Une ligne de crédit offerte par l’Inde, à hauteur de USD 300 millions, pour étendre le Metro Express de Réduit jusqu’à Côte-d’Or. La nouvelle, tombée le 15 août dans le cadre des célébrations de la fête nationale indienne, suscite de vives réactions. Et d’ailleurs, peut-il en être autrement, étant donné notre difficile contexte social et économique ? Avec le nombre grandissant de familles n’arrivant pas à joindre les deux bouts, devant sauter un, voire deux des trois repas quotidiens, donner du lait en poudre destiné aux adultes à des nourrissons et se contraindre, plusieurs nuits par semaine, à laisser ses enfants aller dormir le ventre vide : est-ce bien judicieux ? Est-ce vraiment raisonnable ? Étendre, dans l’immédiat, le parcours du métro, est-ce la plus grande priorité actuelle ?
Que l’on soit usager régulier de ce nouveau mode de transport dans notre paysage local, super-fan ou foncièrement contre, il convient de reconnaître que ce tram est venu soulager partiellement le calvaire de milliers de salariés quotidiennement. Le métro pour rallier Curepipe à Port-Louis, permettant par là même à une catégorie de citoyens employés se trouvant sur ce tracé, à ne pas se retrouver coincés des heures durant dans des autobus pleins à craquer, à grelotter ou à suer, qu’il pleuve des cordes ou que le soleil ait chauffé à blanc le véhicule : cette option est définitivement saluée. Tant que le but avoué est de décongestionner une circulation sur cet axe crucial, le projet de Metro Express est évidemment favorablement accueilli.
L’on n’est pas près d’oublier les dégâts causés pour laisser passer le tram sur le tracé agréé par le gouvernement de Pravind Jugnauth, contre celui élaboré par le régime Ramgoolam. Que ce soit la promenade Roland Armand, à Vandermeersh, à Rose-Hill, ou les majestueux cyprès de l’avenue Sivananda, à Vacoas, la nature a été contrainte de céder face à l’armada des machines, de la ferraille et du béton, qui ont envahi plusieurs parties du pays. N’occultons pas les innombrables problèmes causés par les fouilles, les aménagements de terrains, entre autres, également, auprès d’habitants ou ceux opérant des commerces. Doit-on encore assister, impuissants, pendant que le massacre continue ? L’immense générosité de l’Inde à l’égard de Maurice et nos excellentes relations ne doivent aucunement être pénalisées. Néanmoins, avoir un sens de priorités semble, à notre sens, très indiqué dans la conjoncture.
Toujours en matière de priorités et de choix, à quoi rime le jeu auquel s’adonne l’opposition parlementaire? Si c’est pour présenter un tableau d’une force dissolue, incapable d’agir comme des hommes ayant occupé des postes de pouvoir – Ramgoolam a été PM, Duval DPM, VPM, ministre des Finances et du Tourisme, des postes clés, et Bérenger est toujours apprécié pour son court mais mémorable passage dans le fauteuil de chef du gouvernement – c’est réussi ! Valeur du jour, tous ceux qui crient à ne pas soutenir les « dinosaures » de la scène politique voient leurs pires critiques et doutes s’avérer. Comment en est-on arrivé là ? Qu’est-ce qui pousse ces politiques rodés et aguerris à se comporter de cette manière, qui est loin de gagner la confiance de la masse ? Ne se rendent-ils donc pas compte qu’ils favorisent de la sorte le jeu d’un Pravind Jugnauth en campagne et sur le pied de guerre ? Et l’on s’étonne quand ce même adversaire politique ne rate pas une occasion de les chahuter, comme souligner que l’opposition parlementaire n’arrive même pas à organiser… une marche ?
Le momentum pour une réaction populaire face aux crises qui affectent gravement notre société est passé : c’est triste, mais c’est ainsi. Le Mauricien moyen a d’autres chats à fouetter que d’attendre, parce qu’il doit nourrir les siens. Il a besoin d’hommes politiques solides, fermes dans leurs décisions, avec un, voire plusieurs projets, à court, moyen et long termes. Des représentants du peuple qui les sortiront du marasme dans lequel le pays s’enfonce irrémédiablement tandis que la dette publique atteint des sommets vertigineux.
Le temps n’est pas aux tergiversations, mais à des actions concrètes et efficaces. Pour que stoppe la corruption, le népotisme et les gabegies de toutes sortes.
Husna Ramjanally