QUESTION A… | Sanjay Jhowry (sculpteur) : « Je peux transformer le sable en tout ce que je souhaite »

Pour la plupart des gens passant un petit moment à la mer, le sable n’est que du sable. Mais Sanjay Jhowry y voit, lui, bien plus que cela, à savoir une manière unique de donner vie aux fruits de son imagination. Rencontre avec un artiste hors-norme. 

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Qui est Sanjay Jhowry ? Et depuis quand êtes-vous installé à Pereybère ?

Ma famille et moi sommes venus nous installer ici vers les années 70’. Mon père était commerçant, mais également planteur. Quant à moi, je suis allé à l’école publique de Cap-Malheureux puis, plus tard, au collège Bhujoharry, à Port-Louis.

Une scolarité normale, donc. D’où vous est venue l’idée de sculpter du sable ?

Ma première sculpture de sable remonte à 2009. À l’époque, il s’agissait de sculptures de taille modeste. Les gens qui passaient sur la plage étaient attirés par les formes et ma créativité, ce qui m’a encouragé à continuer. Mais il m’aura fallu quelques années pour maîtriser l’art de la sculpture du sable. Petit à petit, j’ai senti que j’avais plus confiance en moi, en ce que je faisais. J’ai alors commencé à faire des sculptures en public, au milieu de la plage. Ce qui a eu pour effet d’attirer les touristes. Aujourd’hui, j’en crée environ une par semaine, de différentes tailles.

Qu’est-ce qui vous attire dans le sable ?

C’est un matériau très spécial. Surtout, le sable est un élément très écologique, proche de la nature. Pour faire une sculpture, il faut juste du sable et de l’eau. Après, il ne suffit plus que de compacter l’ensemble et lui donner forme.

Faites-vous des ateliers de travail sur le sable ?

Oui, régulièrement. Pendant les vacances scolaires, j’organise des ateliers avec des enfants de l’École du Nord et d’autres écoles. Je leur montre les bases. Malheureusement, dans notre système éducatif, nous n’avons pas d’activités d’art sur sable. Il faut dire que la sculpture sur sable n’est pas très pratiquée à Maurice. À mon avis, la jeune génération n’en est pas très friande. Je suppose que je suis le seul et unique artiste à faire cela à Maurice.

À vous voir à l’œuvre, cela a l’air facile. Mais en réalité…

En fait, il faut être en très bonne santé et avoir de la force, mais aussi la capacité de rester au soleil pendant de longues heures. C’est un art qui est très physique et permet, en quelque sorte, de pratiquer du sport en même temps. À part cela, cela réclame aussi de la concentration et de la précision. En 15 ans, j’ai fait plus d’un millier de sculptures, mais ce sont les dernières qui sont les plus « sérieuses ». Elles plaisent beaucoup. Maintenant, j’ai beaucoup de followers à travers le monde entier.

Le souci, c’est que vos créations sont éphémères. Avez-vous des projets ?

Je souhaiterais participer à un concours international d’art sur sable. Mais les choses ne sont pas faciles. Lorsque vous envoyez votre candidature, elle n’est pas souvent prise en compte. Pourtant, je me sens prêt pour n’importe quel événement, parce que je peux le sentir. Mais les organisateurs compliquent les choses, et j’ai besoin de soutien. Vous savez, je fais la plupart de mes sculptures de mémoire, contrairement à mes débuts, où je faisais d’abord des croquis. Désormais, tout est dans ma tête et je peux transformer une parcelle de sable en tout ce que je souhaite. C’est quelque chose de phénoménal pour ceux qui sont capables de comprendre. Mes travaux ont d’ailleurs été publiés dans de nombreux médias depuis que j’ai commencé la sculpture sur sable.

Sculptez-vous sur d’autres matières ?

Oui, dans le bois et le ciment. D’ailleurs, quand je ne fais pas de sculptures de sable, je travaille à la maison sur différents matériaux. J’ai déjà vendu certaines sculptures.

Qu’avez-vous réalisé jusqu’ici ?

Jusqu’à présent, j’ai fait de nombreuses sculptures de sable dans différents hôtels aux quatre coins de l’île, comme au Dinarobin, à l’Outrigger, au Saint Géran, au Lux Grand-Baie, au Trou aux Biches, au Shanti Maurice, etc. Je suis très reconnaissant aussi envers les entreprises sud-africaines. Cela m’a permis de vivre des aventures palpitantes, comme de faire cinq sculptures en cinq jours et commencer à travailler dès minuit pour finir à 8h du matin, pour que leurs clients aient une surprise au petit-déjeuner. J’ai aussi fait quelques sculptures pour le ministère du Tourisme.

Où est situé votre atelier ?

Ma résidence est à Cap-Malheureux, où se trouve mon atelier. Ceux qui le veulent peuvent venir visiter. J’ai aussi des sculptures en bois qui sont exposées au « Beau Manguier », à Pereybère. Nous sommes deux sculpteurs à présenter nos œuvres dans cette galerie. Les visites se font sur rendez-vous.

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