« Comme les travaux de réparation et de maintenance nécessiteront la fermeture de la piscine, nous allons attendre la période de vidange, de juillet à septembre, afin de ne pas pénaliser les nageurs et autres adeptes de la natation », a poursuivi le ministre, qui dit préférer faire des réparations à la chaudière au lieu de la remplacer en raison du coût élevé.
Le cas d’un jeune nageur blessé avec un carreau céramique endommagé dans la piscine a aussi été évoqué. Le député Bhagwan a fait un appel pour que l’environnement de la piscine Serge Alfred, dont les points de lumière, soit amélioré.
QUESTION TIME: Mireille Martin soumise à une quasi-PNQ
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