Où sont passés les bottines en caoutchouc ; les imperméables et les K-way de toutes les couleurs ; les parapluies à l’effigie de nos héros de bande-dessinée ?
Enfants, nous nous rendions à l’école par temps de pluie, équipés ou non, mais prêts à braver la tempête. Pendant les heures de classe, nous devions tendre l’oreille pour entendre la maîtresse, car dehors la pluie cinglait les carreaux. A la récré, nous déjeunions sagement et au sec, sous les préaux. Certains téméraires s’aventuraient autour des « dalo », tandis que les plus craintifs comptaient fébrilement les secondes entre les éclairs et les coups de tonnerre. Lorsque sonnait la fin des cours, nous nous hâtions de rentrer à la maison, faisant parfois halte sous un abribus ou la devanture d’un magasin, quand une grosse averse nous surprenait. 
Nos enseignants prenaient soin de nous rappeler les consignes en cas d’orage ou de cyclone. Nos parents nous faisaient mille et une recommandations avant de nous laisser sortir sous la pluie. Etions-nous plus attentifs et obéissants à l’époque ? Je ne pourrais l’affirmer. Ne nous est-il pas tous arrivé de sauter dans les flaques d’eau à pieds joints, de jouer à éclabousser les copains, et même de danser sous la pluie? Au point de rentrer trempés jusqu’aux os et les vêtements tachés de boue? S’ensuivaient des remontrances et des punitions, mais l’aventure en valait la peine! Quitte à attraper froid et à manquer deux ou trois jours d’école. En général, il s’agissait d’un petit rhume, dont nous nous remettions rapidement, les tisanes de grand-mère aidant. Nos défenses immunitaires n’en ressortaient que renforcées.
Que de tendres souvenirs des jours de pluie, que nous n’aurons probablement pas en commun avec cette génération. Les temps ont changé. Aujourd’hui, les pluies font plus de dégâts, semble-t-il. Pour leur sécurité, on enferme les enfants entre quatre murs, et on les colle à des écrans. Bien naïf est celui qui croit que c’est à travers eux qu’ils apprendront les maths, les langues, les sciences… et la vie.