Des messieurs comme ces dames
Selon un pourcentage
Riaient, ricanaient
S’esclaffaient,
Tapant tables et ventres
Certains, trop fébriles, roupillaient
Pendant qu’un croque-mort
Battait la mesure
D’une musique dont lui seul
Avait les partitions
Il se hissait à la hauteur
D’un baryton
Qui plaçait ses notes
Selon une certaine fuhrer
Il avait de la peine à supporter
Des voix,
Qui pour lui étaient
Comme celle des sans-voix
Bien que leurs notes soient douces
Cela lui faisait mal
Il préférait la dés-symphonie
Il aimait le strident
Le criard lui allait bien
Et le temple devenait lugubre
Tiens ! d’autres disent qu’ils ont même vu
Voldemort
Ça y est le temple,
S’emplissent de vermines
De termites
Et des dernières sangsues
Ils en viennent d’une initiation
Dont le chat-rwa en possède l’élixir
Et qu’une fois initiés,
Les novices y ayant bu
Reçoivent des mains du maître et de sa reine
Leurs manteaux de confirmant
Ils apprennent et récitent
À longueur de journée
Cette litanie
‘J’ai tout le temps raison
Ce que je fais est bon
Le mensonge est vérité
L’humilité c’est pour les faibles
La conscience a son anti-chambre
Et dedans, j’y cultive l’ivraie
Je suis là où je suis
Parce que je le vaux bien
D’ailleurs, c’est vous qui m’y avez mis
Désolé, ce n’est pas moi
Mais c’est l’horloge qui manque de chiffres
C’est le calendrier qui manque des dates
C’est le temps qui manque d’heures’
On se charcute,
On se poignarde
On se trahit
On s’humilie
Les avortés savent qu’ils sont
Des avortons
Qu’ils sont morts
Zombifiés
Ils en pleurent
Ils en bavent
Il y a des petits et des grands
Des hiérarchies
Soit !
Mais dans le manuscrit sacré des chatwas
Tout ça n’est qu’illusion
Notre fond reste le marécage
Être menteur à notre compteur
N’est qu’une valeur
Qui n’a de jauge
Comme balance
Seul un chatwa-mètre
Peut en juger
Le peuple me dit je mens et je dis non
Puisque je suis dans la vérité de mon initiation
Le copinage nous fortifie la forteresse
C’est pour cela
Qu’à la tête des grandes entreprises du royaume
Nous avons mis les nôtres
Et c’est selon ce qu’il y a de plus légal
Soyez attentifs,
Vous comprendrez bien
Que nous ne mettons que des experts
La compétence est chez nous
Une vertu non mesurable
« N’est-il pas écrit
‘Aimez-vous les uns les autres’,
Dans notre règle d’initiation
C’est tout simplement
« Aimons-nous les uns, les nôtres »
Où avons-nous fauté ?
La traduction en créole
C’est tout simplement
Kot nou’nn fote ?
Vous parlez de catastrophes
Nous parlons de chatwastrophes
La différence est simple
Nous attendons le déclin complet
Et ensuite, nous agissons
C’est aussi simple que ça
D’ailleurs, c’est comme cela
Que nous pouvons analyser
L’ampleur des dégâts
Et surtout faire le compte
Pour la somme d’argent
Que nous devons y budgétiser
Puisque pour nous,
L’argent doit être utilisé avec justesse
Et non avec justice
Pour nous, les deux mots sonnent juste
Et nous n’avons pas l’impression
D’avoir été injustes
C’est cela qui compte
Parce qu’au lieu de drainer les finances
À tort comme à travers
Nous ferons la création des compagnies
Et les tunes, nous en redistribuerons
À ceux qui nous tiennent compagnie
Même si nous sommes de la même famille
Cela relève de l’économie
Et comme nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde
Vous nous parlez
D’ignominie
Nous, on veut du solide
D’ailleurs
En parlant du drainage de finances,
C’est en béton armé que l’argent sera reconverti
Comme cela on est sûrs
Que l’investissement est fossilisé
Il sera là devant vos yeux
Et ceux de vos arrière-petits-enfants
À qui les contrats sont alloués
Ce ne sont pas là vos ognons
En effet, nous vous offrons
Deux utilités pour le prix d’un
Primo des musées de béton
Et des inondations pour habiller
Les toiles
Comme c’est divertissant
Qu’on se fasse lynché et invectivé
C’est la règle du jeu
Et nous y jouons à volonté
D’ailleurs, nous envoyons
Ceux qui ne sont pas de notre souche
Comme frontliners pour promettre
Et disparaître,
Ce n’est jamais de notre faute
On ne cesse de vous le dire
On a mis plein d’armoiries
Pour faire le boulot
Si ce n’est pas fait
Faut aller les voir
Nous, nous sommes là
Pour venir à votre porte chaque cinq ans
Remarquer que ce n’est quand même pas beaucoup
Le temps d’une pension parlementaire
D’ailleurs, c’est légal et légitime
Vous n’avez aucune raison à être égoïste
Pour si peu
Puisqu’on a tout laissé pour cela
Je ne vénère que
Mon maître et ma maîtresse
Ce que vous jugez comme corruption
N’est qu’une interprétation étriquée
De ce que je dois à ma clique
Ce n’est qu’une contribution
Pour la survie de nos actions
C’est une façon de faire de la politique
Mais en circulaire
Ce que je fais gagner
Finit toujours par me revenir
Puisqu’ils me le rendent au centuple
À l’oraison des chatwas
Nous prions le veau d’or
Oserez prier autre chose
En cette période de pain de mie ?
En se basant sur le calendrier solaire
Où il est question
Des milliards d’années-lumière
D’un bond, on s’est mis à compter
À partir des milliards
Nous sommes pour la sécurité
D’ailleurs, la discrétion a pour nous
Une très grande valeur
C’est pour cela que nous utilisons
Le bien public
En nous ficelant des contrats
Qu’une fois contracté,
Les contractés sont ficelés
Selon les règles de la confidentialité
Inviolable
Seules certaines lois chez nous
Peuvent violer des lois
Dans la légalité
Pourquoi rendre des comptes
Pour ce qui ne nous appartient pas
On s’en sert,
C’est tout
Et on a eu votre feu vert pour le faire
Nous sommes un groupe qui travaille
Laissez-nous faire notre travail
Heureux nous,
Parce que nous voulons une société nouvelle
Au sommet des réunions officielles
Nous innovons
Plus besoin de rendre des comptes
Quels rapports avons-nous l’obligation
De soumettre pour des discussions
Ayant hypothéqué l’avenir du peuple ?
Ce que vous appelez hypothèque
N’est pour nous qu’un investissement
Qui nous revient
Et qui vous revient
D’ailleurs, prenez note,
S’il vous plait
Vous en conviendrez
Que c’est un pays qui depuis des lustres
À un problème de tuyau
Dans la distribution d’eau
Pour y remédier
Nous vous offrons des métros
Oserez-vous dire que sur le plan de la rime
On a encore fauté ?
Ne pas vous donner de l’eau
Bien sûr que ce n’est pas rigolo
Mais vous faire vivre le vertige du métro
C’est aussi vous hisser vers le haut
Nous avons toujours travaillé dans notre intérêt
Et notre intérêt,
C’est le vôtre parce que l’État c’est vous.
Tamarin le 26.01.22